La professeure Dany Rondeau vient d’obtenir une subvention du Fonds de recherche Société et culture pour une programmation de recherche en équipe portant sur la notion de vulnérabilité et ses nouveaux usages en éthique.

Intitulé « Nouvelles configurations de la vulnérabilité en éthique : dialogue transdisciplinaire », le projet de la professeure Rondeau a reçu un appui financier de plus de 63 700 $ pour deux ans. Cette programmation de recherche impliquera également les professeurs Marie-Noëlle Albert, Michel Fortier, Bernard Gagnon, Jean-Philippe Gauthier, Bruno Leclerc, Diane Léger, André Mineau et Jeanne-Marie Rugira, de l’UQAR, et Naïma Hamrouni, de l’Université Laval.

Le concept de vulnérabilité a pris une place importante, au cours des 30 dernières années, dans les politiques sociales nationales et internationales, mais aussi en éthique. « L’idée centrale de l’immense littérature consacrée à la vulnérabilité est que la notion d’autonomie et les théories du choix rationnel ne suffisent plus au projet démocratique, car elles ne tiennent pas compte des facteurs qui limitent l’exercice de l’autonomie et du choix rationnel des citoyens », explique la professeure Rondeau.

Le concept de vulnérabilité est d’ailleurs au cœur des éthiques de la responsabilité lorsqu’il est question des êtres non autonomes et non responsables, comme l’environnement, les animaux, les générations futures ou les fœtus. « Il structure également plusieurs des réflexions en éthique du care, en théorie juridique féministe, en théorie politique du care et en éthique de l’environnement. Toutes ces théories font de la vulnérabilité un concept central en éthique », observe Mme Rondeau.

Or, une revue exhaustive de la littérature savante a montré que le recours au concept de vulnérabilité s’étend à d’autres domaines, poursuit la professeure Dany Rondeau. « La notion de vulnérabilité est de plus en plus présente dans les travaux en sciences de l’organisation, par exemple. On constate également que la documentation produite ne se limite pas à la littérature savante : l’UNESCO fait de la reconnaissance de la vulnérabilité humaine une condition du développement et du respect de l’autonomie, l’OCDE s’intéresse désormais à la vulnérabilité financière, le PNUD vise la réduction des vulnérabilités et dans le rapport du GIEC Climate change 2014 : Impacts, Adaptation, and Vulnerability, le terme « vulnérabilité » est utilisé 3218 fois tout au long de ses 1820 pages. »

Ainsi, le concept de vulnérabilité est repris par plusieurs organisations internationales qui jouent un rôle de premier plan dans divers programmes d’action et même de recherche. « Nous assistons donc, dans un nombre croissant de domaines, à une expansion de l’utilisation de la notion de vulnérabilité et à une diversification de ses usages. Certains d’entre eux attribuent à la notion de vulnérabilité une signification principalement descriptive qui renvoie à un fait anthropologique ou ontologique (pensons à la « vulnérabilité côtière », par exemple). D’autres lui confèrent une connotation axiologique et normative forte. C’est ce phénomène d’expansion et de diversité des usages donnant lieu à de nouvelles configurations que nous allons étudier, plus particulièrement ses implications théoriques et pratiques », conclut Mme Rondeau.