Postdoctorante en écophysiologie des organismes marins et des changements climatiques, Fanny Noisette a remporté un prix d’Excellence du Centre de la science de la biodiversité du Québec pour son projet « Déterminer la tolérance des stades larvaires du homard américain aux conditions futures d’acidification des océans » développé avec l’UQAR dans le Nouveau-Brunswick.

Dans le contexte du changement global, l’acidification des océans est un phénomène d’importance majeure susceptible d’affecter tous les organismes marins, et particulièrement les organismes calcifiants. « Dû à une augmentation sans précédent de la concentration en CO2 dans l’atmosphère puis dans les océans, ce phénomène se caractérise par une diminution du pH de l’eau de mer, et une modification de la chimie des carbonates. Il est prévu que pour la fin du siècle, le pH diminue de 0.1 à 0.3 unité pH, ce qui aura un impact sur la survie, le métabolisme, la croissance et la reproduction de nombreux organismes marins », explique Mme Noisette.

Ce phénomène d’acidification des océans, Fanny Noisette le connaît bien. Après avoir étudié ses impacts sur les algues calcaires et les mollusques atlantiques pendant sa thèse de doctorat réalisée à la Station biologique de Roscoff (France), elle a ensuite obtenu une bourse postdoctorale australienne pour étudier les effets du bas pH, de l’hydrodynamisme et de l’épiphytisme sur les kelps de Tasmanie. En janvier 2016, elle a rejoint l’équipe de physiologie évolutive marine du professeur Piero Calosi  en tant que boursière étrangère du FRQ-NT pour un court stage de recherche portant sur les réponses physiologiques et développementales des organismes marins aux changements globaux et, en particulier, l’acidification des océans.

À l’heure où l’acidification des océans représente une réelle pression pour certaines espèces conchylicoles comme les huîtres ou les moules, il est important de comprendre comment ce phénomène peut affecter des espèces d’intérêt commercial majeur pour le Québec, comme le homard américain. « Dans le cadre de mon postdoctorat, je développe un projet visant à étudier les effets de l’acidification des océans sur le développement des larves de homard américain, stades de vie réputés les plus sensibles, en collaboration avec la Station biologique du ministère de Pêche et Océans de Saint Andrews (SABS, Pêches et Océans Canada) et la OSBL Homarus Inc. au Nouveau-Brunswick. »

Le Centre de la science de la biodiversité du Québec (CSBQ) a décidé de soutenir ce projet et l’aspect novateur de ces recherches en décernant à Fanny Noisette un prix d’Excellence en avril dernier. Cette subvention de 1500 $ lui permettra mener des recherches dans le Nouveau-Brunswick pour vérifier si la diversité physiologique existante au sein des populations naturelles de homard est suffisante pour leur permettre de tolérer les conditions futures de pH induites par le phénomène d’acidification des océans.

La chercheuse profitera des infrastructures d’élevage larvaire présentes au SABS afin de se former à l’élevage des homards et pour quantifier les effets du pH sur le métabolisme, la survie et la croissance des larves en collaboration avec Kayla Menu Courey et Sarah Piedalue, dans le cadre du projet MEOPAR-ICAP sur l’effet de changement global sur la physiologie du homard américain mené par le professeur Calosi (UQAR), le Dr Dounia Daoud (Homarus), le Dr Kumiko Azetsu-Scott (MPO-BIOS, Halifax) et le Dr Tammy Blair (SABS).