L’attention médiatique est le plus souvent portée sur la pauvreté, la marginalisation et l’exclusion dans les grands centres urbains. Peu étudiés en dehors des villes, ces phénomènes sont au cœur des travaux d’un Collectif de recherche participative sur la pauvreté en milieu rural visant à soutenir les intervenants sociaux qui y œuvrent et à donner une voix aux personnes en situation de pauvreté qui y évoluent.

Constitué entre autres de trois professeurs du département de psychosociologie et travail social de l’UQAR, Lorraine Gaudreau, Jean-Yves Desgagnés et Lucie Gélineau, le Collectif a pour mission de co-produire des connaissances au carrefour des pratiques sociales, de la ruralité et de la pauvreté, en vue de contribuer au mieux-être des personnes et des collectivités rurales, particulièrement en Chaudière-Appalaches, dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie−Îles-de-la-Madeleine.

Le Collectif s’intéresse aux expertises et au vécu des personnes en situation de pauvreté, aux pratiques, aux projets et aux initiatives visant à combattre la pauvreté, ainsi qu’aux acteurs collectifs qui se mobilisent face à celle-ci, notamment ceux issus de la société civile, du réseau de la santé et des services sociaux, du milieu communautaire, du monde municipal et du secteur de l’éducation.

La recherche-action participative et les croisements de savoirs constituent les méthodologies de recherche privilégiées par le Collectif, et ce, dans une perspective de changement social. « Ce qu’on souhaite, c’est de soutenir par la recherche les efforts des milieux afin qu’il y ait moins d’inégalités sociales au Québec, non seulement en milieu urbain, mais aussi en milieu rural », précise le professeur Desgagnés.

Afin de documenter la problématique et de préciser sa mission et ses axes de programmation, plusieurs actions ont été menées par le Collectif à ce jour, dont des carrefours de savoirs, des études de cas, un forum citoyen, des colloques interdisciplinaires, intersectoriels et institutionnels, un bilan de connaissances et des séminaires de rédaction. Grâce, notamment, au fonds Desjardins, qui a offert près de 20 000 $, des activités de recherche, de réseautage, d’intégration d’étudiants, de rayonnement, de visibilité et de prise de parole des personnes exclues et marginalisées ont été et sont encore au rendez-vous.

« Nous souhaitons que les résultats de nos recherches et la synergie créée depuis la mise en place du Collectif puissent contribuer au pouvoir d’agir et à la reconnaissance des personnes et des collectivités rurales », indique la professeure Gélineau.

Outre donner une voix aux personnes en situation de pauvreté et à leurs expertises, le Collectif œuvre à mettre en place un réseau de partenaires. Ce réseau se compose d’un large spectre d’intervenants et d’autres acteurs sociaux. Au sein de l’UQAR, des liens ont été établis avec les sciences infirmières et le Groupe de recherche en santé sur les régions (GRESER) financé par le Fonds de recherche Société et culture (FRQ-SC). Aux plans local et régional, ceux-ci ont été développés avec les Groupes de réflexion et d’action contre la pauvreté (GRAP) Chaudière-Appalaches, des organismes communautaires, des établissements du réseau de la santé et des services sociaux. Au plan national, des collaborations ont été établies avec d’autres universités et équipes de recherche, ainsi qu’avec le réseau québécois Villes et villages en santé. Finalement, une collaboration internationale a pris forme avec le chercheur français Alexandre Pagès de l’Université de Franche Comté.

Ce réseau de partenaires a d’ailleurs contribué à l’obtention d’un financement de 200 000 $ des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), de même qu’à l’attribution de la direction d’un numéro spécial de la revue Nouvelles pratiques sociales (NPS) sur le thème de la « Pauvreté et de la Ruralité » à paraître en 2017.

Et le Collectif voit grand ! « On vise la mise en place d’une chaire de recherche afin de pouvoir poursuivre les projets de recherche et contribuer à réaliser à la fois la mission de l’UQAR et celle que notre Collectif s’est donnée. C’est, pour nous, rempli de sens ! », conclut la professeure Gaudreau.