Candidate au doctorat en océanographie à l’Institut des sciences de  la mer de Rimouski (ISMER) de l’UQAR, Marie Casse vient de  publier un article portant sur ses travaux de recherche dans la revue scientifique internationale BOREAS.

Marie Casse réalise une thèse sur la dynamique sédimentaire et océanographique dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent au cours des 8 000 dernières années, dirigée par le professeur Jean-Carlos Montero-Serrano et codirigée par le professeur Guillaume St-Onge. Elle vient de publier une partie de ses résultats de recherche dans un article intitulé “Influence of the Laurentide Ice Sheet and relative sea-level changes on sediment dynamics in the Estuary and Gulf of St. Lawrence since the last deglaciation” dans la revue BOREAS.

Elle explique dans cet article que l’étude de trois carottes sédimentaires prélevées dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent a permis de mettre en évidence l’évolution de la dynamique sédimentaire depuis la dernière déglaciation. « En se basant sur différents paramètres tels que les propriétés physiques et magnétiques, la taille des grains, la minéralogie et la géochimie des sédiments, deux régimes sédimentaires distincts ont pu être identifiés depuis l’entrée dans la période interglaciaire actuelle », précise Mlle Casse. À la fin de la déglaciation (10 000 à 8 500 ans cal. BP), la fonte de l’épaisse calotte de glace laurentidienne sur la Côte-Nord a provoquée d’importantes décharges d’eau de fonte, engendrant des vitesses de sédimentation extrêmement élevées au fond du chenal Laurentien !

Puis, de 8 500 ans à aujourd’hui, on peut clairement distinguer des sources sédimentaires détritiques différentes entre l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent. Au niveau du golfe, les sédiments viennent principalement de la chaîne des Appalaches, tandis que dans l’estuaire les sédiments proviennent majoritairement de la Côte-Nord. Cette différence s’explique en grande partie par les mouvements postglaciaires de la croûte continentale qui ont engendrés de fortes variations du niveau marin relatif. « Par exemple, il y a 8 000 ans, le niveau marin était 100 m plus haut qu’aujourd’hui dans l’estuaire, et -20 m plus bas dans le golfe. Pour se projeter dans le passé, il faut donc s’imaginer le système actuel de manière bien différente ! », considère-t-elle.  Cette différence explique aussi la raison pour laquelle les Iles-de-la-Madeleine subissent de la submersion aujourd’hui, alors que c’est le contraire pour l’estuaire.

« Depuis 10 000 ans, ces grandes variations océanographiques ont fortement modifié l’environnement qu’on connaît actuellement et l’affectent encore.Ces résultats fournissent d’importants indices pour améliorer notre compréhension sur l’évolution de l’érosion côtière en lien avec les variations du niveau marin dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent », conclut Mlle Casse. 

Enfin, il faut mentionner que les activités de recherche menées par les professeurs Jean-Carlos Montero-Serrano et Guillaume St-Onge dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent sont appuyées financièrement par le Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies (FRQNT) et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG).