L’UQAR a développé une belle notoriété en ce qui a trait à l’organisation des services de première ligne en région. Par le biais du Consortium InterEst Santé et de son Laboratoire de recherche sur la santé en région (LASER), l’Université contribue à développer les connaissances scientifiques en s’inspirant des réalités du réseau de soins et services de l’Est-du-Québec et à valoriser le transfert des savoirs expérientiels les plus efficients.

C’est en 2008 que l’idée de former un consortium a émergé et ce, à la suite d’un programme de recherche portant sur l’organisation des services de santé en région. Issu d’un partenariat entre l’Université du Québec à Rimouski, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et les Agences de la santé et des services sociaux du Bas-Saint-Laurent, de la Côte-Nord et de la Gaspésie – Îles-de-la-Madeleine, ce consortium novateur a été officiellement initié en 2011 afin de maximiser les efforts déployés par ces organisations pour adapter les modes d’organisation et les pratiques professionnelles dans le contexte de leurs régions dites éloignées.

L’étendue du territoire ainsi que la faible densité et la dispersion de la population sont des particularités de l’Est-du-Québec qui nécessitent une adaptation quant aux des soins de santé de première ligne. « Les services doivent y être organisés différemment que dans les grands centres urbains en raison de la dispersion de la population. En outre, il y a moins de personnel pour faire le travail. Donc, on doit privilégier la polyvalence plutôt que la spécialisation et cela amène une organisation de services qui se fait différemment », explique la professeure Hélène Sylvain, présidente du comité exécutif du Consortium. Tous nos travaux visent donc à développer des modèles de soins et services adaptés aux réalités locales et à favoriser leur transfert vers les milieux de pratiques.

Les projets du Consortium InterEst Santé se concentrent sur des problématiques identifiées par les acteurs de première ligne. « Ce sont eux qui interviennent directement auprès des individus et des communautés et sont les plus à même de voir les problèmes et d’imaginer des solutions » observe Josée Gauthier, coordonnatrice du Consortium. « Notre travail consiste simplement à les appuyer dans l’objectivation des problèmes, la recherche et l’élaboration de solutions novatrices, puis la mise en œuvre de ces dernières».

Les travaux en cours portent notamment sur des stratégies prometteuses pour le recrutement et la rétention des professionnels de la santé dans les régions éloignées, l’intégration des nouvelles infirmières praticiennes spécialisées en soins de première ligne en région et l’évaluation d’un modèle novateur de prestation déployé par le CSSS du Rocher-Percé afin d’améliorer la prévention et la gestion des maladies chroniques au sein des communautés rurales et éloignées.

« En ayant créé cette plateforme de courtage de connaissances, les cinq partenaires institutionnels du Consortium se sont donnés les moyens de développer des compétences en région pour améliorer les modes d’organisation et de pratique en première ligne au profit de la population de l’Est-du-Québec », souligne Josée Gauthier.

Laboratoire de recherche sur la santé en région

L’UQAR a lancé son Laboratoire de recherche sur la santé en région en 2010. Sous la direction de la professeure Hélène Sylvain, le LASER a identifié deux axes de recherche portant sur les populations vulnérables vivant en région et  l’organisation des services de santé de première ligne en région. Un troisième axe concernant le vieillissement de la population en région est en voie d’implantation. Les recherches menées par ce laboratoire se déroulent sur tout le territoire couvert par l’UQAR, soit les régions de Chaudière-Appalaches, du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine et de la Côte-Nord.

Le LASER a permis de développer une programmation de recherche soucieuse des besoins régionaux et de favoriser les partenariats avec des chercheurs, des cliniciens, des gestionnaires, des étudiants et des groupes communautaires de tout le territoire de l’UQAR. « En rapprochant la recherche universitaire du milieu, le LASER contribue à développer une véritable culture de partenariat de recherche en santé. La recherche, par et pour les régions, est au cœur de la mission du LASER », indique le vice-recteur à la formation et à la recherche, François Deschênes.

Plusieurs projets de recherche ont été menés par l’équipe du LASER au fil des ans. Parmi ceux-ci, soulignons l’évaluation des programmes Lévis en forme et Vers le pacifique, qui portaient respectivement sur les saines habitudes de vie et la gestion des conflits auprès des jeunes en milieu scolaire, le projet Inter-rhumato, qui consiste en une analyse de l’efficacité d’un modèle d’intervention interdisciplinaire en rhumatologie par rapport à une pratique traditionnelle, et le projet FAR, en association avec nos partenaires suisses du LASER, qui a étudié les facteurs d’attraction et de rétention des infirmières en gérontologie dans le Bas-St-Laurent et le Canton de Vaud. Un projet en cours actuellement porte sur la survivance au cancer en Chaudière-Appalaches.

Le LASER a également pour mandat de partager les connaissances en soins de santé. Depuis l’automne 2012, en association avec le Service de la formation continue de l’UQAR, des conférences populaires en santé sont offertes à la population au campus de Rimouski en partenariat avec le Centre d’expertise en santé de Sherbrooke (CESS), l’Agence de santé et de services sociaux du Bas St-Laurent, le Centre de santé et des services sociaux (CSSS) de Rimouski-Neigette, le CSSS de La Mitis et TELUS.

La première édition a porté sur la problématique du cancer et la seconde sur la douleur chronique. « Cette formule éprouvée vise à permettre aux personnes habitant l’Est-du-Québec de devenir proactives dans la prise en charge de leur santé, que ce soit pour elles ou pour leurs proches », note la professeure Hélène Sylvain. Autre véhicule de diffusion des connaissances dans le domaine de la santé, les midis de la recherche permettent d’assister à des conférences portant sur des projets des chercheurs du LASER.

L’implication de l’UQAR en matière de santé en région s’étend également aux différents établissements de santé de l’Est-du-Québec. Par le biais de stages, les futurs infirmières et travailleurs sociaux sont amenés à connaître les diverses réalités régionales sur le terrain. « On essaie de transférer les besoins des milieux cliniques dans notre enseignement pour que les étudiants aient cette coloration régionale dans leurs cours », précise la professeure Nicole Ouellet, directrice du Département des sciences infirmières.

Tant par son implication dans le Consortium InterEst Santé et que par les activités du LASER, l’UQAR est devenue un joueur clé en matière des soins de santé en région. « Nous sommes en train d’être reconnus comme un incontournable pour la santé en région », constate Hélène Sylvain. « La concertation entre le milieu universitaire et les milieux de pratiques se révèle un atout important pour l’amélioration des services de première ligne en région et, en bout de ligne, c’est la population qui en bénéficie », conclut la professeure de sciences infirmières.