Le Groupe de recherche Ethos a récemment participé, à l’Institut catholique de Yaoundé du Cameroun, à un premier séminaire de recherche portant sur l’approche québécoise en éthique appliquée.

 

Organisé par la professeure en éthique Dany Rondeau et le professeur Ernest-Marie Mbonda, de l’Université catholique d’Afrique centrale (UCAC), ce séminaire a réuni une soixantaine de participants le 25 avril dernier. Étudiants à la maîtrise et au doctorat, enseignants des universités camerounaises et de lycées ont pu parfaire leurs connaissances sur l’approche québécoise en éthique et discuter de textes de philosophes québécois.

Professeure associée de l’UCAC, Mme Rondeau se rend chaque printemps à Yaoundé pour donner des cours en éthique aux étudiants de philosophie de cet établissement camerounais. « En 2010, le professeur Mbonda et moi-même avons obtenu un financement de l’Agence universitaire de la francophonie pour développer le volet Éthique et politique du master en philosophie offert à l’UCAC », indique Mme Rondeau. « Comme nous aimerions que l’expertise s’implante localement, nous avons eu cette idée d’organiser un premier séminaire dont l’objectif était de mieux faire connaître l’approche québécoise en éthique appliquée ainsi que son ancrage dans la philosophie pragmatique contemporaine et, surtout, d’examiner avec les chercheurs camerounais si cette approche est transférable au contexte camerounais. »

La réponse des participants à ce séminaire a dépassé les attentes du Groupe de recherche Ethos. « Devant l’intérêt et les discussions suscités par cette journée de recherche et de réflexion, nous pensons poursuivre l’expérience l’an prochain en invitant, cette fois, des philosophes québécois dont les travaux occupent une place centrale en éthique appliquée au Québec et dans le monde francophone », mentionne Mme Rondeau.

Étudiante de la maîtrise en éthique, Virginie Beaudin-Houle a pris part à l’organisation du séminaire et a assisté à des cours à l’UCAC. « J’ai étudié l’approche québécoise en éthique appliquée au cours de ma maîtrise en éthique à l’UQAR et celle-ci m’a tant séduite que j’ai décidé de l’approfondir dans le cadre de mes recherches pour la rédaction de mon mémoire (Objection de conscience et éveilleurs de conscience : Un parachèvement de l’éthique comme mode de régulation des comportements ?). Être présente lors d’un séminaire se tenant au Cameroun, à l’Université Catholique d’Afrique Centrale, où l’approche qui me passionne tant était présentée pour une première fois à des collègues étudiants africains en philosophie, fut donc un immense privilège. »

Cette expérience internationale a été des plus profitables pour l’étudiante de l’UQAR. « J’étais tout ouïe face aux questionnements de mes collègues africains et leurs critiques par rapport à l’approche québécoise et j’ai énormément appris grâce à leurs interventions, leurs appréhensions et leurs interrogations. Il s’agissait d’une merveilleuse occasion de constater certaines forces et certaines faiblesses de cette approche de l’éthique appliquée qui s’enracine à Rimouski depuis plus de vingt ans et qui, à cette occasion unique, étendait ses rhizomes sur un autre continent. »

Virginie Beaudin-Houle souligne, par ailleurs, que cette expérience de trois semaines en Afrique lui a permis de mieux comprendre la culture camerounaise. « Assister à des cours de la faculté de philosophie de l’UCAC et côtoyer des étudiants de maîtrise sur un autre continent était, en soi, une formation extrêmement enrichissante tant au niveau intellectuel qu’au niveau humain. Les conditions de vie des Camerounais étant bien différentes des nôtres, et très souvent beaucoup plus difficiles, mon admiration pour les étudiants et les professeurs que j’ai rencontrés lors de ce séjour est immense. Une grande humilité s’impose à nous lorsque l’on vit parmi eux et que l’on constate l’ampleur de leur vaillance au quotidien et les espoirs qui les animent quant à l’avenir du Cameroun. »

L’UQAR et l’UCAC ont signé, en 2010, un protocole de coopération qui prévoit le développement d’un programme conjoint d’échanges concernant l’enseignement et la recherche en philosophie et en éthique. « Dans le cadre de cette entente, quatre étudiants camerounais ont effectué un stage de recherche en éthique à l’UQAR au cours des dernières années, mais aucun étudiant de l’UQAR n’était encore allé à Yaoundé. Virginie a été la première, mais d’autres étudiants ont déjà exprimé leur souhait de m’accompagner l’année prochaine », conclut la professeure Dany Rondeau.