Le syndrome des dysfonctions non verbales, un trouble d’apprentissage qui affecte notamment l’apprentissage des mathématiques et se manifeste sur le plan des interactions sociales, est peu connu du milieu scolaire et très peu documenté dans les ouvrages de référence. Étudiante à la maîtrise en éducation au campus de Lévis, Ariane Bélanger-Fortin fait l’étude de cas d’un élève qui apprend « différemment ».

Lors d’échanges verbaux entre deux personnes, la compréhension d’un message et nos réactions face à celui-ci sont facilitées par la prise en compte d’éléments dits non verbaux. Les expressions du visage, les regards, les gestes et la posture sont autant d’éléments que les élèves atteints du trouble d’apprentissage non verbal ont de la difficulté à décoder. « Ces enfants cherchent à apprendre de l’enseignant et à socialiser avec les autres enfants. Le fait qu’ils perdent une partie importante de la communication peut amener des conflits avec leurs pairs ou des difficultés au moment des apprentissages », explique Mme Bélanger-Fortin.

Ces difficultés associées à la perception visuelle entraînent des ennuis particuliers en mathématique, où le processus de création d’images mentales associés aux concepts implique des propriétés mathématiques. Comme l’apprentissage implique le décodage de graphiques, de symboles, de tableaux ou de dessins, on devine combien il est ardu pour les élèves ayant un trouble non verbal. Le projet de recherche d'Ariane Bélanger-Fortin est le tout premier du genre à se consacrer spécifiquement à l'activité mathématique d'un élève considéré comme ayant un trouble non verbal.

Les difficultés d’apprentissage sont aussi variées que les élèves sont différents les uns des autres. Pour cette raison, la chercheuse suit, durant quelques mois, un élève du premier cycle de l’enseignement secondaire. Elle porte particulièrement attention à son comportement, seul ou en équipe, lors de la résolution de problèmes mathématiques. « C'est en étudiant la façon dont l’élève interagit avec son camarade, en évaluant à quel point il tient compte de ses propos et comment il utilise l’aide d’un autre que des pistes pour mieux intervenir pourront être dégagées. À l’étape où nous en sommes, nous cherchons à mieux comprendre l’expérience mathématique de cet élève et plus précisément, comment il réussit à établir des relations conceptuelles », poursuit Mme Bélanger-Fortin.

« Déjà, les premières observations révèlent que la verbalisation encouragée tout au long du processus de résolution d’un problème semble aider les élèves concernés à résoudre les problèmes mathématiques. Par exemple, l’élève qui mentionne à voix haute qu’il doit calculer une chose puis en diviser une autre paraît moins égaré dans sa résolution », souligne-t-elle.

Ce projet de recherche est réalisé à la demande d’enseignants et d’orthopédagogues du Collège des Compagnons. Réalisée sous la direction de la professeure spécialiste de la didactique des mathématiques, Mélanie Tremblay, cette recherche vise, à plus long terme, à dégager des pistes d’intervention pour l’enseignement des mathématiques. Les premiers résultats de la recherche devraient être disponibles dès l’été 2013.