Inscrite au baccalauréat en lettres et création littéraire à l’UQAR depuis l’automne dernier, Mélitza Charest a eu plusieurs vies, entre Matane et Montréal. C’est après de nombreux et nécessaires détours que la jeune femme de 35 ans, maintenant mère de deux enfants, a choisi de revenir dans le Bas du Fleuve. Une décision qui semble vouloir à la fois fleurir et s’enraciner, comme elle le souligne : « Un des gros points forts de l’UQAR, c’est toute sa souplesse, par la reconnaissance des acquis, mais aussi par les cours d’été en tutorat qu’on m’offre pour me permettre d’avancer rapidement. »

Pendant plusieurs années, celle qui se dit être « une crevette dans l’âme » a oscillé entre l’humour, le théâtre, les lettres et le cinéma. Mélitza a exploré le travail de la caméra sous tous ses angles, que ce soit par le biais du concours Vidéastes recherchés pour lequel elle a été finaliste, la télévision où elle a passé par plusieurs grandes chaînes québécoises, et même le milieu des affaires. De 2009 à 2012, la cinéaste a mis sur pied et développé Mémo-Art, une coopérative de travail à but non lucratif qui a réalisé des portraits filmés de particuliers, au profit d’une œuvre caritative qui permettait à des enfants de milieux défavorisés de suivre des cours d’art.

Mélitza a par ailleurs déjà étudié à l’UQAR en 2001, pour faire un certificat en français écrit qui répondait à sa passion pour la linguistique et les philosophies du langage. C’est donc au Bas-Saint-Laurent qu’elle a voulu revenir à l’automne 2012, cette fois-ci dans le but de compléter un baccalauréat : « S’il y a une place où je peux faire un baccalauréat, c’est à Rimouski. Parce qu’ici, c’est humain, les profs nous aiment, notre succès leur tient à cœur… Ça prend un prof qui m’aime pour que j’écoute », explique-t-elle d’un sourire.

L’accent mis sur la création dans le nouveau programme littéraire l’intéresse particulièrement. La grande idéaliste a d’ailleurs un projet de roman à boucler, après neuf ans d’écriture « à temps perdu ». Avec les nombreuses conférences et activités proposées par les professeurs et les étudiants en lettres, l’intuition de Mélitza s’est confirmée : « Je veux me faire des contacts dans le milieu des lettres, et connaître ce qui se fait maintenant en littérature, pour savoir où je me situe moi-même ».

Différents ateliers d’écriture permettent à l’étudiante de saisir sa voix et de bien rendre ce qu’elle veut coucher sur papier : « Je viens d’un milieu défavorisé, et ce que j’ai vu dans ma vie, je voulais le dire, montrer ce qu’est l’injustice et la misère. L’université nous offre une structure pour faire les bons choix et pour mieux créer, parce que la création en nous, elle est brute. »

Dans le tourbillon de ses études, de ses nombreuses implications culturelles et de sa vie familiale, Mélitza est comme un poisson dans l’eau : « Aux études à temps plein, on a une effervescence, une force de réflexion, une profondeur. Ça m’a changée et ça n’a pas de prix pour moi. Je veux mordre dans la vie plus que jamais, parce que je sais à quel point les années d’études passent vite et à quel point on s’en souvient avec tendresse quand on travaille », affirme-t-elle en riant. Pour Mélitza Charest, l’intensité demeure, la plupart du temps, une source d’inspiration sans fin.