Évelyne Deprêtre vient de déposer son mémoire à la maîtrise en lettres de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Son projet de recherche n’a rien de commun : il s’agit d’un récit de voyage.

Évelyne, pourquoi proposer un récit de voyage au lieu d’un mémoire de recherche traditionnel?
J’ai d’abord rencontré la professeure Catherine Broué dans le cadre d’un cours de littérature de premier cycle à l’UQAR. Celle-ci m’a incitée à poursuivre mes études à la maîtrise en lettres. Puis, en 2007, j’ai fait un voyage de développement international en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Au cours de mon périple, j’ai écrit mon expérience, mais je voulais transformer mes écrits en un ouvrage pour une éventuelle publication. De retour au Québec, j’ai donc entamé une maîtrise en lettres en recherche-création. Ce cheminement permet d’arrimer la création littéraire, enseignée notamment lors de cours de création, à la recherche théorique. La professeure Catherine Broué, spécialiste du récit de voyage, est devenue ma directrice de recherche.

L’objectif de mon mémoire est de comprendre ce qui fait la spécificité d’un récit de voyage. Ainsi, j’effectue un parcours historique des récits de voyage de l’Antiquité à nos jours pour identifier quelles sont les constantes du genre à travers les siècles et je cherche à poser une définition du récit de voyage. Cette partie théorique me permet de poser les balises de ma création littéraire. Au cours des deux années de lecture, de réflexion et d’analyse, j’ai développé ma propre définition d’un récit de voyage.

En quoi consiste ton récit de voyage ?
Ma recherche m’a donné l’occasion de lire énormément, de réfléchir et d’analyser mon objet. Elle m’a permis d’établir un cadre de réflexion théorique afin de donner une assise à ma création. Avec l’aide des écrits de théoriciens, j’ai identifié six axes principaux du récit de voyage :

1. Le récit doit raconter un voyage.

2. Il est raconté par un auteur-narrateur-voyageur.

3. La narration comprend notamment des descriptions et des commentaires.

4. La narration s’adresse à un lecteur implicite et ce lecteur a une incidence sur la narration.

5. La narration porte sur ce que l’on rencontre : le pays, le paysage, les gens rencontrés, etc.

6. La chronologie du récit suit les étapes géographiques du voyage.

Faut-il respecter ses six axes à l’étape de la création ? Bien sûr que non ! La création, c’est justement s’éloigner des balises et des règles !

Une fois la maîtrise terminée, quels sont vos plans ?
Je suis déjà en train de préparer mon projet de doctorat en cotutelle avec la Belgique, mon pays d’origine. Sous la supervision de mon codirecteur, Louis Hébert, je vais étudier l’adaptation du roman graphique (branche de la bande dessinée) en œuvre cinématographique d’animation. Les questions qui me préoccupent sont par exemple : quelles séquences sont conservées ? Lesquelles sont coupées au montage ? Lesquelles sont transformées ? Comment y ajoute-t-on l’interprétation du texte et le mouvement des personnages ? Etc.

À ce stade de ma recherche, j’entends concentrer mon projet de recherche sur la série de bandes dessinées à caractère autobiographique Persepolis, de l’auteure française d’origine iranienne Marjane Satrapi. Je souhaite en analyser les liens qui existent entre le texte et l’image, mais aussi leur adaptation en cinéma d’animation. La preuve que l’on peut emprunter de nombreuses avenues en étudiant en lettres !

Qu’est-ce que vous avez apprécié le plus au cours de vos études à l’UQAR ?
La dimension humaine de l’Université, sans aucun doute. De plus, les étudiants jouissent d’un encadrement exceptionnel des professeurs.

J’ai eu la chance de travailler à titre de chargée de cours dès mon deuxième trimestre. J’ai effectué des recherches sous la supervision de plusieurs professeurs, que ce soit dans le domaine de la pédagogie, de la révision linguistique ou de la recherche littéraire. J’ai participé à plusieurs colloques et conférences. J’ai même obtenu une bourse d’excellence pour effectuer mon projet de recherche de maîtrise.

À l’UQAR, j’ai trouvé un environnement d’études stimulant où les professeurs m’ont donné ma chance.