Pour sa troisième édition tenue du 18 au 24 août, la session intensive de l’Université d’été en patrimoine s’est déroulée dans la Baie-des-Chaleurs. Le groupe d’étudiants, dirigé par le professeur d’histoire Jean-René Thuot, s’est lancé à la découverte des objets patrimoniaux des différentes communautés culturelles qui cohabitent le long du littoral dans un espace relativement restreint.
Au terme de leur périple concentré dans l’axe Pointe-à la Croix/Paspébiac, ils auront parcouru plus de 1000 km en une semaine, vu des dizaines d’objets patrimoniaux, reconnus ou en devenir, et rencontré de nombreux acteurs institutionnels, associatifs et académiques du milieu patrimonial, embrassant ainsi l’objet patrimonial aussi bien du point de vue pratique que théorique. L’entreprise a bénéficié pour une troisième année consécutive du soutien logistique de la chargée de projet Amélie Brière, étudiante à la maîtrise en histoire à l’UQAR.
Cette activité d’enseignement, financée par le projet PatER (Patrimoine, Enseignement, Recherche), vise à développer chez les étudiants une réflexion critique sur les multiples facettes du patrimoine, en plus de les outiller pour la recherche. Dans l’esprit des précédentes éditions, les étudiants qui ont participé à cette session intensive gaspésienne ont pu apprécier les procédés par lesquels le patrimoine prend forme, la frontière des notions de mémoire, d’héritage, de culture et évidemment de patrimoine. La formidable mosaïque culturelle présente dans la Baie-des-Chaleurs offrait cette année une occasion unique de réfléchir sur la cohabitation et le métissage des cultures et sur la genèse des processus de patrimonialisation dans un tel contexte.
Les paysages, immortalisés par les cartes postales qui ont participé à cristalliser les représentations de la Gaspésie, constituaient le point de départ de la réflexion. Peut-on aller au-delà des cartes postales, au-delà des objets patrimoniaux qui s’offrent à nos yeux? Au terme du voyage, les mémoires de tous les groupes ethnolinguistiques ayant foulé le sol gaspésien ont ainsi été abordées. Celle des Amérindiens, avec une plénière animée par la professeure Danielle E. Cyr, co-auteure d’un dictionnaire micmac-anglais; celle des Acadiens, à travers notamment les fouilles archéologiques autour de la Petite-Rochelle et le Musée de Bonaventure; celle des Anglo-jersiais et des Britanniques, portées à la fois par le Village gaspésien de l’héritage britannique, le personnage de Charles Robin et le circuit patrimonial de New-Carlisle; celle des colonisateurs de la dernière vague, évoquée notamment par l’héritage controversé des villages fermés par le BAEQ lors d’une visite de terrain avec l’historien Jean-Marie Thibeault; et enfin celle plus insaisissable et métissée des anciens habitants avec le conteur Fernand Alain, qui a constitué un répertoire du patrimoine linguistique du secteur de Paspébiac.
Les étudiants ont pu associer à ces objets les discours des acteurs-clés des milieux culturels gaspésiens, en plus de bénéficier des récits de plusieurs générations d’historiens de la région, de Mario Mimeault à Pascal Alain. Le passage à New-Carlisle s’est imposé comme un point de bascule dans la semaine : la curieuse trajectoire du Manoir Hamilton et les tractations autour de la maison d’enfance de René Lévesque ont suscité de nombreux débats et réactions. Par ailleurs, le groupe a pu prendre la mesure du territoire en constituant un portfolio, en procédant à un commentaire de paysage (atelier avec Manon Savard) et en s’exerçant au relevé en plan (atelier avec Nicolas Beaudry), autant d’outils utiles à la documentation de futurs objets de recherche.
La journée du vendredi a été consacrée à la collecte de données en lien avec les projets de recherche qui seront menés à l’automne par les étudiants. Ces projets portent tous sur des objets de mémoire de la Baie-des-Chaleurs. Le village fermé de Saint-Louis-de-Gonzague (patrimoine de la colonisation), le personnage de René Lévesque (personnage historique), la communauté micmacque de Gesgapegiag (patrimoine territorial et immatériel), le Manoir Hamilton de New-Carlisle (patrimoine architectural) et le Mont Saint-Joseph de Carleton (patrimoine paysager) feront ainsi l’objet d’une attention particulière.
Ces projets sont tous voués à connaître de belles suites, notamment dans le cadre du colloque étudiant Kaléidoscope qui se tiendra en février prochain. Le programme complet de la session intensive se retrouve sur le site web de l’UEP à l’adresse suivante : http://patrimoine.uqar.ca/UEP/accueil.php?id=301
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