Pour sa quatrième édition tenue du 17 au 22 août dernier, la session intensive de l’Université d’été en patrimoine (UEP) s’est tenue au Témiscouata. Dirigé par le professeur d’histoire et responsable pédagogique de l’UEP Jean-René Thuot, le groupe d’étudiants s’est lancé à la découverte d’un territoire qui s’est révélé très riche pour réfléchir sur les divers types de patrimoine.
L’équipe de l’Université d’été en patrimoine s’était donné pour ambition de parcourir non seulement l’immense territoire du Témiscouata, mais aussi ses régions frontalières – notamment le Nouveau-Brunswick. Dans une région mal connue qui n’est réputée ni pour la richesse de son patrimoine bâti, ni pour la mise en valeur de son héritage identitaire, les étudiants ont découvert une grande diversité d’objets de mémoire. La semaine a en effet permis de visiter des sites et des objets patrimoniaux, de rencontrer des personnes-ressources qui œuvrent dans le champ culturel et patrimonial, de bénéficier du regard de spécialistes disciplinaires sur le concept de patrimoine et enfin de développer des compétences pratiques. Pour une quatrième année consécutive, l’entreprise a bénéficié du soutien logistique de la chargée de projet Amélie Brière.
Cette activité d’enseignement, appuyée par le projet PatER (Patrimoine, Enseignement, Recherche), vise à développer chez les étudiants une réflexion critique sur les multiples facettes du patrimoine, en les initiant du même coup aux diverses techniques d’enquête en sciences humaines. Tout au long de la session intensive, le groupe est amené à réfléchir aux processus par l’entremise desquels le patrimoine prend forme, en plaçant les notions de mémoire, d’identité et de culture au cœur des réflexions. Le Témiscouata, terre périphérique de transition, offrait en soi un objet difficile à appréhender, en vertu notamment des interactions avec les états voisins du Maine et du Nouveau-Brunswick, mais également des multiples transformations qu’a subi son territoire. La définition des identités des populations frontalières a ainsi représenté un casse-tête tout au long de la semaine, les simples désignations de Canadiens, de Québécois ou d’Acadiens ne suffisant pas à rendre compte de la complexité culturelle.
Structurée autour du thème de la frontière, comme prisme participant à déterminer les identités – et à terme le patrimoine –, cette session intensive 2014 aura rempli ses promesses. Le parcours initiatique a été calqué sur les éléments-phares de l’offre patrimoniale de la région, à savoir le circuit des frontières, le circuit des paysages, le parc national de Lac-Témiscouata et l’Acadie. Ces objets de mémoire ont permis parallèlement d’interpeller les héritages autour desquels s’organisent la mémoire des populations locales, tel la forêt, mais aussi de mettre en relief les angles morts des processus de mise en valeur. Ainsi, les questions du patrimoine autochtone, du patrimoine de la colonisation ou encore de l’héritage laissé par le Bureau d’aménagement de l’Est du Québec ont été abordées. Les étudiants ont entre autres eu la chance d’atteindre, en canot, des sites archéologiques inédits avec l’archéologue Patrick Eid sur les rives de la rivière Touladi; ils ont également interrogé les paysages en compagnie de l’aménagiste Chantal Prud’homme, du stagiaire postdoctoral Mathieu Dormaels et des géographes Guillaume Marie et Manon Savard; transportés par l’historienne Nicole Lang, les étudiants ont aussi cerné les limites de la mémoire acadienne d’un pays méconnu, le Madawaska; ils ont enfin pu découvrir le site d’un ancien village déplacé avec Pierre Mariage et Réjean Deschênes à Saint-Elzéar-du-Témiscouata.
La semaine a été rythmée par une démarche d’inventaires d’objets et de sites pour la base de données PatER, à laquelle les étudiants ont été associés de près. Ces objets évoquaient à la fois le patrimoine agricole, religieux, de la colonisation et industriel. À partir des inventaires effectués, le groupe d’étudiants s’est du même coup familiarisé avec les rudiments de la géolocalisation en manipulant un GPS (Global Positioning System), avec la prise de mesures techniques, la classification des objets en fonction d’une grille de critères, la lecture de documents cartographiques et iconographiques, l’ébauche de croquis et enfin la collecte d’informations auprès de citoyens sur le terrain.
Les étudiants poursuivent cet automne leur réflexion sur la nature du patrimoine témiscouatain, dans le cadre de projets de recherches individuels supervisés par le responsable pédagogique. Ces projets seront présentés lors du colloque étudiant Kaléidoscope qui se tiendra en février prochain. La programmation complète de la session intensive se trouve sur le site web de l’UEP à l’adresse suivante : http://patrimoine.uqar.ca/UEP/
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