Le réputé sculpteur Roger Langevin vient de tirer sa révérence du monde de l’éducation. Professeur en sciences de l’éducation depuis 20 ans, il a donné son dernier cours en décembre dernier. Bilan de la carrière d’un artiste singulier qui fait rayonner la sculpture monumentale.
Diplômé en sculpture et en pédagogie artistique de l’École des Beaux-Arts de Montréal (1963), où il a croisé le chemin d’Irène Sénéchal, Roger Langevin a enseigné les arts plastiques pendant une dizaine d’années dans des écoles secondaires de Mont-Laurier de même qu’en France, au Collège Paul Riquet, à Bézier. Puis, en 1974, il a fait le choix de se consacrer entièrement à la sculpture. Une aventure qui a duré 17 ans. « Après 12 ans d’enseignement, j’ai décidé de quitter la sécurité, alors que j’avais quatre enfants. J’avais une passion pas ordinaire pour la sculpture. Je ne l’ai jamais perdue. »
C’est à titre de professeur invité que Roger Langevin s’est joint à l’UQAR au début des années 1990, et ce, à l’initiative du professeur Luc-Bernard Duquette. En 1994, il était nommé professeur d’art à l’UQAR. M. Langevin revenait d’une année d’études doctorales à l’Université de Provence qui lui a permis d’obtenir un diplôme d’études approfondies en lettres et arts (DEA), sous la direction du professeur Jean Arrouye.
Son mémoire a d’ailleurs été publié sous le titre Une vie pour sculpter, en 2011. « Je voulais faire un mémoire de DEA sur Giacometti, mais M. Arrouye, mon maître, m’a dit : « Écoutez M. Langevin, tout a été dit sur Giacometti. Ce qui serait intéressant de savoir, ce sont vos sources de création, comment vous avez fait pour vivre pendant 17 ans de la sculpture au Québec, quelles sont vos techniques, comment faites-vous votre marketing… Une thèse est un don, et elle doit être utile. » J’ai donc écrit ce mémoire à l’attention des artistes. »
De l’art public
Au cours de son passage à l’Université du Québec à Rimouski, Roger Langevin a créé plusieurs sculptures monumentales que côtoient aujourd’hui les Rimouskois dans leur quotidien. Le Trimural du Millénaire est d’ailleurs une œuvre collective marquante pour le professeur de l’UQAR. « Il s’agit d’une belle expérience pédagogique qui a donné une œuvre unique au monde. » Pas moins de 127 personnes ont travaillé à cette œuvre.
Roger Langevin est également à l’origine du parc de sculptures monumentales érigé au parc Beauséjour de Rimouski. La dizaine de sculptures que comptera le parc forme un tout dont le thème est la relation humaine. Chacune des sculptures en aborde des facettes différentes.
On retrouve, par ailleurs, des sculptures monumentales du professeur Langevin dans plusieurs pays, dont l’Égypte, le Mexique, la Côte d’Ivoire et bien sûr au Canada et dans diverses villes du Québec. Tout au long de sa carrière artistique, il a peaufiné sa technique et développé un style qui lui est propre. « Contrairement à d’autres artistes, je n’ai jamais été avare des connaissances que j’ai acquises au cours des 40 dernières années. Moi, j’ai toujours eu du plaisir à transmettre mes procédés ou mes techniques », souligne le sculpteur de 75 ans.
Au cours de sa carrière à l’UQAR, Roger Langevin a été nommé au Cercle d’excellence de l’Université du Québec et a reçu la Distinction Alcide-C.-Horth. « J’ai eu de très belles années à l’UQAR, des années qui sont intimement liées à mon travail de sculpteur. Le contact avec mes étudiantes et mes étudiants a toujours été très chaleureux. Peut-être que mes 20 ans d’enseignement ont été plus utiles que mon travail de sculpteur… Tout ce que j’ai appris comme enseignant me vient de Mme Sénéchal. Ce qu’elle m’a appris, je l’ai transmis à d’autres. La vie est une course à relais. »
S’il est retraité de l’enseignement universitaire, Roger Langevin n’a pas pour autant remisé ses outils de sculpteur. Bien au contraire. « Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’un retour à la liberté totale, comme lorsque j’ai fait de la sculpture pendant 17 ans. Je vais poursuivre ma carrière en sculpture monumentale – je suis en train de faire la septième sculpture pour le parc Beauséjour. Les projets ne me manquent pas », conclut le sculpteur rimouskois.
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