Une équipe de chercheurs, dont fait partie le professeur Réjean Tremblay, de l’UQAR-ISMER, vient de faire paraître une recherche dans la prestigieuse revue Global Change Biology qui fait la lumière sur l’impact des changements climatiques sur l’aquaculture dans l’Est du Canada au cours des quinze prochaines années.
La culture des moules et des huîtres représente une industrie de plusieurs dizaines de millions de dollars dans l’Est du Canada. Plus de 70 % des moules vendues à Amérique du Nord proviennent de l’île du Prince Édouard. Ces bivalves sont produits majoritairement dans des baies protégées – celles-ci étant plus chaudes en été, ce qui favorise leur croissance.
Dans le contexte des changements climatiques, une équipe de Pêches et Océans Canada de Moncton, dirigée par les docteurs Luc Comeau et Thomas Guyondet, et les professeurs Ramòn Filgueira, de l’Université de Dalhousie, et Réjean Tremblay, de l’UQAR-ISMER, a réalisé une importante étude sur la résilience des élevages de moules et des huîtres aux conditions climatiques prédites d’ici 2030.
Pas moins de 336 scénarios possibles ont été testés par les chercheurs dans cette recherche publiée dans la revue Global Change Biology. « La hausse de température prédite pour le Golfe du Saint-Laurent sera le facteur ayant l’impact le plus important », explique le professeur Tremblay. « L’effet sera négatif pour la moule dont la croissance sera ralentie et qui risque d’être sujette à des mortalités estivales massives. Pour les huîtres dont la tolérance thermique supérieure est plus importante, leur élevage sera au contraire favorisé dans les systèmes côtiers protégés. »
Les modélisations prédisent en outre que les baies ayant des arrivées d’eau douce plus importantes et un échange avec la mer plus grand seront plus résilientes aux contraintes des changements climatiques. « Ces modèles suggèrent donc un potentiel de croissance pour l’industrie de l’élevage de l’huître dans l’Est du Canada, alors que les éleveurs de moules devront trouver des sites plus froids. Une alternative pourrait être l’élevage en pleine mer, qui est déjà pratiqué aux Iles-de-la-Madeleine. Toutefois, ces modèles n’incluent pas le potentiel de développement de lignées de moule plus résistantes aux chaudes températures, ces informations n’étant pas disponibles dans la littérature », mentionne Réjean Tremblay.
Cette recherche sur l’impact des changements climatiques sur l’aquaculture a été réalisée grâce à une approche de modélisation couplant la capacité physiologique des moules et des huîtres avec les conditions hydrodynamiques et biogéochimiques. Les chercheurs ont ainsi pu explorer l’effet des facteurs environnementaux, comme la géomorphologie de la baie, les arrivées d’eau douce, le niveau de l’eau, la température et les précipitations, et de l’aquaculture (espèce et biomasse) sur le fonctionnement de l’écosystème.
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