Le bruit généré par le trafic maritime a un impact direct sur le développement des larves de bivalves. Une recherche menée à Saint-Pierre-et-Miquelon par une équipe de l’Institut des sciences de la mer de l’UQAR et du Muséum national d’Histoire naturelle montre que ce stress acoustique nuit au développement d’invertébrés marin, comme le pétoncle géant et la moule bleue.
Contrairement aux mammifères marins et aux poissons, il y a encore peu de recherches consacrées aux impacts acoustiques liés au transport maritime sur les invertébrés marins. « En plus de leur rôle écologique, certaines espèces sont largement exploitées et présentent un intérêt commercial marqué pour la pêche et l’aquaculture. Nos travaux visent à apporter un nouvel éclairage pour favoriser une cohabitation durable entre les activités de pêche et le transport maritime », explique le professeur Réjean Tremblay, de l’ISMER-UQAR.
Le stress généré par le bruit des navires est susceptible de déséquilibrer les écosystèmes côtiers, poursuit le spécialiste en aquaculture. « Le transport maritime est appelé à se développer fortement dans les prochaines décennies avec l’ouverture de nouvelles voies de navigation en Arctique et le développement des ports. Il est donc important de définir les impacts de celui-ci, et pas seulement sur le plan biologique, mais également sur les plans économique et légal. »
Le pétoncle géant et la moule bleue sont deux espèces particulièrement prisées par les consommatrices et les consommateurs. Afin de vérifier l’impact du transport maritime sur leur développement, l’équipe de l’ISMER et du Muséum national d’Histoire naturelle ont réalisé une recherche au port de Saint-Pierre-et-Miquelon. « Nos travaux démontrent que le bruit du trafic maritime modifie la capacité des larves de bivalves à identifier un site propice pour se fixer, à se métamorphoser et à débuter leur vie sur les fonds marins. Elles se retrouvent ainsi en plus grand nombre sur des sites inappropriés pour assurer leur survie aux stades juvéniles. », indique le professeur Tremblay.
Cela dit, les aquaculteurs peuvent utiliser des collecteurs artificiels de juvéniles pour tirer profit de la situation. « En se fixant plus tôt sur les collecteurs en présence de son, l’abondance et la croissance des jeunes juvéniles sont accrues de résultats en des gains financiers de près de 15 % », mentionne le professeur Tremblay. « Toutefois, lorsque combiné aux polluants présents dans les ports industriels, l’effet du bruit devient négatif par un effet des polluants sur le développement agissant défavorablement sur la réponse inflammatoire des larves et leur développement du système nerveux. Ils en résultent un succès de recrutement nettement plus faible. »
Cette recherche a été menée par le professeur Réjean Tremblay (ISMER-UQAR) et le professeur Frédéric Olivier du Muséum national d’Histoire naturelle.
Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca