Des membres du Laboratoire international associé BeBEST, qui regroupe des chercheurs de l’UQAR, de l’ISMER et du CNRS, en France, viennent de publier dans le journal Scientifc Report de la revue Nature un article démontrant que les sons émis par le moteur des bateaux modifient le comportement des larves des moules que l’on retrouve sur les côtes du Saint-Laurent.
Les moules comme plus de 70% des invertébrés marins ont plusieurs stades larvaires qui vivent librement dans la colonne d’eau. Au dernier stade – stade que l’on dit compétent –, les larves développent un pied pour explorer les substrats benthiques et produire des filaments de byssus afin de s’y fixer et se métamorphoser en leur forme adulte.
« Au moment du stade de compétence, elles ont la possibilité de retarder leur métamorphose de plusieurs jours ou semaines. Toutefois, ces mécanismes agissant sur ces comportements de fixation demeurent encore aujourd’hui mal connus », indique le professeur Réjean Tremblay. « Dans ces travaux, les larves compétentes de moules ont été soumises à la même intensité qu’un son de bateau utilisé pour l’aquaculture. Ce traitement a permis une augmentation de la fixation de près de 70%. »
Les mécanismes agissant sur les facteurs stimulant la fixation, qui sont à la base du recrutement des espèces benthiques, sont étudiés depuis plusieurs années. Entre autres, il a été démontré dans cette même étude que la qualité de la nourriture influence positivement la fixation des moules, mais à des niveaux beaucoup plus faibles que l’effet du bruit.
« Il apparait donc que le facteur bruit pourrait avoir un impact majeur et insoupçonné qui pourrait modifier toutes les connaissances actuelles sur le recrutement des invertébrés de la zone benthique. Depuis les 50 dernières années, les sons de basses fréquences générés par l’activité humaine sont accrus de plus de 32 fois dans certaines parties des océans », conclut le professeur Tremblay.
L’impact écologique du son anthropique sur les invertébrés marins sera un des chantiers d’étude de BeBEST au cours des prochaines années. Ce travail a été réalisé grâce à la collaboration d’Aurélie Jolivet de la compagnie TBM environnement/Somme en France, de Réjean Tremblay de l’ISMER, de Frédéric Olivier du Muséum National d’Histoire Naturelle, de Cédric Gervaise de la Chaire CHORUS de l’Université de Grenoble, de Rémi Sonier de Pêches et Océans Canada à Moncton, de Bertrand Génard de l’ISMER et de Laurent Chauvaud du CNRS-IUEM à Brest.
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