Une équipe de cinq jeunes femmes biologistes était en formation, samedi dernier à l’UQAR, avant de partir dans un mois étudier les écosystèmes du Grand Nord canadien. Elles camperont pendant plus de trois mois sur l’Ile Bylot, au nord de la Terre de Baffin.
Mais on ne part pas affronter la solitude des grands espaces nordiques sans une formation de pointe. Secourisme, maniement d’armes à feu, protocoles scientifiques, comportements adaptés au pays des ours polaires, camping en régions éloignées, utilisation sécuritaires des hélicoptères, bons soins aux animaux, appels par radio et téléphones satellite, orientation par GPS : la liste des choses à maitriser semble interminable.
« On apprend tout ça petit à petit. Aujourd’hui une partie de l’équipe étudie les protocoles scientifiques alors que l’autre suit un cours de secourisme », indique le chercheur de l’UQAR Dominique Berteaux, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en biodiversité nordique, qui dirige l’équipe et coordonne ces formations. « La motivation et l’esprit d’équipe aussi sont très importants et il faut favoriser cela bien avant le départ » ajoute-t-il.
Depuis 15 ans, c’est la première fois que l’équipe de terrain du chercheur est entièrement féminine. « C’est dû à un mélange de hasards et de nécessités. Sur une soixantaine de CV reçus, cette équipe avait la meilleure combinaison d’expertises et d’expériences. Quand j’ai eu des équipes entièrement masculines, personne n’était étonné, mais cette fois-ci le groupe soulève plus de curiosité », note le professeur Berteaux.
Les jeunes chercheuses concentreront leurs efforts sur la capture et l’observation de renards arctiques. « C’est une espèce qui joue un grand rôle écologique dans la toundra arctique », souligne Sandra Lai, qui dirigera l’équipe sur le terrain en juillet et août. Celle qui a défendu sa thèse de doctorat en biologie à l’UQAR en janvier 2017, sous la supervision du professeur Berteaux, parle avec ferveur de ses recherches. « J’ai utilisé des colliers émetteurs satellitaires pour étudier les mouvements des renards sur la banquise durant l’hiver. J’attends actuellement une bourse de post-doctorat pour poursuivre ma formation. Je veux travailler dans le domaine de la conservation des mammifères nordiques ».
En mai et juin, la responsabilité de l’équipe reviendra à Florence Lapierre-Poulin, finissante à la maîtrise en gestion de la faune et de ses habitats à l’UQAR, également dans l’équipe du Dr. Berteaux. Sandra et Florence ont chacune déjà passé trois étés sur l’Ile Bylot et connaissent parfaitement le terrain. Jade Boissy, Ariane Bisson, toutes deux étudiantes au baccalauréat en biologie à l’Université du Québec à Trois-Rivières, et Sarah Piedalue, étudiante au baccalauréat en biologie à l’UQAR, complèteront l’équipe. Pour Jade et Sarah, ce séjour dans l’Arctique sera une première. « J’ai quelques appréhensions, c’est tout de même impressionnant », avoue Sarah, « mais beaucoup d’autres l’ont fait avant moi ».
Le professeur Berteaux rejoindra le groupe sur le terrain début juillet. « En juin je dois d’abord aller explorer un autre site, à moins de 1000 km du Pôle Nord, sur l’Ile Ellesmere, où j’aimerais lancer de nouvelles recherches ces prochaines années. Il y a là-bas des lièvres arctiques et des loups arctiques et je vois un potentiel scientifique important. L’équipe de l’Ile Bylot est forte cette année et j’ai pleine confiance. »
L’UQAR sera en octobre l’hôte d’un colloque international, la 5th International conference in Arctic fox biology, organisé par les chercheurs Dominique Berteaux et Sandra Lai. L’évènement réunira de nombreux experts des écosystèmes arctiques. Des russes, des norvégiens et des américains ont déjà confirmé leur présence. Gageons que ces jeunes « femmes du Nord » ne manqueront pas d’y partager leur passion avec ces scientifiques venus du monde entier.
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