Une équipe de chercheuses et de chercheurs multidisciplinaires de l’UQAR réalise une recherche-action sans précédent sur la vulnérabilité des zones côtières de l’Est du Québec. Les travaux menés par la Chaire de recherche en géoscience côtière visent à développer des outils permettant aux MRC et aux municipalités du Québec maritime de s’adapter aux changements climatiques.
Les aléas côtiers sont un enjeu majeur pour l’Est du Québec. Depuis une vingtaine d’années, on observe une accélération de la hausse du niveau marin. « Depuis les années 1990, le niveau marin mondial a augmenté en moyenne de 3,2 millimètres par année. Or, au cours du dernier siècle, la hausse à l’échelle mondiale était de 1,7 millimètre par année. Et fait à souligner, on note une importante réduction du couvert de glace dans l’Est du Québec », indique le professeur Pascal Bernatchez, titulaire de la Chaire de recherche en géoscience côtière.
La réduction du couvert de glace a d’ailleurs un impact direct sur la protection des zones côtières. « La glace permet de protéger le littoral en absorbant l’énergie des vagues. Par exemple, le redoux qui a précédé les événements du 30 décembre 2016 a fait en sorte de faire partir la glace, là où elle était présente, dans l’Est du Québec. Si le couvert de glace avait été là, il n’y aurait pas eu les dommages qu’on a connus », note le professeur Guillaume Marie, codirecteur du projet de recherche avec M. Bernatchez.
Le professeur Bernatchez dirige, en collaboration avec le professeur Marie, la recherche-action sur la vulnérabilité et la résilience des zones côtières du Québec maritime. Financé par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, ce projet de 3,5 M$ implique 88 municipalités du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine et de la Côte-Nord. Plus de 250 intervenants municipaux, provinciaux et d’organismes régionaux y prennent part.
« Cette recherche-action sur la résilience côtière vise une co-construction des connaissances qui comporte deux axes. Le premier axe porte sur la sécurité des populations et des infrastructures et l’augmentation des capacités d’adaptation des populations côtières. Le deuxième axe concerne l’évaluation et la vulnérabilité des écosystèmes côtiers dans un contexte de changements climatiques. Ainsi, on voit les zones côtières d’une façon globale, avec leurs écosystèmes et leurs différents usages », explique le professeur Bernatchez.
Depuis le début de l’année, l’équipe de recherche des professeurs Bernatchez et Marie a dirigé une quinzaine d’ateliers à l’attention des différents acteurs impliqués dans la gestion et la préservation des zones côtières de l’Est du Québec. Ces ateliers ont permis de brosser un portrait des connaissances actuelles sur les aléas côtiers, de présenter des projections sur la hausse du niveau marin au cours des prochaines années en raison des changements climatiques et les enjeux inhérents à chacune des 17 MRC du Québec maritime.
« Il y a une diversité d’enjeux associés aux zones côtières du Québec dont il faut tenir compte. Les résidences, le patrimoine, les infrastructures de transport qui relient les municipalités ou encore les écosystèmes et les services écologiques qu’ils nous procurent. Ces éléments ont été abordés lors des ateliers, tout comme les coûts associés à l’érosion côtière », mentionne le professeur Guillaume Marie.
Les ateliers ont également été un moment pour présenter des solutions pour faire face aux aléas côtiers. « Nous avons répertorié une douzaine de solutions qui sont généralement mises de l’avant pour protéger le littoral selon le type de côtes des MRC du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine et de la Côte-Nord. Ces solutions sont débattues en fonction des différents enjeux propres aux différentes MRC et cet exercice sera effectué à quelques reprises au cours de la recherche pour évaluer si les perceptions changent quant aux solutions à préconiser pour réduire les risques côtiers », précise le professeur Bernatchez.
Le principal objectif de ces premiers ateliers visait à permettre aux intervenants du milieu de discuter, en petits groupes, des besoins des différentes municipalités en matière d’adaptation à l’égard des aléas côtiers et d’identifier les outils à prioriser pour s’y adapter, les besoins pour mieux protéger les écosystèmes côtiers et leurs usages et, enfin, les outils à mettre en place à la suite du projet de recherche. « Nous n’avons pas une approche mur à mur. Au contraire, nous avons une approche sur mesure pour chaque MRC, afin de proposer les outils répondant aux besoins de chacune d’entre elles. L’objectif est aussi de trouver les meilleures solutions pour chaque tronçon de côte et d’identifier les interventions à proscrire », observe le professeur Marie. En soirée, des ateliers étaient aussi organisés avec les élus des municipalités. Des rencontres citoyennes auront également lieu dès cet été dans les régions formant le Québec maritime.
Une synthèse sur les besoins et les outils pour s’adapter aux aléas côtiers sera publiée cet été par l’équipe du Laboratoire de dynamique et de gestion intégrée des zones côtières. Par ailleurs, un comité d’experts multidisciplinaires sera constitué au cours de l’été afin de valider les outils développés dans le cadre de la recherche.
Ce vaste projet de recherche appliquée se poursuivra jusqu’en 2020, avec trois autres séries d’ateliers dans l’Est du Québec. Mentionnons qu’il permet à des étudiantes et à des étudiants de réaliser quatre maîtrises et deux doctorats. Ce projet de recherche s’inscrit dans le cadre du Plan d’action sur les changements climatiques 2013-2020 et du Fonds vert du gouvernement du Québec.
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