Au Québec, deux entreprises sur dix cessent leurs activités au cours de leur première année d’existence, ce qui est le double de la moyenne canadienne. Reconnue pour son dynamisme entrepreneurial, la région de Chaudière-Appalaches est au cœur d’un projet de recherche visant à favoriser l’innovation des entreprises par une meilleure synergie avec les organisations de développement économique.
Spécialiste de la gestion des entreprises et des réseaux d’innovation, le professeur Yan Castonguay est en train de réaliser un portrait des organismes régionaux de soutien de Chaudière-Appalaches. On dénombre pas moins de 28 organismes de soutien et d’innovation pour desservir plus de 1180 entreprises manufacturières de cette région. Si les gouvernements provincial et fédéral favorisent le développement de ces entreprises par de nombreux services mis à leur disposition, il reste que plusieurs entreprises et acteurs du milieu des affaires ne connaissent pas tous les services qui leur sont offerts.
« Il y a un paradoxe », observe le professeur Castonguay. « Les entreprises mentionnent qu’elles n’ont pas suffisamment d’aide. En revanche, il n’y en a que 26 % qui utilisent les services qui sont offerts par les organismes de soutien. Ce que l’on constate, c’est que les organismes et les entreprises ne connaissent pas suffisamment l’offre de services qui est à leur disposition pour favoriser leur développement. Alors, le portrait que nous réalisons va permettre de faire connaître ces services, mais également les micros réseaux informels qui existent déjà entre les organismes de soutien. »
Selon le professeur Castonguay, les entreprises qui réussissent le mieux en affaires sont celles qui savent innover. « La gestion de l’innovation, c’est le cœur de l’entrepreneuriat. Avec la mondialisation qui est de plus en plus forte, un entrepreneur doit innover pour s’en sortir. C’est par l’innovation que les entreprises peuvent avoir une longueur d’avance sur leurs concurrents, peuvent produire à meilleur coût ou avoir un produit à valeur ajoutée que leurs clients vont vouloir avoir. À mon avis, la clé c’est d’innover ensemble et de travailler en réseau avec des acteurs des milieux de formation, des affaires et des pouvoirs publics. »
Les premiers résultats des travaux du professeur en sciences de la gestion au campus de Lévis démontrent que la proximité géographique des organismes de soutien augmente la propension à innover des entreprises de Chaudière-Appalaches. Ainsi, la probabilité qu’une entreprise innove est plus grande lorsqu’elle est plus près d’un organisme de soutien que si elle en est éloignée. Ces organismes de soutien offrent des services-conseils sur le plan de l’aide au démarrage, transfert ou acquisition d’entreprise, du management, du marketing, de l’internationalisation, de l’innovation, du soutien financier et du soutien en réseautage.
La fibre entrepreneuriale est particulièrement développée dans Chaudière-Appalaches, souligne Yan Castonguay. « C’est une pépinière. La région est remplie de gens débrouillards, d’inventeurs et d’innovateurs. Toute proportion gardée, il y a deux fois plus de manufactures dans Chaudière-Appalaches par rapport au Québec, soit près de 1200 entreprises manufacturières pour 400 000 habitants. Avec le vieillissement de la population, plusieurs entrepreneurs prennent leur retraite. Alors, la relève pose un important défi quant au transfert d’entreprises. »
Avant de se joindre à l’UQAR comme professeur en sciences de la gestion, en 2011, Yan Castonguay a fait carrière au Québec et en Ontario. Après l’obtention d’un baccalauréat en administration des affaires, profil finance, de l’Université de Sherbrooke, en 1998, il a travaillé plusieurs années au sein d’institutions financières. À titre de professionnel, il a mené différents projets de gestion d’entreprises et a réalisé des mandats visant à développer des stratégies d’affaires. Ses expériences terrain lui ont permis de développer un vaste réseau dans le milieu des affaires. Ce réseau a contribué à ses recherches pour sa maîtrise en administration des affaires en gestion internationale, en 2006, et à la préparation de sa thèse de doctorat sur les stratégies d’innovation des entreprises manufacturières de la région de Chaudière-Appalaches à l’Université Laval.
Soucieux de développer la fibre entrepreneuriale des étudiants, le professeur Castonguay s’est activement impliqué dans le projet Entrepreneuriat@UQAR, qui a été lancé à l’automne 2012. « Je trouve important de faire un pont entre les étudiants et le milieu des affaires. Dans le cadre d’Entrepreneuriat@UQAR, nous avons justement initié un concours permettant aux étudiants de défendre un plan d’affaires en dix minutes devant des gens d’affaires du milieu. C’est un exercice très formateur qui plonge les étudiants dans la réalité des entrepreneurs. »
Ce portrait des organismes régionaux de soutien de la région de Chaudière-Appalaches est financé par le Fonds institutionnel de recherche de l’UQAR. « Les retombées de cette recherche auront des répercussions directes pour le milieu des affaires. Cette méthodologie pourra servir également pour réaliser le portrait d’autres régions », conclut Yan Castonguay. « Les résultats de cette recherche permettront non seulement aux entreprises de bénéficier des ressources entrepreneuriales qui leur sont offertes, mais également de coordonner mes futures recherches visant à accroître la capacité d’innovation des entreprises de notre région. » Soulignons que les étudiants Christine Côté Dubuc, Mathieu Émond, Ismaila Ndiaye et Pierre-Olivier Paradis Letarte ont assisté le professeur en sciences de la gestion dans le cadre de ce projet de recherche.
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