Mylène Paquette a réussi un rare exploit en traversant à la rame, et en solitaire, l’Atlantique Nord. Un exploit auquel est rattaché un volet de recherche sur cet environnement sonore sous-marin.
Partie le 6 juillet, Mme Paquette a atteint la longitude de l’Île d’Ouessant, au large de la Bretagne, le 12 novembre. Il lui a fallu 129 jours pour parcourir les quelque 5000 kilomètres séparant Halifax et le port de Lorient, en France. Tout au long de son périple, Mme Paquette a mesuré le bruit ambiant de l’océan Atlantique Nord et procédé à la détection acoustique de baleines. Exempt d’interférence émis par les moteurs de navire, ces enregistrements visent à prendre le pouls de cet environnement sonore.
L’objectif de cette recherche de la chaire du MPO en acoustique sous-marine appliquée à l’écosystème et aux mammifères marins est d’évaluer le niveau de bruit actuel de l’océan Atlantique. « Les océanographes acousticiens estiment que le bruit des océans pourrait avoir plus que décuplé au cours des dernières décennies à la suite de l’augmentation importante de la navigation planétaire en réponse à la croissance économique et la mondialisation », explique Yvan Simard, titulaire de la chaire et professeur associé à l’ISMER.
Les scientifiques sont d’ailleurs préoccupés quant aux conséquences possibles de ce changement sur les écosystèmes. « Plusieurs fonctions vitales pour les organismes – des invertébrés aux mammifères marins – nécessitent de bonnes conditions sonores. Cela touche leur perception de l’environnement et des habitats, leur capacité à détecter des prédateurs, à communiquer, à se reproduire, à s’alimenter et à socialiser », indique le professeur Simard.
Un autre volet de la recherche est de déterminer quels sont les mammifères marins que l’on retrouve dans l’Atlantique Nord. « On en sait très peu au sujet de la distribution des baleines au jour le jour et de l’utilisation des habitats sur les plateaux continentaux, et encore moins loin des côtes au milieu des océans. Par l’acoustique sous-marine, on peut détecter des baleines sur de grandes distances – pouvant dépasser 100 km – parce que le son voyage beaucoup mieux dans l’eau que dans l’air, et les identifier par leurs sons spécifiques, comme on le fait pour les oiseaux », mentionne le titulaire de la chaire du MPO en acoustique sous-marine appliquée à l’écosystème et aux mammifères marins.
Il est encore trop tôt pour savoir si Mylène Paquette a pu effectuer toutes les mesures souhaitées dans le cadre de la recherche et si ces mesures sont de bonne qualité. « C’est un élément de risque de notre participation qui fait partie de l’aventure. Un risque qui, pour notre part, en vaut la chandelle scientifiquement, mais qui est insignifiant par rapport à celui pris par Mylène pour son « extraordinaire » projet », conclut Yvan Simard.
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