Jean-François Ouellet travaille dans le domaine de l’ornithologie depuis 20 ans. Après avoir obtenu une maîtrise en gestion de la faune et de ses habitats, en 2004, il a récemment soutenu sa thèse de doctorat en biologie sur la sélection des ressources hivernales chez le garrot d’Islande de la population de l’Est de l’Amérique du Nord et les implications pour sa conservation.
Hivernant dans les milieux côtiers de l’Amérique du Nord, de l’Europe et de l’Asie, les canards de mer sont des espèces chez lesquelles on a observé d’importants déclins de populations. Même si les canards de mer sont bien représentés dans les milieux nordiques, les connaissances sur la démographie, l’écologie et la répartition des populations demeurent fragmentaires chez la plupart des espèces. La thèse de doctorat de M. Ouellet a permis de déterminer quelles sont les ressources qui supportent la population de garrots d’Islande de l’Est de l’Amérique du Nord dans le système marin du Saint-Laurent en hiver.
« Cette population est désignée en péril et il était pressant de documenter son écologie afin d’aider à sa conservation », indique Jean-François Ouellet. « Avec mes coauteurs Cécile Vanpé et Magella Guillemette, j’ai abordé cette question avec une approche multiéchelles. J’ai d’abord souhaité examiner l’influence sur le régime alimentaire de la propriété la plus fondamentale des organismes vivants : leur masse corporelle. Puisant dans les concepts de la théorie de la quête alimentaire, de la compétition interspécifique et de l’allométrie, j’ai prédit que le contenu énergétique et la diversité du régime alimentaire hivernal des canards de mer seraient en relation inverse avec leur masse corporelle. »
Le doctorant a évalué ces prédictions avec des données provenant d’une revue de littérature et de données historiques qui accordait une importance particulière à la base de données de régimes alimentaires du US Bureau of Biological Survey. « Les résultats montrent le rôle appauvrissant joué par la masse dans la composition du régime alimentaire et suggèrent aussi un effet de l’évitement de la compétition interspécifique », poursuit M. Ouellet. « Cette étude trace un portrait global de l’ensemble des canards de mer d’Amérique du Nord qui sert ensuite de cadre pour l’étude approfondie qui a été faite du cas des garrots d’Islande et à œil d’or. »
Jean-François Ouellet a également abordé la répartition spatiale, la sympatrie et les facteurs abiotiques qui expliquent la répartition des garrots d’Islande et à œil d’or à l’échelle du système marin du Saint-Laurent. « J’ai analysé des données spatiales issues d’inventaires héliportés. Les résultats permettent d’identifier le cœur de l’aire d’hivernage de la population de garrots d’Islande de l’Est de l’Amérique du Nord, soit la rive nord de l’estuaire maritime du Saint-Laurent, et le rôle joué par différentes composantes du paysage dans sa répartition spatiale. »
Le candidat au doctorat en biologie a, par ailleurs, comparé les garrots d’Islande et à œil d’or sur la base de leur sélection de l’habitat à l’échelle de la parcelle d’alimentation, de leur régime alimentaire et de leur morphologie afin d’identifier les ressources qui supportent la population de garrots d’Islande en hiver et d’évaluer le potentiel de compétition entre ces espèces. « Cette étude a fourni une description inédite de l’habitat d’alimentation et du régime alimentaire du garrot d’Islande dans l’estuaire du Saint-Laurent. Les analyses comparatives de la répartition à fine échelle spatiale, du régime alimentaire et de la morphologie suggèrent un faible potentiel de compétition entre ces deux espèces. Cette étude a fourni un exemple de partition des ressources entre deux espèces apparentées, le garrot d’Islande se nourrissant principalement de gastéropodes sur les estrans rocheux tandis que le garrot à œil d’or consomme surtout des crustacés », explique M. Ouellet.
La thèse de doctorat de Jean-François Ouellet a approfondi les connaissances sur l’écologie hivernale du garrot d’Islande de la population de l’Est de l’Amérique du Nord, ce qui permettra d’établir des mesures de conservation pour cette espèce. Mentionnons que la thèse a été préparée sous la direction du professeur Magella Guillemette. Au cours de son parcours universitaire, M. Ouellet a obtenu une bourse d’excellence en recherche de la Fondation de l’UQAR (2004), une bourse du Fonds québécois de Recherche sur la Nature et les Technologies (2004) et une bourse Habitat faunique de la Fondation de la faune du Québec (2005).
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