Au-delà de leur côté ludique, un bac de sable, des figurines et des objets de la vie courante se révèlent d’excellents outils lorsqu’ils sont bien utilisés pour favoriser une entrée scolaire réussie chez les jeunes d’âge préscolaire. Une recherche-action menée par la professeure Joane Deneault, de l’UQAR, et la conseillère pédagogique Odette Lefebvre, du Cégep de Rimouski, a démontré que ces outils contribuent au développement cognitif et à la maturité affective des enfants.
L’Agence de santé et des services sociaux du Bas-Saint-Laurent révélait en 2010 que, dans la région, un enfant sur trois n’a pas le niveau de préparation nécessaire pour intégrer l’école primaire avec succès sur les plans de la maturité affective et du développement cognitif et langagier. Cette proportion est d’un enfant sur quatre à l’échelle canadienne. « La maturité affective fait référence à la capacité qu’a l’enfant à exprimer ses besoins et ses émotions, mais aussi à gérer ses émotions et ses comportements. C’est, par exemple, savoir attendre son tour, se calmer ou écouter des consignes. Ce sont des éléments qui permettent de bien fonctionner à l’école – c’est majeur. Les enfants qui ne sont pas prêts devront faire plus d’efforts pour réaliser les mêmes apprentissages que leurs pairs et suivre le même rythme », indique Mme Deneault, de la Chaire de recherche sur la persévérance scolaire et la littératie.
La recherche-action menée par l’UQAR et le Cégep de Rimouski s’est déroulée au printemps 2011, auprès de 58 enfants d’âge préscolaire du Bas-Saint-Laurent. Parmi ceux-ci, 45 ont participé à des ateliers de jeu symbolique d’une heure par semaine et avaient à leur disposition un bac de sable, des figurines et des objets de la vie courante par le biais desquels ils se sont racontés. Pour leur part, les 31 autres enfants qui n’ont pas participé aux ateliers Jeu dans le sable ont constitué le groupe témoin.
La différence entre les deux groupes d’enfants est sans équivoque. « Chez les enfants qui ont participé aux ateliers, nous avons constaté une amélioration de divers indices de développement cognitif, une diminution des comportements d’agitation (troubles du comportement) et une augmentation des comportements prosociaux, c’est-à-dire la capacité d’interagir avec les autres enfants et de s’entraider », indique la professeure Deneault. En revanche, les ateliers n’ont pas eu d’impact sur le développement langagier, du moins avec la mesure utilisée pour l’évaluer. Les enfants du groupe témoin n’ont pas connu de telles améliorations. « Pire, leurs comportements d’agitation et d’hyperactivité ont même augmenté pendant la période visée », précise Mme Deneault.
Ces résultats, qui ont été présentés au Colloque international de la CRIFPE le 3 mai dernier à Montréal, ont déjà des échos tangibles. « Des ateliers Jeu dans le sable sont actuellement offerts dans quatre communautés de la MRC de Rimouski-Neigette, soit à Saint-Fabien, à Saint-Valérien, à la Maison des familles de Rimouski-Neigette et au CPE L’Éveil des chérubins de Rimouski, et ce, à l’initiative de la Table Petite Enfance de COSMOSS Rimouski-Neigette qui a été soutenue par la Fondation Avenir d’enfants » mentionne Mme Lefebvre. Ces ateliers sont animés par des personnes qui ont d’ailleurs reçu la formation spécialisée (AEC) en animation d’ateliers destinés aux enfants de 4 à 12 ans offerte par le Cégep de Rimouski.
De plus, sous la direction de la Dre Cécile Rousseau de l’Université McGill, l’équipe de recherche et d’intervention transculturelle du CSSS de la Montagne de Montréal souhaite mettre en place, dans les cinq prochaines années, des ateliers Jeu dans le sable pour des enfants d’âge préscolaire de Montréal et du Bas-Saint-Laurent en collaboration avec l’UQAR, le Cégep de Rimouski, COSMOSS BSL et d’autres institutions d’enseignement dont l’Université de Montréal et le Cégep Marie-Victorin.
Cette recherche-action a bénéficié du Fonds synergie, qui a été créé par l’UQAR et le Cégep de Rimouski. Lancé en janvier 2011, ce fonds vise à accroître les collaborations entre l’Université et le collège par le soutien financier de projets interordres impliquant des enseignants et des étudiants des deux établissements.
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