Le transport maritime de courte distance (TMCD) est considéré comme un mode de transport favorisant le développement durable. Candidat au doctorat en gestion des ressources maritimes, Sofiane Laribi vient de défendre avec succès sa thèse sur la perception des initiatives publiques soutenant le TMCD au Québec.
La thèse de M. Laribi s’intitule « De la représentation à la pré-structuration de problèmes complexes : apports des approches cognitives dans la réévaluation des politiques publiques [:] cas des initiatives de soutien au transport maritime de courte distance au Québec ». D’entrée de jeu, le doctorant observe que malgré l’enthousiasme des pouvoirs publics à promouvoir le TMCD, les initiatives mises de l’avant au cours des dernières années se sont soldées par un bilan « mitigé ». Un constat attribuable, selon lui, aux perceptions divergentes des acteurs impliqués.
Dans le cadre de sa recherche, Sofiane Laribi a développé une méthodologie alliant l’analyse des politiques publiques et de l’aide à la décision publique. À la suite d’entrevues en profondeur avec quinze acteurs de l’industrie du transport maritime et des représentants environnementaux et de groupements sociaux, il a établi une carte cognitive globale de l’écart des perceptions des participants ainsi qu’une échelle d’appréciation de ces écarts selon les enjeux étudiés.
« La diversité des résultats obtenus témoigne de la multiplicité des perceptions des acteurs quant à la question des politiques publiques de soutien au TMCD, allant bien au-delà des clivages sectoriels traditionnels, des frictions idéologiques ou des cloisonnements institutionnels », indique M. Laribi. « Cette diversité des perceptions s’est illustrée à travers différents prismes de représentation. »
Le candidat au doctorat en gestion des ressources maritimes donne en exemple la question du développement durable. « Certains enjeux peuvent être appréhendés par les acteurs soit comme des enjeux environnementaux, soit comme des enjeux sociaux ou même comme des enjeux économiques. Ainsi, un même enjeu peut renvoyer à des préoccupations différentes en matière de développement durable et donc à des façons différentes d’évaluer et d’agir sur ce dernier. » Par ailleurs, bien que l’enjeu du coût de transport et des infrastructures a été associé à la dimension économique, certains participants l’ont identifié comme une cause et d’autres comme une conséquence des initiatives publiques de soutien au TMCD.
Les acteurs ayant participé à la recherche de M. Laribi ont été questionnés à l’égard des mesures qui devraient être préconisées par les pouvoirs publics. « La perception des acteurs est aussi très divergente », poursuit le doctorant. « Des participants appartenant à un même secteur d’activité peuvent préconiser des mesures totalement différentes les unes des autres. Allant jusqu’à constituer des groupes hétérogènes à l’intérieur d’un même groupe initialement considéré comme homogènes. Il en est ainsi entre les acteurs qui estiment qu’il faut améliorer la qualité de l’offre logistique conformément aux attentes des expéditeurs sans intervention des pouvoirs publics, et ceux qui jugent qu’il faut une implication plus soutenue de la part de ces derniers conformément au principe d’équilibrage modal. »
Sofiane Laribi conclut sa thèse en indiquant que les pouvoirs publics ont tout intérêt à clarifier avec l’industrie du transport maritime les politiques encadrant le transport maritime de courte distance. « Les divergences de perception à l’encontre d’enjeux aussi majeurs que celui de la compétitivité-prix ou celui des infrastructures, pourtant facilement quantifiables, attestent selon nous de la « jeunesse » du débat et conforte l’idée de la nécessité de recentrer le débat politique du fait d’une part, de la présence d’axes consensuels fragiles entre les acteurs impliqués et d’autre part, de la discordance entre les arguments du discours public et les objectifs réels de ces politiques. »
Dirigé par le professeur Emmanuel Guy et codirigé par le professeur Bruno Urli, M. Laribi est le premier étudiant de l’UQAR à avoir terminé sa thèse de doctorat en gestion des ressources maritimes. Mentionnons que le doctorant est récipiendaire de deux bourses d’excellence de la Fondation de l’UQAR et d’une bourse d’accueil au programme de doctorat en gestion des ressources maritimes.
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