Chercheur postdoctoral en biologie, Matthew Talluto vient de publier une recherche dans la prestigieuse revue Proceeding of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS) qui démontre l’impact négatif des écureuils sur la régénération des pins (Lodgepole Pine) à la suite d’incendies de forêt récurrents. Une découverte qui illustre l’importance de l’interaction entre l’évolution et l’écologie et son impact sur les services rendus à l’homme par les écosystèmes.
Intitulé Conflicting selection from fire and seed predation drives fine-scaled phenotypic variation in a widespread North American conifer, l’article cosigné par M. Talluto apporte un nouvel éclairage sur la cause des échecs de la régénération forestière à la suite de l’incendie majeur survenu en 1988 au Parc de Yellowstone, au Wyoming.
Les pins produisent deux types de cônes (appelés communément pommes de pin) : certains sont fermés, d’autres sont ouverts. Contrairement aux cônes ouverts qui relâchent leurs graines tous les ans, les cônes fermés sont sérotineux et ne relâchent leurs graines que lorsqu’il y a un feu, et ce, en raison de la chaleur qui fait fondre résine. Ainsi, les pins qui produisent davantage de cônes fermés sont sélectionnés lorsqu’il y a des incendies récurrents. Chez le pin tordu, une espèce de l’ouest américain de grande importance économique, un génotype à cônes sérotineux coexiste avec un génotype à cônes ouverts.
Les cônes fermés sont prisés par les écureuils puisque les graines qu’ils renferment sont emprisonnées par la résine et qu’ils peuvent être entreposés. À l’inverse, les cônes ouverts échappent la prédation, mais sont moins efficaces pour la régénération après feux. Cette prédation des écureuils a un impact majeur sur le mécanisme de sélection puisque la reproduction des pins n’est plus possible lorsque survient un incendie, démontre l’article publié dans la revue PNAS.
« L’évolution peut avoir une incidence sur notre vie », indique Matthew Talluto. « Dans le cas de notre recherche, c’est le renversement par l’écureuil de la sélection pour les cônes sérotineux, qui confère la résilience des forêts aux feux, qui a un impact sur la productivité des forêts. » Mentionnons que cet article est cosigné par le professeur Craig Berkman, le directeur de la thèse de doctorat de M. Talluto à l’Université du Wyoming.
Originaire de la Californie, M. Talluto effectue depuis un an un postdoctorat à l’UQAR sous la direction du professeur Dominique Gravel, qui est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologie des écosystèmes continentaux. Cette recherche vise à développer une modélisation sur la façon dont va réagir la forêt québécoise, et particulièrement l’érable, aux changements climatiques.
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