Les principaux organismes internationaux scrutant l’avenir de l’environnement mondial s’entendent pour dire que les changements que l’on observe actuellement sont sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Alors que les pressions humaines s’accélèrent, plusieurs seuils critiques aux niveaux mondial, régional et local sont sur le point d’être atteints ou ont été dépassés.
Un dépassement de ces seuils critiques est susceptible d’engendrer des changements abrupts et parfois irréversibles aux conséquences néfastes pour le bien-être humain, ses milieux bâtis et les milieux naturels. Les facteurs environnementaux, sociaux et économiques d’un milieu interagissent pour définir sa vulnérabilité, sa résilience et son adaptabilité face à des risques environnementaux et anthropiques. Avec plus de 50 professeurs relevant de disciplines variées, l’UQAR se démarque par son expertise et sa capacité unique à développer une vision globale de la compréhension et de la recherche de solutions durables quant aux enjeux liés à la vulnérabilité des milieux.
Dans son rapport le plus récent, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) a de nouveau sonné l’alarme quant à l’impact des changements climatiques, notamment sur la santé, l’alimentation, les ressources en eau douce et l’économie mondiale. « Ce rapport illustre la vulnérabilité des populations, des industries et des écosystèmes du monde entier, ainsi que l’urgence d’appliquer des mesures visant à adapter nos milieux face aux bouleversements naturels et découlant de l’activité humaine », note le recteur Jean-Pierre Ouellet.
Or, la vulnérabilité d’un milieu dépend en premier lieu de ses caractéristiques environnementales et/ou socio-économiques, puis des caractéristiques de l’aléa qui l’affecte. Une vision systémique de la vulnérabilité, de la résilience et de l’adaptabilité des milieux, quels qu’ils soient (milieu naturel, milieu urbain, milieu côtier, milieu social, milieu humain etc.), considérera donc les mécanismes sous-jacents à leur évolution « normale » ainsi que les caractéristiques des risques (comprenant ceux issus des changements climatiques, mais également ceux issus des activités humaines) et leurs enjeux (écologiques et sociaux). Une vision systémique doit inclure la gestion de ces risques, leur prévention ainsi que l’identification des ajustements nécessaires, le cas échéant.
L’analyse de la vulnérabilité des milieux, qu’ils soient anthropisés ou non, comporte donc à la fois des composantes liées aux sciences humaines et aux sciences sociales, ainsi que des composantes relevant des sciences naturelles. Les sciences de la gestion sont également sollicitées dans une vision systémique de la vulnérabilité de ces milieux afin d’appréhender adéquatement les aléas, d’évaluer et de gérer les risques, et de planifier les réponses sociales et économiques aux aléas. Les trois axes d’excellence de l’Université – les sciences de la mer, le développement régional, et la nordicité – sont complémentaires à l’égard des questions de vulnérabilité, de résilience et d’adaptabilité des milieux sur les territoires desservis par l’UQAR. « Notre masse critique d’experts s’intéressant à ces enjeux fait de l’Université du Québec à Rimouski une figure de proue en ce qui a trait aux causes naturelles et humaines de la vulnérabilité des milieux face aux risques naturels et anthropiques. L’une de nos forces, c’est la synergie entre nos chercheurs dans nos divers domaines de recherche », observe le recteur.
Pas moins de seize unités de recherche dont les travaux portent sur les risques naturels et l’adaptation subséquente des milieux sont basées à l’UQAR. « La complexité des enjeux liés aux risques naturels et anthropiques pour les milieux naturels et habités, tant sur les plans humain, environnemental, économique que technologique, fait en sorte qu’il est essentiel de faire de la recherche en concertation et non pas en silo. Ainsi, l’intersectorialité, qui permet d’adresser les interactions complexes entre ces différents enjeux, est à la source de solutions et de stratégies durables. C’est pour cette raison que nous privilégions une approche intégrée pour étudier ces questions cruciales pour la population québécoise, et particulièrement de l’Est-du-Québec », indique le vice-recteur à la formation et à la recherche, François Deschênes.
Phénomènes environnementaux
À l’échelle du Québec, en matière d’impact de catastrophes naturelles sur les milieux urbains et l’économie, les inondations du bassin de la rivière Richelieu au printemps 2011 sont un bon exemple. Elles touchèrent environ 3 000 foyers en Montérégie, nécessitant l’aide des Forces canadiennes dans l’évacuation des résidents et l’implantation de digues pour tenter de protéger les zones les plus à risque. À ce jour, en dehors des coûts liés aux interventions militaires et policières, les coûts de cette catastrophe s’élèvent à plus de 47 millions de $CAD. Dans l’Est-du-Québec, les grandes marées du 6 décembre 2010 ont mis en évidence la vulnérabilité des milieux bas-laurentien, gaspésien, madelinot, et nord-côtier face aux bouleversements climatiques. Rappelons que la catastrophe naturelle la plus coûteuse au Canada, en termes de dommages assurés, fut la tempête du verglas au Québec en 1998, ayant généré des coûts d’environ 1,68 milliard de $ (au prix et au taux de change annuel moyen de 2011) pour les assureurs. De plus, ces phénomènes naturels provoquent chaque année la perte considérable d’écosystèmes marins et terrestres. Plus récemment, l’été 2012 fut caractérisé au Québec par la mortalité massive de mammifères marins, d’oiseaux et de poissons, sonnant ainsi l’alerte en matière de fragilité et de vulnérabilité écosystémique du Saint-Laurent.
Phénomènes d’origine humaine
En matière de vulnérabilité face aux risques d’origine humaine, l’enjeu de l’exploration pétrolière dans le Saint-Laurent est un exemple éloquent, ayant soulevé des interrogations en matière de développement durable. « Si le déversement provenant de la plateforme Deepwater Horizon de BP, dans le golfe du Mexique, a eu des impacts sur les fous de Bassan de l’Île Bonaventure, une attraction majeure de l’industrie touristique en Gaspésie, il importe de se questionner dès maintenant sur les avantages, les risques et les balises d’une potentielle exploration ou exploitation qui aurait lieu dans notre cour. Il est essentiel d’avoir des outils adéquats d’accompagnement et d’aide à la décision afin d’offrir les meilleures conditions environnementales, sociales et technologiques possibles. La recherche est une voie incontournable pour avoir un développement avisé qui tient compte des risques potentiels selon les environnements et les populations qui sont directement concernés », estime Ariane Plourde, directrice de l’Institut des sciences de la mer de Rimouski.
Convergence d’expertises
La recherche fondamentale et la recherche appliquée vont de pair en matière de risques et d’adaptation des milieux aux aléas. « Le transfert de la connaissance est crucial pour permettre aux communautés, aux autorités municipales, provinciales et fédérales de prendre les bonnes décisions à l’égard des risques naturels et anthropiques. C’est par la recherche et la mise en commun d’expertises en géographie, en développement régional, en océanographie, en biologie, en chimie, en génie et en gestion, entre autres, qu’une région comme l’Est-du-Québec peut s’adapter à des aléas qui causent l’érosion des berges, la submersion et l’affaissement de routes, par exemple », observe le recteur Ouellet.
Au fil des ans, l’Université du Québec à Rimouski a développé une solide expertise sur les dimensions sociales en lien avec la résilience des communautés côtières de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent. « La planification du développement territorial doit se faire de concert avec les communautés qui habitent les régions côtières. Pour s’assurer de favoriser un développement harmonieux et une adhésion sociale, il faut trouver un équilibre entre l’humain et son rapport à l’environnement. En plus d’avoir mis sur pied le Centre de recherche sur le développement territorial (CRDT), l’Université est à l’avant-plan en ce qui a trait à la résilience des citoyens qui habitent en zones côtières avec les travaux menés par l’Alliance de recherche université-communauté – Défis communautés côtières et la Chaire du Canada en développement régional et territorial », précise François Deschênes.
Une recherche de pointe
La qualité et l’impact de la recherche effectuée à l’UQAR sont reconnus à l’échelle canadienne. Au cours des trois dernières années, l’Université du Québec à Rimouski a été désignée Université de l’année en recherche dans sa catégorie par la firme indépendante RE$EARCH Infosource Inc. « Nos axes d’excellence sont complémentaires et favorisent l’émergence d’activités de formation et de recherche multisectorielles », explique le vice-recteur à la formation et à la recherche. « En outre, l’UQAR est située au cœur d’un environnement scientifique très dynamique pour l’étude, la recherche et l’innovation à l’égard des environnements marins et terrestres, ainsi que des communautés et des enjeux régionaux », poursuit François Deschênes.
Le territoire desservi par l’UQAR représente un milieu sensible à l’impact des changements climatiques et des activités humaines sur les communautés côtières, la faune et les écosystèmes marins. « L’intégration multidisciplinaire et la complémentarité des expertises comme celles que nous avons à l’UQAR sont une clé importante pour apporter des solutions intégrées qui répondent aux besoins des différents milieux. Quelles que soient les sources de risques ou les milieux qui en subissent les impacts, leur analyse est complexe. La prise en compte de l’interaction entre l’environnement, l’économie et le développement territorial doit ainsi obligatoirement être au cœur de l’élaboration de solutions durables », conclut le recteur Jean-Pierre Ouellet.
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