L’intérêt des scientifiques pour le nord ne cesse de croître. Initié afin de tisser des liens entre les chercheurs et les communautés nordiques, ARCTIConnexion contribue à instituer un modèle de recherche basé sur la collaboration. La mission novatrice de ce regroupement universitaire lui a d’ailleurs valu le prestigieux Prix Inspiration Arctique, qui récompense les projets qui transforment les connaissances en applications concrètes pour les résidents du nord.
ARCTIConnexion a débuté ses activités en janvier 2012 à l’initiative des étudiants Vincent L’Hérault, Catherine Doucet, Jean-François Lamarre et Marie-Hélène Truchon, de l’UQAR, et Isabel Lemus-Lauzon, de l’Université Laval. « Nous avons lancé ARCTIConnexion afin de créer de nouveaux outils pour permettre aux communautés nordiques et aux scientifiques du sud de mieux collaborer ensemble. En ce moment, il y a beaucoup de projets de recherche qui se déroulent dans le nord, et ces projets sont presque exclusivement définis par des scientifiques du sud. Ce que nous proposons, c’est une recherche collaborative qui est davantage ancrée dans le nord et qui repose sur le partage des savoirs et la reconnaissance des cultures et des expertises autochtones », explique M. L’Hérault, directeur du regroupement.
Pour réaliser sa mission, ARCTIConnexion initie de jeunes Inuits aux sciences naturelles par le biais de formations offertes dans leur milieu et organise des activités interculturelles favorisant les rapprochements entre les autochtones et les résidents du sud. Au dernier congrès de l’Acfas, l’organisme a présenté une table ronde sur les savoirs traditionnels autochtones lors de laquelle les chercheurs présents ont pu s’entretenir avec une Inuit. Le site Web arcticonnexion.ca se veut, par ailleurs, une plateforme de réseautage. Une carte interactive répertorie les projets de recherche en cours et les événements à venir dans le nord. « Notre portail catalyse les échanges entre les scientifiques et les communautés nordiques et favorise de nouvelles collaborations. C’est un outil qui facilite l’implication des résidents du nord dans les recherches et le transfert des connaissances », mentionne Vincent L’Hérault.
Le modèle de recherche promu par ARCTIConnexion suggère aux scientifiques une nouvelle façon d’aborder les communautés nordiques. « Les résidents des communautés inuit veulent être considérés sur un pied d’égalité avec les scientifiques et participer activement à la recherche et à la gestion de l’environnement », souligne le directeur d’ARCTIConnexion. « Pour ce faire, il faut créer des liens entre les deux parties. C’est pour cette raison qu’on se définit comme des interprètes culturels. » Travaillant dans le nord depuis six ans, Vincent L’Hérault a une bonne compréhension du point de vue inuit. Dans le cadre de son doctorat en biologie, il a séjourné dans des familles autochtones et s’est imprégné de leur mode de vie.
ARCTIConnexion a remporté deux distinctions importantes à l’automne 2013. Le regroupement a obtenu le prix AVENIR Environnement, lors du 15e Gala du programme universitaire de Forces AVENIR présenté au Théâtre Granada de Sherbrooke, et le Prix Inspiration Arctique lors de la neuvième réunion scientifique annuelle d’ArcticNet tenue à Halifax. Il s’agit d’un prix qui est accompagné d’une bourse de 325 000 $. « Le prix de Forces AVENIR nous a donné une crédibilité et une notoriété. Le Prix Inspiration Arctique nous a permis d’être reconnus comme un regroupement sérieux à l’échelle canadienne. Ce prix nous permettra de faire fructifier nos activités et de poursuivre notre mission avec de plus grands moyens, en plus d’attirer de plus en plus de collaborateurs et de partenaires. Pour faire une analogie avec notre sport national, de recevoir une telle reconnaissance dans le domaine de l’engagement nordique, c’est un peu comme gagner la Coupe Stanley », observe Vincent L’Hérault.
Le Prix Inspiration Arctique a été attribué pour le projet Ikaarvik : From Barriers to Bridges. Comme son nom l’indique, ce projet a pour objectif d’abattre les barrières entre les scientifiques du sud et les communautés nordiques et d’établir des ponts entre eux. « Le projet va mettre en contact des jeunes de cinq communautés inuites du Nunavut (Pangnirtung, Pond Inlet, Gjoa Haven, Cambridge Bay et Kugluktuk) avec des scientifiques travaillant dans le domaine des sciences de la mer et avec des institutions publiques basées au sud, tels que les zoos et des aquariums du Canada. Cette expérience permettra aux futurs leaders de s’initier aux outils scientifiques pour développer leurs propres projets au nord en plus de développer leurs aptitudes en communication afin de mieux faire comprendre la vision de leurs communautés auprès du grand public canadien », note le directeur d’ARCTIConnexion.
Les projets d’ARCTIConnexion s’intéressent surtout à l’éducation et à la communication comme solutions d’adaptation des communautés à de grands enjeux comme les impacts des changements climatiques sur l’environnement arctique. « Les impacts sociaux et culturels des changements climatiques sont bien réels et très préoccupants pour les communautés du nord, bien que l’on s’y intéresse relativement peu par rapport aux impacts environnementaux. Il fait partie de notre mission de travailler sur ces aspects et de faire reconnaître leur importance », précise M. L’Hérault.
Enregistré comme organisme à but non lucratif en novembre 2012, ARCTIConnexion planche présentement sur la définition de sa structure entrepreneuriale. « À moyen terme, nous voulons continuer à développer notre clientèle et nos services de formation scientifique dans le nord et de formation interculturelle dans le sud. À plus long terme, nous voulons développer un service de consultation pour les grandes entreprises, les institutions et les gouvernements », conclut Vincent L’Hérault.
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