Le recrutement de la main-d’œuvre représente un défi majeur pour les entreprises et les organisations. Selon Emploi-Québec, plus de 19 000 postes seront à combler au Bas-Saint-Laurent d’ici 2017. Spécialiste en gestion des ressources humaines, la professeure Catherine Beaudry a dirigé, en collaboration avec sa collègue Josée Laflamme, spécialiste en marketing, un projet de recherche sur les capacités d’attraction et de rétention dans la région.
Mandatées par la Conférence régionale des éluEs du Bas-Saint-Laurent, les professeures Beaudry et Laflamme ont commencé, en janvier 2013, une recherche visant notamment à identifier des stratégies pour accroître la rétention et la venue de travailleurs dans la région. Elles se sont entourées d’une équipe composée des professionnelles de recherche Andrée-Anne Deschênes et Pauline Rouillé ainsi que du chargé de cours en gestion des ressources humaines Mounir Aguir.
Dans un premier temps, l’équipe de recherche a analysé les stratégies qui sont déjà mises de l’avant par quelque 80 acteurs socio-économiques de la région. « Nos résultats indiquent que la majorité des acteurs régionaux sondés contribuent de diverses manières à la création et au maintien des emplois existants. Il s’agit d’un constat encourageant en matière d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre. En revanche, les atouts de la région au regard de la qualité de vie gagneraient à être davantage promus. Par exemple, les politiques familiales qui incluent l’aide à la recherche d’un emploi pour le conjoint sont salutaires pour attirer et retenir des couples à deux carrières et les familles », explique la professeure Beaudry.
Une collecte de données a été effectuée auprès de 350 employeurs de la région et de 875 étudiants universitaires provenant de huit universités québécoises francophones, afin d’avoir un bon portrait des attentes et des motivations à s’établir au Bas-Saint-Laurent pour y mener sa vie professionnelle. Des groupes de discussions avec une vingtaine d’employeurs et d’acteurs régionaux ont aussi eu lieu à Rivière-du-Loup et à Rimouski.
Les employeurs sont, en général, peu inquiets à l’égard de la rétention et de l’attraction de la main-d’œuvre, ont constaté les chercheurs. « Il y a un grand travail de sensibilisation à effectuer auprès des employeurs. Il faut leur faire comprendre ce que cela coûte pour remplacer un employé, combien de temps cela prend pour remplacer un employé qui quitte son poste et quels sont les impacts pour leur organisation d’avoir un poste vacant. Il faut parler aux employeurs en termes de coûts réels pour eux, plutôt qu’en termes de données statistiques générales », indique la professeure en gestion des ressources humaines.
Les PME de 200 employés et moins devraient être mieux outillées quant à la gestion des ressources humaines ainsi que le développement de leur image, estime la professeure Beaudry. « Les entreprises de plus de 200 employés ont souvent un service de ressources humaines qui adopte des stratégies. Or, dans les plus petites entreprises, la gestion des ressources humaines est souvent confiée à un gestionnaire qui n’a pas de formation en RH. De même, la fonction marketing est souvent peu représentée dans ces petites entreprises. »
L’attraction et la rétention de la main-d’œuvre doit, par ailleurs, être un enjeu de collaboration entre les PME. « On se rend compte que pour attirer et retenir une main-d’œuvre qualifiée, on ne peut travailler en silo. Par exemple, si on veut attirer un ingénieur dans la région et que sa conjointe ne trouve pas d’emploi, il y a de bonnes chances que le couple n’y reste pas. Il s’agit d’une problématique importante. Les employeurs ont un grand défi de concertation pour travailler ensemble afin de s’entraider. Or, pour l’heure, nos résultats indiquent qu’il y a peu d’actions concertées entre les employeurs. Il y a des petits gestes de collaboration entre quelques entreprises, mais c’est très isolé. »
Les ressources humaines constituent un actif précieux que les entreprises et les organisations ont particulièrement intérêt à prendre en compte, conclut la professeure Catherine Beaudry. « Nous sommes dans une ère d’économie du savoir. C’est notamment par le savoir que l’on possède et par la capacité d’innovation que les entreprises peuvent se distinguer les unes des autres. Et cela, ça découle nécessairement des individus. Il y a une vingtaine d’années, on pensait que le travailleur serait de moins en moins important parce qu’on aurait de plus en plus de technologie, mais c’est le contraire qui s’est produit. Les idées, la créativité, les savoirs et les compétences sont au cœur de la réussite des organisations, et ça, elles l’oublient trop souvent malheureusement. »
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