Rencontre avec les recteurs d’autrefois

Le 24 octobre 2014, l’Association des retraités de l’UQAR a souligné le 20e anniversaire de son existence par une journée Retrouvailles. Pas moins de 95 personnes étaient inscrites. À l’horaire : une table ronde avec quatre anciens recteurs et un souper communautaire truffé de souvenirs. Voici un résumé des propos de ces quatre leaders qui ont occupé, à différentes époques, le poste de chef de l’UQAR.

En ouverture, l’animateur de la rencontre, Michel Bourassa, a tracé quelques étapes qui ont donné naissance, en 1969, à cette université bas-laurentienne. Tout était à faire! Il a rappelé les paroles du regretté Pascal Parent, qui disait ceci : « Alors que plusieurs auraient voulu que les universités dites « régionales » se cantonnent dans les programmes de premier cycle et mettent l’emphase sur le service à la collectivité, l’UQAR s’est toujours affirmée comme une université de plein droit, sise « en région », revendiquant la totalité de la mission universitaire, de façon à développer la recherche pour ensuite mettre sur pied des programmes de second et troisième cycles. »

En 1969, l’UQAR s’appelait le Centre d’études universitaires de Rimouski (CEUR) et son premier directeur était Charles Beaulieu. Dès 1970, Alcide C. Horth a pris la direction de l’établissement jusqu’en 1977, et c’est Pascal Parent qui a pris la relève, de 1977 à 1982.

Guy Massicotte, qui a été recteur de 1982 à 1987, a rappelé que les universités en région étaient encore, au début des années 1980, un rêve à l’avenir incertain. L’UQAR n’avait alors qu’une douzaine d’années, et une baisse de la clientèle étudiante est survenue en même temps qu’une crise économique, ce qui n’a pas été facile à vivre, d’autant plus que les universités des grands centres avaient tendance à s’opposer au développement des universités situées en région.

Le développement du doctorat en océanographie (alors à titre expérimental), l’enracinement de l’Université sur son territoire et l’embauche d’une nouvelle génération de professeurs ont été pour M. Massicotte des dossiers importants. D’ailleurs, il appréciait de voir que les nouveaux chercheurs s’intégraient très bien à la région. Il est fier aussi de la construction des premières résidences sur le campus.

À la direction de l’UQAR de 1988 à 1995, Marc-André Dionne a souligné l’importance pour un recteur d’être bien entouré. Il a d’abord remercié ses prédécesseurs de lui avoir ouvert le chemin : Charles Beaulieu, pour son leadership dans la mise en place de l’établissement; Alcide C. Horth, un scientifique gaspésien qui voyait le potentiel des sciences de la mer; et Guy Massicotte, pour la qualité de ses analyses. Il a ensuite fait état de la collaboration indispensable de plusieurs des membres de son équipe de direction, « des gens qui comprenaient nos défis ».

Le mandat de M. Dionne a été marqué par l’augmentation des clientèles à temps complet, par le développement du génie, par le premier congrès de l’ACFAS en 1993, et par l’essor des activités dans la région de Lévis.

Pierre Couture a été recteur de 1996 à 2003. Le dossier majeur sur lequel il a travaillé, dès le début, a été la fusion de l’INRS-Océanologie et du Département d’océanographie, qui sont devenus l’ISMER (Institut des sciences de la mer de Rimouski). Montréalais d’origine, il a été attiré à l’UQAR par le concept de « Grande université de petite taille ». Il aimait particulièrement le fait de vivre dans une université où il y avait des programmes bien typés et des liens possibles entre les disciplines.

Parmi les dossiers sur lesquels il a travaillé avec vigueur, on compte le doctorat en développement régional, l’attribution des premières chaires de recherche et l’acquisition du navire océanographique, Le Coriolis II.

Enfin, Michel Ringuet, en poste comme recteur de 2003 à 2012se montre notamment heureux d’avoir contribué à la construction du campus tout neuf à Lévis et aux rénovations à Rimouski (amphithéâtre, bibliothèque, informatique, développement régional, CAIR). La croissance accélérée dans le domaine de la recherche, avec une hausse significative des budgets, lui donne aussi satisfaction. « En plus d’être présente dans ses régions, l’UQAR a des missions scientifiques de l’Arctique jusqu’en Antarctique », dit-il.

Il a rappelé le succès de la campagne majeure de financement, qui a atteint les 11 millions $, et le développement de partenariats avec le milieu, dans différentes domaines. Il a aussi mentionné l’augmentation importante d’étudiants étrangers à l’UQAR, et notamment, l’accueil d’un petit groupe d’étudiants haïtiens, après le terrible tremblement de terre de 2010. En tant que recteur, l’incendie de mai 2009 et les grèves étudiantes (2005 et 2012) ont été les périodes les plus éprouvantes.

L’avenir

Considérant que la société a des besoins énormes de savoir et d’expertise, l’avenir d’une université comme l’UQAR semble assuré.

Selon les ex-recteurs, il faudra quand même affronter certaines difficultés évidentes. Les budgets sont souvent imprévisibles, avec des compressions cruelles et aveugles, en plein milieu d’année budgétaire… Le réseau UQ apparaît fragile, avec le désir d’autonomie de certaines constituantes. Aussi, la faible démographie demeure une complication pour les universités en région.

Questionnés sur l’avenir de l’UQAR, les ex-recteurs ont mentionné quelques pistes, notamment :

> anticiper la concurrence avec les cours en ligne offerts sans frontières;
> cibler les nouveaux domaines créatifs d’emplois;
> avoir la souplesse de se tourner rapidement pour saisir les opportunités;
> et surtout, chercher à contrôler les destinées régionales plutôt que de laisser les décisions dans les lointaines organisations. « La globalisation est à éviter, a lancé l’un d’eux. C’est important d’être bien enraciné dans son milieu. »

Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca