Enfouis dans les épaisses couches sédimentaires des falaises de Miguasha, sur la rive de la baie des Chaleurs, en Gaspésie, se trouvent les fossiles parmi les plus vieux au monde. Selon toute vraisemblance, ce seraient nos lointains, lointains, lointains ancêtres!
Paléontologue et professeur de biologie à l’UQAR, Richard Cloutier a donné à l’Université, le 26 septembre dernier, une conférence publique sur Miguasha. L’activité était organisée conjointement par l’Association des retraités de l’UQAR et par l’Association des aînés de l’UQAR.
M. Cloutier est un consultant scientifique qui s’intéresse de très près à ce site géologique privilégié. Il a d’ailleurs écrit un livre sur la question (Le parc national de Miguasha, De l’eau à la terre). Il participe également de près à l’essor de ce musée gaspésien.
Bien avant les dinosaures
Il y a 380 millions d’années (bien avant l’époque des dinosaures!), Miguasha accueillait diverses espèces de poissons, dans un environnement aquatique tropical. Depuis plus de cent ans, les falaises de cette région, d’une hauteur de trente mètres, dévoilent peu à peu aux chercheurs les fossiles de ces poissons d’autrefois. En scrutant attentivement les restes de leurs squelettes, il est possible d’imaginer les premières espèces de vertébrés qui sont progressivement sorties de la mer pour conquérir les sols marécageux.
Pour s’adapter à ce nouvel environnement, certaines espèces ont, sur plusieurs générations, vu leurs nageoires se transformer en pattes, ce qui leur a permis de se traîner, puis de marcher sur le sol. Ces poissons rampants sont donc considérés comme les lointains ancêtres des nombreuses espèces animales (les tétrapodes) qui circulent sur la Terre aujourd’hui grâce à leurs pattes. Les humains en font partie!
Le spécimen dont le Musée de Miguasha est le plus fier, affirme M. Cloutier, c’est un animal qui a pour nom Elpistostege. « On l’appelle couramment Elpi, explique-t-il. Sur le plan biologique, c’est actuellement la dernière espèce connue de poisson avant l’arrivée des premiers tétrapodes. L’articulation de ses nageoires se rapproche de celle des pattes. Il pouvait probablement sortir de l’eau et ramper sur le milieu continental. C’est véritablement un chaînon manquant. À Miguasha, pas moins de 18 000 fossiles, provenant d’une vingtaine d’espèces de poisson différentes, ont été catalogués jusqu’à maintenant. »
Pour sa conférence, le professeur Cloutier a fait un survol des principales découvertes réalisées à Miguasha depuis 1892, d’abord par un paléontologue américain, Edward Drinker Cope. D’autres spécialistes ont suivi, d’origine européenne (des Suédois, des Anglais, des Allemands) ou américaine (États-Unis).
Depuis une vingtaine d’années, ce sont des Québécois qui ont pris en main la responsabilité du site. Richard Cloutier et Isabelle Béchard sont d’ailleurs à l’origine de la découverte scientifique majeure que représente le spécimen d’Elpistostege, une découverte soulignée par des spécialistes de plusieurs pays.
Le Parc national de Miguasha attire des scientifiques et des touristes du monde entier. C’est une valeur qui fait la réputation du Québec. Néanmoins, dans notre ère de compressions budgétaires, la survie d’un tel parc est toujours fragile, d’autant plus que le site est éloigné des grands centres, ce qui nuit à son achalandage.
Pour l’avenir, Richard Cloutier estime qu’il faudra miser sur la réalité virtuelle pour donner un nouvel élan à ce musée et attirer ainsi de nouvelles générations de visiteurs. « Grâce aux outils scientifiques et technologiques actuels, nous pourrions mettre au point des programmes dans lesquels les visiteurs auraient l’impression de se promener dans l’environnement propre à cette époque lointaine, avec des images interactives. Ce serait une belle façon de susciter l’intérêt des jeunes en particulier. »
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