Geoffrey Lain, diplômé de l’UQAR au baccalauréat en communication (relations humaines), a mis à profit sa formation universitaire en devenant chargé de projet pour l’organisme communautaire Clefs en main, destiné à aider les personnes marginalisées à se réhabiliter par l’acquisition d’un logement.
Originaire de l’Occitanie dans le sud de la France, c’est durant un symposium, alors qu’il effectuait une visite au Québec, que Geoffrey Lain a été attiré par des études en psychosociologie. À cette époque, il occupait depuis quelques années un emploi d’infirmier en France. Cependant, durant sa pratique, certaines préoccupations l’habitaient concernant ce métier, notamment au sujet de l’épuisement professionnel chez les soignants. Lors du symposium auquel il assistait, les conférences données par les étudiants coïncidaient avec la vision qu’il avait du soin et de l’accompagnement, ce qui a contribué à éveiller son intérêt envers la psychosociologie. « En fait, je découvrais que les approches qui arrivaient à intégrer une philosophie humaniste dans les milieux de travail, dans les organisations humaines, c’était vraiment ce qui me manquait dans mon expérience avec le milieu hospitalier en Europe. Je me suis dit que c’était la continuité de mon métier », explique-t-il.
Les enjeux concernant le rapport au métier de soignant ont été au cœur de la réflexion de Geoffrey Lain tout au long de ses études en psychosociologie. Au fil de son parcours, il a émis l’hypothèse que pour remédier à l’épuisement professionnel dans le milieu des soins, il était essentiel de concilier la réalité du métier avec les valeurs originelles du soignant, soit les raisons pour lesquelles ce dernier souhaitait exercer sa profession à l’origine. Dans son cas particulier, M. Lain a pris conscience que dans son milieu de travail en France, il ne pouvait pas singulariser son approche auprès des patients, et qu’il n’avait pas la possibilité d’individualiser leur prise en charge. « J’ai compris que peu à peu, pour moi, le soin c’est de l’artisanat, ce n’est pas un travail à la chaine », soutient-il.
Durant sa troisième année d’études au baccalauréat en communication (relations humaines), Geoffrey Lain a choisi d’effectuer son stage en milieu de travail chez Pech-Sherpa, un organisme communautaire situé dans la Ville de Québec qui œuvre pour la réinsertion sociale de personnes marginalisées. À la suite de ses études, un poste de chargé de projet s’est ouvert chez Clefs en main, un volet de service indépendant de Pech-Sherpa qui se concentre sur les besoins des clientèles marginalisées en matière de logement social, l’objectif étant d’aider les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale, de judiciarisation, d’itinérance, de toxicomanie, de prostitution, etc. Le programme permet à ces personnes de choisir le logement qu’elles souhaitent, dans le quartier qu’elles veulent et qui est abordable selon leur revenu. « Chez Clefs en main, nous faisons le pari que c’est par l’acquisition d’un logement autonome que la personne pourra se réhabiliter socialement et se rééquilibrer du point de vue psychologique et de son quotidien », mentionne Geoffrey Lain.
Son travail chez Clefs en main consiste à intervenir concrètement sur les situations d’instabilité résidentielle et de comprendre les besoins des locataires, des propriétaires ainsi que du voisinage dans une optique d’accompagnement et non d’intervention. Geoffrey Lain est également coordonnateur d’une recherche-action mise en place pour tenter de comprendre la réalité de certaines personnes qui ont eu le soutien du programme Clefs en main, mais qui, pour diverses raisons, n’ont pas réussi à se maintenir en logement et en ont été expulsées. D’un autre côté, avec l’aide d’un autre stagiaire en psychosociologie, Geoffrey Lain a créé un focus-groupe composé de locataires qui, pour leur part, ont réussi à se réinsérer et ont conservé leur logement pendant un minimum de 3 ans et pour qui l’obtention d’un logement social a été synonyme d’une réhabilitation psychosociale, d’un retour sur le marché de l’emploi et d’implications dans la vie citoyenne et communautaire.
« Quand je regarde mon parcours, qui traverse les milieux hospitaliers, la psychosociologie jusqu’à ce travail de réinsertion sociale, je suis satisfait de là où j’en suis, d’être dans une exploration et une création de pratiques d’accompagnement qui font du sens pour la personne et le praticien que je suis, satisfait aussi de voir que mon travail fait une différence positive pour certaines personnes dans le besoin », termine-t-il.
Avec la collaboration de Mathieu Leblanc-Casavant.
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