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La maternité, source de bonheur… mais aussi d’épuisement

Jessy Pelletier est étudiante à la maîtrise en étude des pratiques psychosociales. (Photo : Jean-Luc Théberge)

Avoir un enfant marque une vie. C’est une source d’accomplissement, de fierté et de réalisation personnelle pour plusieurs parents. Toutefois, l’idéalisation de l’expérience parentale peut aussi devenir une source de stress, d’angoisse et même de dépression. Dans le cadre de sa maîtrise en étude des pratiques psychosociales, Jessy Pelletier pose un regard sur ces aspects de la maternité dans le monde occidental en 2017.

Jessy Pelletier revenait d’un séjour de deux ans en Afrique avec son premier enfant lorsqu’elle a vécu un véritable choc culturel lors de son retour au Canada sur la façon de vivre sa maternité. « J’ai constaté au cours de cette deuxième grossesse que malgré toutes les mesures mises de l’avant en Occident pour faciliter la vie des parents, comme les congés parentaux ou les horaires de travail flexibles, il y a, entres autres, une pression sociale intense qui peut conduire les parents, et particulièrement les mères, à l’épuisement physique et psychologique. J’ai donc cherché à approfondir ma compréhension des différentes problématiques de la féminité et de la maternité à travers mon expérience de mère dans ma culture », explique-t-elle.

 

Pour réaliser son projet recherche, Mme Pelletier réalise une recherche autoethnographique par une approche phénoménologique et herméneutique. Cette méthode de recherche consiste en une narration de soi qui tient compte de la relation avec les autres dans des contextes culturels et sociaux précis, dans l’objectif de dégager de nouvelles connaissances. Dirigée par la professeure en psychosociologie spécialiste en histoire de vie Diane Léger, elle s’appuie sur l’analyse de l’expérience vécue par un sujet  plutôt que de miser uniquement, comme c’est traditionnellement le cas, sur des contenus théoriques déterminés d’avance.

Sa démarche de recherche à la première personne comporte l’analyse de documents personnels qui concernent son expérience, comme des notes, un journal de bord, des poèmes et des récits, de la littérature scientifique en anthropologie, en sociologie et en psychologie, mais aussi de contenus grand public, comme des articles de journaux, des reportages et des blogues. « J’ai constaté que la solitude, la pression sociale, le stress et l’épuisement psychologique étaient beaucoup plus caractéristiques de la maternité dans les sociétés occidentales que dans certaines sociétés d’Afrique par exemple », indique la chercheuse.

« Dans nos sociétés occidentales, la famille nucléaire s’est davantage repliée sur elle-même que dans d’autres régions du globe, où l’on entend souvent le proverbe Il faut un village pour élever un enfant. Ici, certains parents sont de plus en plus seuls, et l’enfant est devenu le centre de leurs préoccupations avec toute la pression qui vient avec : sur la santé, sur l’alimentation, sur la sécurité, etc. Les parents se sentent surveillés et jugés plus que jamais et leur sentiment de compétence parentale est très fragile. Certaines transformations sociales, comme la diminution du soutien social et de la famille élargie, affectent précisément les femmes  », note Mme Pelletier.

Selon la chercheuse, il y a une pression sociale exercée sur les parents pour réussir leur parentalité, pendant qu’ils doivent s’accomplir sur le plan individuel, ce qui est plutôt paradoxal. « Il faut à la fois tout donner pour ses enfants, mais pour s’accomplir personnellement, il faut d’abord penser à soi. Lorsque les parents reçoivent le message qu’ils doivent préparer leur enfant pour une bonne rentrée à l’école dès la petite enfance, la parentalité ne devient plus un état, mais un projet à réussir », dénonce-t-elle.

Au-delà d’elle-même, c’est toute la société que Jessy Pelletier interpelle par ce travail de recherche : avec la mise en action d’une expérience singulière,  c’est l’expérience universelle de la quotidienneté parentale qui est interrogée. « Au même titre que j’ai, comme mère, pris conscience de ces problèmes, ma démarche peut amener d’autres personnes à changer le rapport qu’elles entretiennent avec la parentalité. L’objectif est de créer de l’intelligence collective et des solutions d’entraide par les individus eux-mêmes au lieu d’attendre des politiques gouvernementales », conclut-elle. 

 

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