• Accueil
  • Blogue
  • Un nouvel outil en ligne pour la prévention des ITSS chez les jeunes

Un nouvel outil en ligne pour la prévention des ITSS chez les jeunes

Karine Lelièvre est étudiante à la maîtrise en sciences infirmières.

Les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) sont en hausse au Québec, et les jeunes sont particulièrement à risque. Infirmière clinicienne en milieu scolaire, Karine Lelièvre constate dans ses consultations cliniques que de nombreux patients n’utilisent pas le condom, et ce, malgré un nombre important de partenaires sexuels différents. Dans le cadre de sa maîtrise en sciences infirmières, la chercheuse a élaboré un programme de prévention des ITSS chez les jeunes accessible en ligne.

Même traitées, certaines ITSS peuvent entraîner des complications importantes pour la santé, allant même jusqu’à l’infertilité. Selon les données publiées à l’automne 2016 par le directeur national de la santé publique, 35 % des infections de gonorrhée et 61 % de chlamydia touchent les 15-24 ans. Ces chiffres n’incluent pas les personnes infectées qui l’ignorent. « Lors de mes consultations, j’ai remarqué que, souvent, les jeunes utilisent le condom lors des premières relations sexuelles avec un partenaire, mais en cessent l’utilisation dès le moment où ils le connaissent davantage, et ce, sans pourtant recourir à un test de dépistage au préalable. Ce groupe d’âge a peu tendance à se présenter en clinique, entretient de nombreux préjugés concernant l’utilisation du condom et a tendance à banaliser les risques de leurs comportements sexuels », observe Mme Lelièvre.

Considérant l’omniprésence des technologies de l’information dans la vie des 15-24 ans, Karine Lelièvre a mis sur pied un projet de recherche consistant à créer une plate-forme en ligne de promotion de la santé sexuelle. Sous la direction de la professeure spécialiste en santé communautaire et publique Nicole Ouellet et la codirection de la professeure spécialiste en santé des jeunes et auprès des familles Sonia Dubé, l’étudiante a créé un programme faisant appel à une combinaison d’expériences d’apprentissage pour améliorer les connaissances, les attitudes et les comportements des jeunes en lien avec leur propre santé sexuelle. Des capsules vidéos, des jeux-questionnaires, différentes activités ludiques et une partie interactive avec un professionnel de la santé y sont proposés.

« Lors de consultations individuelles en milieu scolaire, j’ai observé la présence de connaissances erronées de la part des jeunes, en ce qui a trait notamment aux facteurs de risque, aux modes de transmission et aux symptômes. Par exemple, certains pensent qu’en pratiquant le sexe oral, ils ne peuvent pas contracter d’infection, que l’absence de symptômes garantit l’absence d’infection ou que toutes les ITSS se traitent facilement. D’autres sont incapables de distinguer les diverses ITSS et minimisent leurs conséquences », soutient-elle.

Plusieurs études confirment une recrudescence d’attitudes et de comportements plutôt négatifs face à l’utilisation du condom. « Plusieurs jeunes estiment que le condom amoindrit le plaisir, qu’il coûte cher, que c’est compliqué d’en acheter ou que c’est gênant de demander au partenaire de l’utiliser. La peur d’être mal perçu, d’être jugé ou d’être l’objet de moqueries peut prendre le dessus. La plate-forme proposée offre par exemple des capsules de démonstration de la pose du condom et suggère des stratégies de négociation de port de celui-ci avec le partenaire », indique Mme Lelièvre.

Actuellement en phase de test, le site Web devrait être lancé officiellement à l’hiver 2018. Déjà, les premiers résultats sont forts encourageants. La chercheuse a d’abord soumis deux groupes d’écoles différentes du Bas-Saint-Laurent à un questionnaire pour évaluer leurs connaissances, attitudes et comportements en matière de santé sexuelle. Un seul des deux groupes a par la suite testé les différents modules du site Web. Trois mois plus tard, elle a redistribué le même questionnaire. Résultat : le groupe expérimental a augmenté son score au test de connaissances d’environ 12 %, alors que pour le groupe témoin, le résultat est resté stable.  

« Ces résultats témoignent de la pertinence de trouver de nouvelles façons de rendre accessible l’information qui donnera aux jeunes la confiance, la motivation et le discernement nécessaires pour mettre ces connaissances en application, et d’acquérir les aptitudes requises pour améliorer leur santé sexuelle et pour éviter les conséquences négatives », conclut Mme Lelièvre.

 

Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca