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L’anxiété chez les jeunes : mieux comprendre pour agir

Julie Beaulieu est professeure en adaptation scolaire et sociale au campus de Lévis.

Il s’agit d’une émotion normale, mais chez plusieurs enfants, l’anxiété cause de nombreux problèmes, particulièrement en milieu scolaire. La professeure en adaptation scolaire et sociale Julie Beaulieu s’est penchée sur cette question et a étudié différentes stratégies qui peuvent aider les enfants de niveau primaire ou secondaire à prévenir cette anxiété et à trouver les moyens pour apprendre à la gérer.

L’anxiété, ce n’est pas du stress. C’est une émotion qui est beaucoup plus insidieuse et qui entraîne beaucoup plus de défis chez l’enfant qui en souffre. Contrairement au stress, l’anxiété n’est pas nécessairement générée par un événement, mais dans l’appréhension de ce qui pourrait arriver. Elle se répercute sur plus d’aspects de la vie de l’enfant et perdure davantage.

Et si je ne réussis pas ? Et si on rit de moi ? Et si…? Voilà bien souvent le leitmotiv des enfants souffrant d’anxiété. Cette anticipation des événements ou des résultats est la cause de bien des soucis chez ces enfants, mais également chez les parents et les enseignants. La professeure Julie Beaulieu propose des outils pour aider ces derniers à accompagner un enfant anxieux dans son quotidien.

« Il faut d’abord réussir à identifier les manifestations de l’anxiété », indique la professeure Beaulieu. « On définit l’anxiété à travers trois principales composantes sur lesquelles il est possible d’intervenir : les pensées, les comportements ainsi que les sentiments et les réactions physiologiques. »

Les pensées sont principalement négatives. Elles se manifestent par des craintes qui ne sont pas toujours liées à la réalité. L’enfant appréhende ce qui pourrait arriver de plus grave. Les comportements associés à l’anxiété permettent à l’enfant d’éviter le problème qu’ils appréhendent, que ce soit par la fuite, par l’évitement, en faisant une crise ou en étant inattentif. Les réactions physiologiques se manifestent notamment par des tremblements et l’accélération du rythme cardiaque, combinés aux sentiments qui les causent comme la crainte, la honte, la tristesse ou la colère.

À ne pas confondre avec les troubles anxieux, l’anxiété est de plus en plus observée dans les milieux scolaires, tant aux niveaux primaires que secondaires, et engendre chez l’élève des conséquences sur les plans social, psychologique et scolaire. Peu décrit scientifiquement, ce phénomène amène les enseignants à trouver des moyens de le détecter et à ce qu’ils puissent poser les premières interventions lors de sa manifestation. Le dépistage devient donc primordial et la meilleure façon de comprendre ce qui rend un enfant anxieux est de l’interroger pour ensuite mettre en place les moyens adaptés à sa situation.

« On ne cherche pas à éliminer l’anxiété », précise la professeure Beaulieu, « on cherche à la contrôler. Une anxiété bien gérée va souvent amener l’enfant à se dépasser et à être plus performant. L’anxiété mal gérée va persister et peut amener l’enfant à adopter des comportements souvent problématiques. Il faut donc se donner des moyens pour arriver à bien la gérer. C’est un travail à long terme qui demande de l’énergie et de la patience. »

L’une des façons d’obtenir des résultats, notamment sur les comportements, est la méthode des petits pas.

« Cette méthode consiste à affronter une situation graduellement. Par exemple, si l’enfant est anxieux à l’idée de faire un exposé oral, on pourra l’accompagner en plusieurs étapes. D’abord, il doit s’exercer seul devant son miroir, puis devant ses parents et sa famille. Ensuite, on filme sa présentation et enfin, il la répète devant un ami de l’école. Chaque étape doit être réalisée lentement et il est important de fixer des objectifs réalistes. Cela doit être simple et facilement atteignable pour l’enfant au début de l’intervention », explique la professeure Beaulieu. « Cette réussite amènera l’enfant à avoir davantage confiance en lui et en ses moyens et il sera plus enclin à franchir la prochaine étape représentant un plus grand défi. »

Avoir une routine et un cadre permet à l’enfant de se fixer des repères. L’anxiété est souvent plus présente en classe lors des moments où la structure est moins stable comme la rentrée scolaire, les temps d’examens et les fins d’années. Par contre, il est sain de déroger occasionnellement à la routine pour amener l’enfant à vivre une situation différente. Ces dérogations doivent cibler davantage des situations pour lesquelles l’enfant ressent peu ou pas d’anxiété.

Pour intervenir sur les pensées, il est nécessaire de questionner l’enfant et de comprendre ses craintes puisque l’anxiété est liée à l’anticipation. Avec cette information, il devient possible de reprendre chaque « Et si ? » et d’y répondre en ramenant l’enfant dans le moment présent, en lui montrant que rien de dramatique ne lui arrivera. C’est une façon de l’aider à avoir des pensées plus positives et aidantes pour qu’il réagisse mieux et affronte ses appréhensions.

Du côté des sentiments, l’intervention consiste d’abord à apprendre à les reconnaître et à les nommer. La littérature jeunesse est souvent un bon outil pour identifier les émotions. Lors d’une situation problématique, plutôt que de culpabiliser le jeune, le parent ou l’enseignant doit chercher à comprendre l’enfant et à l’accompagner dans sa résolution de problème afin d’arriver à une solution qui ne lui sera pas imposée, mais plutôt trouvée avec sa collaboration.

Afin d’aider l’enfant sur le plan physique, il existe un arsenal de moyens souvent utilisés en classe : outils sensoriels (balle antistress, Tangle, animal lourd, etc.) dessin, technique de relaxation, pleine conscience, yoga, etc. L’enfant doit apprendre à reprendre le contrôle de ses émotions. Puisque la fatigue augmente les symptômes de l’anxiété, une bonne hygiène de vie par le sommeil ou le sport favorise sa maîtrise.

Accompagner un enfant anxieux demande de l’énergie. Il faut surtout éviter de le punir ou de mettre de la pression, ce qui risque de ralentir sa progression ou d’augmenter son anxiété. Pour chaque situation anxiogène, il importe de trouver la cause et d’évaluer les conséquences. La clé du succès consiste à renforcer tous les efforts et non pas la réussite. Il n’y a pas de solution unique, mais plutôt une multitude de moyens qui peuvent être travaillés avec la participation de l’enfant qui doit se les approprier. L’enfant pourra être accompagné au début dans le choix des stratégies les plus efficaces pour gérer son anxiété afin qu’elles répondent à ses besoins. C’est une marche à la fois qu’il développera son autonomie pour apprendre à gérer son anxiété à travers le temps.

 

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