Le Réseau Québec maritime (RQM) a réalisé une première mission océanographique hivernale sur le Saint-Laurent en février dernier dans le cadre de son programme de recherche Odyssée Saint-Laurent. À bord du brise-glace de la Garde côtière canadienne Amundsen, une quinzaine de scientifiques ont pris part à cette expédition visant à obtenir des connaissances de pointe sur le système Saint-Laurent en hiver.
Cette mission sur le brise-glace de recherche canadien s’inscrit dans le cadre du chantier « Découverte » du programme de recherche Odyssée Saint-Laurent. Elle fait suite à un partenariat stratégique entre le RQM, Amundsen Science et la Garde côtière canadienne. « Il s’agit d’une première mission à se dérouler dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent à bord du NGCC Amundsen dans des conditions hivernales. Il y a un manque de connaissances important sur la dynamique et les interactions des processus physiques, biogéochimiques, écologiques et sédimentologiques ayant cours l’hiver dans le système Saint-Laurent. Par cette mission, nous souhaitons apporter l’éclairage pertinent pour répondre à ces questions », indique le directeur du Réseau Québec maritime et directeur scientifique d’Odyssée Saint-Laurent, le professeur Guillaume St-Onge.
La mission à bord du brise-glace Amundsen s’est déroulée du 8 au 24 février dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent. Les activités scientifiques ont été combinées aux activités de déglaçage et d’escorte de la Garde côtière canadienne. Durant la mission, des scientifiques et des étudiants ont procédé à l’échantillonnage de sédiments, de plancton, de plaques de glace chargées de sédiments et d’eau à différentes profondeurs pour déterminer les propriétés physico-chimiques de la colonne d’eau.
« Ces différents échantillonnages nous permettront, par exemple, d’étudier les propriétés sédimentologiques, physiques, minéralogiques et chimiques des sédiments récoltés, de déterminer leur provenance et le rôle de la glace dans la dynamique sédimentaire et l’érosion côtière. L’ensemble des échantillons recueillis vont fournir une excellente couverture de surface de l’ensemble de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent en hiver, ce qui servira de point de comparaison pour mieux documenter la variabilité climatique et environnementale dans cette région subarctique », explique le chef de mission Jean Carlos Montero Serrano, de l’UQAR-ISMER.
En outre, des travaux seront menés afin de mieux comprendre la structure de la colonne d’eau hivernale et la dynamique du zooplancton qu’on y retrouve. « Il y a un mythe qui dit qu’il ne se passe rien en hiver. Mais c’est faux. Nous avons constaté lors de la mission qu’il y a des organismes, comme des crustacés, qui sont en mesure de se reproduire même en conditions hivernales », indique la co-cheffe de mission Gesche Winkler, de l’UQAR-ISMER.
Des scientifiques de plusieurs universités bénéficieront aussi des données et échantillons recueillis à bord de l’Amundsen. En plus de ceux de l’UQAR-ISMER, des chercheuses et des chercheurs de l’Université Laval, de l’Université McGill et de l’Université Concordia effectueront des travaux de recherche afin de mieux comprendre les différents processus hivernaux dans le système Saint-Laurent. Les premiers résultats de recherche sont attendus à la fin de l’année.
Odyssée Saint-Laurent
Odyssée Saint-Laurent est un ambitieux programme de recherche dirigé par le Réseau Québec maritime. Bénéficiant d’un financement de 15 M$ du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation du Québec, Odyssée Saint-Laurent est articulé autour de trois chantiers, soit « Découverte », « Applications » et « Innovation ouverte ». Le programme de recherche vise l’acquisition de connaissances sur les écosystèmes du Saint-Laurent, la biodiversité et les facteurs de stress environnementaux du système Saint-Laurent, la conception d’outils, de technologies et de pratiques novatrices pour un développement maritime durable. « L’un des volets importants est le transfert et la valorisation des nouvelles connaissances issues des trois chantiers auprès des différents intervenants du domaine maritime », souligne le professeur Guillaume St-Onge.
Lancé en mai 2016, le Réseau Québec maritime rassemble quelque 140 établissements membres, dont l’ensemble des universités du Québec, des collèges et des centres collégiaux de transfert technologique, des centres de recherche, des organisations gouvernementales et parapubliques, des organisations communautaires et des industries œuvrant dans le domaine maritime. Rattaché à l’UQAR qui en est l’organisme gestionnaire, le RQM a pour mandat de faire du Québec un leader mondial sur le plan du développement maritime durable. Mentionnons que les activités du RQM sont menées en étroite collaboration avec l’Institut France Québec pour la coopération scientifique en appui au secteur maritime (IFQM), qui est également basé à l’UQAR. Le ministère de l’Économie, de la Science et de de l’Innovation du Québec et les Fonds de recherche du Québec sont partenaires financiers du RQM et de l’IFQM.
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