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Six chercheurs de l’UQAR-ISMER participent à une mission dans l’Arctique canadien à bord de l’Amundsen

(Photos : Marc-André Pauzé)

Six chercheurs de l’UQAR-ISMER embarquent ce jeudi à bord de l’Amundsen pour une mission scientifique de trois semaines dans l’Arctique canadien. Une mission qui leur permettra de cartographier les sédiments du fond marin et d’évaluer l’impact des changements climatiques sur l’environnement marin du nord du Canada.

Spécialiste en géochimie et en géologie marine, le professeur Jean-Carlos Montero-Serrano, les étudiantes à la maîtrise en océanographie Jade Brossard, Anne Corminboeuf, Aude Boivin-Rioux et Fatma Dhifallah et la stagiaire doctorale Maria-Emilia Rodriguez-Cuicas font partie de cette expédition sur le brise-glace de la Garde côtière canadienne Amundsen. La mission s’inscrit dans le cadre de la programmation de recherche d’ArcticNet, un réseau qui regroupe une trentaine d’universités canadiennes.

La mission sur l’Amundsen vise à constater l’impact du réchauffement climatique observé depuis une dizaine d’années sur l’Arctique canadien. « Les données instrumentales démontrent une augmentation de température et une réduction accélérée de la couverture de glace en Arctique, avec une diminution de l’ensemble de son volume et de son épaisseur ainsi qu’une réduction de la superficie de plusieurs glaciers localisés dans l’île d’Ellesmere située dans le Nunavut. Cependant, pour mettre en perspective la réduction de la banquise et la fonte accélérée des glaciaires de l’Arctique, il est nécessaire de connaître leur histoire dans le passé géologique », explique le professeur Montero-Serrano.

Au cours de la mission scientifique, le professeur Montero-Serrano et son équipe vont effectuer des prélèvements de carottes sédimentaires dans les fonds marins de l’Arctique pour mieux connaître le passé géologique de l’Arctique. De plus, Aude Boivin-Rioux, qui travaille au sein de l’équipe du professeur Michel Gosselin, s’assurera du suivi des communautés phytoplanctoniques dans la colonne d’eau. L’intégration de l’ensemble des connaissances sur le présent ainsi que sur le passé permettra ainsi de dresser un portrait plus complet des impacts possibles qu’auront les changements climatiques sur l’océan Arctique.

Les carottes sédimentaires gardent en mémoire des informations précieuses sur les conditions océaniques passées, telles que l’évolution des courants marins, les processus biogéochimiques et les conditions environnementales passées. Les longues carottes sédimentaires prélevées à l’aide du carottier à gravité ou encore à piston, permettent l’échantillonnage de carottes sédimentaires d’une longueur maximale de 2,8 m et 9 m respectivement. « Ces carottes permettent de remonter généralement entre 10 000 et 15 000 ans, dépendant du taux d’accumulation des sédiments  », indique le professeur Montero-Serrano.

Les recherches menées par l’équipe de l’UQAR-ISMER sur les fonds marins et la colonne d’eau de l’Arctique apporteront un éclairage important dans un contexte où la réduction de la glace de mer de l’Arctique laisse entrevoir la possibilité de l’ouverture du passage du Nord-Ouest. Ce passage représenterait pour l’industrie du transport maritime une voie plus rapide entre l’Atlantique et l’Asie. Aussi, une augmentation du trafic maritime aurait nécessairement un impact sur l’environnement marin de l’archipel Arctique canadien. « Il existe peu de données concernant la composition sédimentologique, minéralogique et chimique des sédiments du fond marin de l’archipel ainsi que sur la variabilité spatiale et temporelle des communautés phytoplanctoniques. Il est alors primordial d’établir un état initial qui servira de référence pour évaluer les impacts de l’augmentation de la circulation maritime dans cette région. C’est la raison qui nous emmène ici, mes étudiants et moi », mentionne le professeur Jean-Carlos Montero-Serrano.

« Avec les carottes prélevées dans les sédiments de surface, nous allons évaluer, entre autres, la variabilité des concentrations en métaux lourds tels que le plomb, l’arsenic, et le chrome, ainsi qu’en hydrocarbures aromatiques polycycliques au cours des derniers siècles. Un suivi de ces valeurs permettra éventuellement d’évaluer les impacts de l’augmentation du trafic maritime dans le Nord canadien et dans le passage du Nord-Ouest plus spécifiquement », précise Anne Corminboeuf.

L’équipe de l’UQAR-ISMER s’intéressera aussi à l’impact des variations climatiques sur les glaciers. Car ceux-ci réagissent dynamiquement à ces variations, entraînant à l’aval des modifications importantes dans l’apport de sédiments vers le fond marin. Ainsi, « l’étude de la composition des différentes couches de sédiments accumulées au fil des décennies dans des zones proches aux glaciers permettra de comprendre comment ceux-ci ont réagi aux variations climatiques et océanographiques passées », indique Jade Brossard.

Les carottes récoltées dans le cadre de cette mission seront entreposées dans le laboratoire de géologie marine de l’UQAR-ISMER. Elles seront analysées et serviront de référence pour les prochaines cohortes d’étudiants à la maîtrise et au doctorat que le professeur Montero-Serrano compte recruter dans les prochains mois et les prochaines années. La mission sur l’Amundsen se déroulera jusqu’au 7 septembre. Mentionnons que les activités de recherche menées par les professeurs Jean-Carlos Montero-Serrano et Michel Gosselin dans l’Arctique sont appuyées financièrement par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG).

 

Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca