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Lecture à la maternelle : des pistes pour oser l’album documentaire

Hélène Beaudry est étudiante à la maîtrise en éducation.

La lecture est un élément essentiel pour soutenir le développement global des enfants de la maternelle, notamment sur les plans langagier et cognitif. Les recherches dans le domaine de l’éducation démontrent que les enseignantes et les enseignants du préscolaire semblent privilégier les livres d’histoire au détriment des albums documentaires. Dans le cadre de sa maîtrise en éducation, Hélène Beaudry étudie la manière dont des enseignantes de maternelle mettent en œuvre des pratiques efficaces de lecture interactive d’albums documentaires après y avoir été formées.

L’album documentaire, comparativement au livre de fiction, poursuit l’objectif d’informer le lecteur, sans que le contenu soit présenté dans un récit narratif. Il aborde souvent des thématiques propres aux sciences naturelles, aux sciences sociales ou aux technologies. Il emploie un vocabulaire technique, peut comprendre un glossaire et peut comporter des encadrés pour fournir des informations complémentaires au texte principal. Enfin, il se distingue par des éléments visuels comme des schémas, des diagrammes, des tableaux ou des photographies qui ont un but informatif, et non seulement esthétique.

« Plusieurs études soulignent qu’une exposition précoce à des albums documentaires permet aux enfants d’être ultérieurement outillés  pour lire dans le but de s’informer. La lecture interactive de ces albums, c’est-à-dire lorsque l’enseignant lit en interagissant avec les enfants, permet notamment de les familiariser avec les caractéristiques des textes informatifs qu’ils vont rencontrer tout au long de leur cheminement scolaire et dans leur vie quotidienne », explique Mme Beaudry.

Son projet de recherche vise ainsi à mieux cerner la mise en œuvre des pratiques exemplaires de lecture interactive d’albums documentaires par des enseignantes de maternelle 5 ans formées à cet effet. Éventuellement, les résultats du projet de recherche pourraient être utilisés afin de concevoir des programmes de formation qui répondront aux besoins et aux défis qu’elles rencontrent lorsqu’elles mettent en œuvre ces pratiques. Lors d’une journée pédagogique, la chercheuse a d’abord formé deux enseignantes du préscolaire de la région de la Chaudière-Appalaches sur les pratiques reconnues efficaces de lecture interactive d’albums documentaires. Puis, elle a observé les enseignantes en classe pour relever les réussites et les défis.

« Les bonnes pratiques s’appliquent avant, pendant et après la lecture. Par exemple, les enseignantes doivent bien se préparer en déterminant de façon précise le sujet qu’elles souhaitent approfondir. On ne lit pas un album documentaire, du début à la fin, comme on le fait pour une histoire. Si on choisit un ouvrage sur les animaux de la forêt, on peut sélectionner spécifiquement les pages portant sur un animal en particulier. Durant la lecture, les enseignantes doivent s’assurer d’utiliser le contenu visuel pour bonifier la compréhension des enfants. À la suite de l’activité, elles peuvent proposer des ateliers ou une activité ludique qui permet aux enfants de consolider leurs nouvelles connaissances », cite-t-elle en exemple.

Les premiers résultats révèlent que la formation à la lecture interactive d’albums documentaires a permis aux enseignantes de mieux organiser cette activité. « L’exercice a d’abord permis de varier davantage les sujets de lecture. Au lieu de se limiter aux ouvrages sur les animaux, des lectures sur les véhicules d’urgence, sur les fêtes à travers le monde et même sur le chocolat ont été réalisées. La démarche a aussi permis d’intégrer la réalisation d’activités complémentaires à la pratique des enseignantes. Le visionnement d’une capsule vidéo ou l’ajout d’un coin d’écriture thématique en classe en sont des exemples », observe-t-elle. « Toutefois, la lecture interactive d’un album documentaire est une activité qui nécessite plus de temps de préparation, de réalisation et d’organisation, notamment en ce qui concerne l’élaboration d’activités complémentaires. Les enseignantes font donc face au défi du manque de temps, en plus des difficultés qui peuvent découler d’une classe comprenant une plus grande proportion d’enfants présentant des besoins particuliers », constate Mme Beaudry.

Diplômée au baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement primaire, Hélène Beaudry réalise son mémoire de recherche sous la direction de la professeure spécialiste en éducation préscolaire Monica Boudreau. Elle est codirigée par la professeure Virginie Martel, spécialiste de la didactique de l’univers social. « Mon projet permettra de vérifier si les bonnes pratiques énoncées dans la littérature scientifique sont applicables dans la réalité quotidienne de la maternelle 5 ans. Éventuellement, les résultats collectés pourraient être utiles en vue de former adéquatement les enseignantes de maternelle 5 ans à la lecture interactive d’albums documentaires en fonction des défis qu’elles peuvent rencontrer sur le terrain lorsqu’elles mettent en œuvre les pratiques recommandées », conclut la chercheuse.

 

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