Au cours des 30 dernières années, les spécialistes de l’UQAR en sciences forestières ont réalisé de nombreuses recherches qui ont eu une influence majeure sur l’aménagement durable des forêts. Mariant la recherche fondamentale et la recherche appliquée, leurs travaux ont fait avancer la connaissance tout en développant des méthodes novatrices d’aménagement forestier. Regard sur un domaine de recherche clé de l’Université.
La forêt a toujours occupé une place de choix dans la programmation de recherche des scientifiques de l’UQAR. Dans les années 1970, elle était surtout étudiée pour ses retombées sur le développement régional. Puis, à la fin des années 1980, la forêt a commencé à faire l’objet de travaux de recherche en biologie. L’obtention de la Chaire de recherche sur la forêt habitée, en 2001, est venue confirmer l’expertise des chercheuses et des chercheurs de l’UQAR en sciences forestières.
« Notre histoire régionale est étroitement liée à l’exploitation de la forêt. La chaire a d’ailleurs permis un meilleur maillage entre la recherche universitaire et les besoins du milieu forestier. La Loi sur les forêts préconise un aménagement forestier s’inspirant de la dynamique naturelle des écosystèmes pour en exploiter la matière ligneuse de manière soutenable à long terme et c’est l’un des grands thèmes de recherche de la chaire », indique le professeur Luc Sirois, cotitulaire de la Chaire de recherche sur la forêt habitée.
Les recherches en sciences forestières réalisées à l’UQAR s’intéressent, entre autres, à la gestion des habitats fauniques, au fonctionnement des écosystèmes forestiers, aux structures des forêts, à l’évolution génétique des arbres et des plantes face aux changements climatiques, à l’aménagement forestier et à la sylviculture, à l’écologie historique, à la productivité forestière, à l’écologie des perturbations par les feux, à la dynamique entre la forêt et la grande faune ainsi qu’aux impacts socioéconomiques de l’exploitation forestière sur les collectivités qui côtoient les écosystèmes forestiers.
L’exploitation forestière arrive d’ailleurs à un moment charnière au Bas-Saint-Laurent, où on retrouve pratiquement autant de forêts privées que de forêts publiques, ce qui est unique au Québec. Les choix sylvicoles passés font en sorte que de grandes superficies sont maintenant prêtes pour une éclaircie commerciale. « Cela représente un mégachantier pour les 20 prochaines années », observe le professeur Robert Schneider, cotitulaire de la chaire.
L’un des enjeux de cette éclaircie commerciale touche la sélection d’arbres. Les travaux réalisés à l’UQAR ont permis d’établir une stratégie de coupe qui concilie le développement durable et la rentabilité économique. « L’objectif premier d’une éclaircie commerciale, c’est de favoriser la croissance des arbres qui restent. Grosso modo, c’est un arbre sur trois qui est récolté en sélectionnant prioritairement les tiges qui ont des défauts (fourches, courbures, maladies). Afin de répondre aux exigences d’aménagement écosystémique, nous avons proposé des méthodes sylvicoles pour convertir les forêts aménagées en forêts plus complexes. La première coupe du long processus de conversion structurale s’avère plus rentable sur le plan économique que les méthodes traditionnelles. Avec des coupes de conversion, on peut faire davantage de pièces de 2 x 4 et de 2 x 6 po, des produits qui ont une meilleure valeur marchande que les pièces de plus petite taille. Il reste à préciser les avantages à long terme », précise M. Schneider.
L’expansion de l’érable est, par ailleurs, l’une des tendances lourdes observées au Bas-Saint-Laurent. « Il est certain que l’industrie acéricole a bénéficié de ce phénomène. C’est une réponse directe aux grandes coupes qu’il y a eu dans la région. Cela fut comme une traînée de poudre dans le dernier siècle : l’érable s’est comporté comme une plante très agressive, bien qu’il ait atteint la limite nordique de son aire de répartition », note le professeur Sirois.
Cette expansion est un sujet de recherche important pour les chercheuses et les chercheurs de l’UQAR qui s’intéressent aux conséquences de l’expansion de l’érable sur la croissance des forêts. « Nos recherches en écologie forestière visent à comprendre comment se comportera la forêt de demain. Il s’agit d’informations qui sont bien en amont du moment où un arbre va entrer dans un moulin à bois », ajoute le professeur Schneider.
En 2017, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs a octroyé à l’UQAR un important mandat qui fait appel à l’expertise de l’Université en sciences forestières. Ce contrat de 1 M$ vise, entre autres, à faire un état des lieux de la structure des forêts du Bas-Saint-Laurent, à peaufiner des modèles numériques de croissance des forêts pour mieux prévoir leur évolution, à mieux comprendre l’impact de la grande faune sur la régénération de la forêt et à établir la dynamique historique de la forêt bas-laurentienne avant les premières coupes préindustrielles. Selon le Conseil de l’industrie forestière du Québec, ce sont plus de 3800 emplois qui sont reliés à l’exploitation de la forêt au Bas-Saint-Laurent.
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