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Changements climatiques : la nature de la responsabilité morale du simple citoyen

Mélina Delorme est étudiante à la maîtrise en éthique.

Pour contrer les effets des changements climatiques, les scientifiques sonnent l’alarme auprès des gouvernements. Toutefois, la communauté des experts s’entend sur le fait que les efforts déployés par les gouvernements ne seront pas suffisants pour relever ce défi d’envergure. Étudiante à la maîtrise en éthique à l’UQAR campus de Lévis, Mélina Delorme cherche à mieux saisir la nature de la responsabilité morale des citoyens dans la lutte contre les changements climatiques face à la réponse de leurs gouvernements.

Dans l’Accord de Paris sur le climat, l’un des objectifs principaux de la lutte contre les changements climatiques est la cible d’un réchauffement climatique de 1,5 à 2 degrés. Toutefois, à l’heure actuelle, les plans d’action nationaux en cette matière conduisent à un réchauffement de 2,7 à 3 degrés. « Une telle situation met le citoyen dans une position moralement perturbante. Devant l’ampleur du problème que posent les changements climatiques et l’échec des gouvernements à y trouver des solutions, le citoyen peut se sentir dépassé et avoir de la difficulté à établir ce qu’il se doit de faire dans ce contexte », souligne la chercheuse.

Citoyenne engagée, militante et environnementaliste, Mélina Delorme aborde la question dans le cadre de la maîtrise en éthique. Elle y réfléchit de manière critique et structurée sur le sentiment d’impuissance que le citoyen peut ressentir face aux problèmes complexes des changements climatiques, de façon à éclairer les choix individuels et collectifs.

Sous la direction de la professeure Dany Rondeau, qui s’intéresse notamment à l’éthique de la vulnérabilité, Mme Delorme étudie l’œuvre de deux philosophes américains, Iris Marion Young et Robert E. Goodin, dont les travaux ont notamment porté sur les théories de la responsabilité morale.

« La responsabilité morale n’est pas juridique ni codifiée dans des textes ou documents officiels. Elle relève davantage de ce qui doit ou ne doit pas être fait. Dans la lutte aux changements climatiques, quand l’État n’assume pas sa responsabilité, comment doit agir le citoyen? Ne rien faire et rejeter la responsabilité sur les élus? Opter pour un autre parti politique lors de la prochaine élection? Se rassembler pour faire pression sur le gouvernement afin que celui-ci agisse comme il se doit? », questionne-t-elle.

L’examen de la littérature révèle déjà que les théories de la responsabilité de Young et de Goodin sont très actuelles pour éclairer cette question. « La thèse de Young met l’accent sur le fait de ne pas se sentir individuellement coupable pour les injustices auxquelles on contribue, mais bien de reconnaître cette injustice et de chercher à l’abolir par son engagement social et politique responsable. Selon cette philosophe, comme citoyen, on a la responsabilité de se regrouper pour transformer le système afin d’éviter les problèmes sociaux qui découleront des changements climatiques », résume-t-elle.

« D’un autre côté, pour Goodin, nous avons individuellement et collectivement des responsabilités fortes envers toutes les personnes qui sont vulnérables à l’égard de nos actions et de nos choix. Autrement dit, si nous sommes en mesure de faire quelque chose, nous devons le faire. Les citoyens ont donc un devoir moral de rappeler aux gouvernements d’assumer leurs responsabilités à l’égard des plus vulnérables », explique Mme Delorme.

À l’heure où chaque individu a une tribune pour exprimer son opinion, prendre du recul et se référer aux théoriciens peut sembler à contre-courant. Pourtant, réfléchir de manière critique sur les questions contemporaines, utiliser une approche rigoureuse et structurée et analyser en profondeur la dimension éthique des enjeux permettent d’enrichir le débat public.

 

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