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Pour mieux comprendre les relations des Micmacs de la Gaspésie avec l’État canadien

David Bigaouette est étudiant à la maîtrise en histoire.

Les communautés micmaques de la Gaspésie ont subi des pressions majeures sur leur territoire et leur mode de vie traditionnel dès l’arrivée des Européens en sol nord-américain. Dès 1850, l’intervention accrue de l’État canadien dans les affaires autochtones a influencé la réalité socioéconomique de ces communautés, et elle l’influence encore aujourd’hui. L’étudiant à la maîtrise en histoire, David Bigaouette, pose un regard sur les influences des politiques du gouvernement dans la vie des communautés micmaques de la Gaspésie.

« Mon projet de recherche vise à étudier les activités économiques comme la pêche, l’agriculture, la vannerie, le travail forestier et le travail de guide de pêche, de même que les éléments socioculturels tels que l’éducation, le territoire, le rapport à la religion, les hiérarchies sociales et les représentations identitaires, afin de mieux saisir la réalité vécue par les communautés micmaques de la Gaspésie au XIXe siècle ainsi que les facteurs ayant contribué à leur évolution », explique M. Bigaouette.

Originaire de Saint-Siméon-de-Bonaventure, David Bigaouette s’intéresse à l’actualité gaspésienne qui touche l’histoire, la politique, l’environnement, le développement régional et les luttes sociales. Son mémoire de recherche porte d’ailleurs sur trois communautés micmaques de la Gaspésie, soit Listuguj et Gesgapegiag dans la Baie-des-Chaleurs et Gespeg à Gaspé. Sous la direction du professeur spécialiste en histoire des Autochtones de l’UQAR, Maxime Gohier, il analyse la relation que ces trois communautés entretenaient avec l’État canadien et les missionnaires catholiques. Le professeur à l’UQAM, spécialiste de l’histoire des traités avec les Autochtones et des revendications territoriales, Alain Beaulieu, codirige l’étudiant.

À l’aide des pétitions déposées par les Micmacs, l’historien a identifié les enjeux soumis à l’attention des autorités coloniales par l’entremise de missionnaires, d’employés du « Département des Sauvages » ou d’autres agents et intermédiaires. Puis il a étudié, avec les textes de loi de l’époque, la réponse de l’État aux revendications. 

À la suite de la Conquête de la Nouvelle-France par l’Angleterre, les Micmacs de la Gaspésie ont subi des pressions majeures sur leur territoire et leur mode de vie traditionnel par l’arrivée de colons, les forçant à diversifier leurs activités de subsistance. M. Bigaouette a toutefois réalisé que les efforts d’adaptation des communautés micmaques ont été contrés par certaines politiques mal adoptées ou mal appliquées.  « Par exemple, dans leur culture traditionnelle, les Micmacs pêchaient le saumon à l’aide de harpons. Toutefois, pour les Eurocanadiens et le gouvernement, cette pratique était considérée comme barbare parce qu’elle était associée au braconnage. Le gouvernement a ainsi adopté des lois restrictives sur la pêche au harpon pour finalement encadrer cette pratique pour l’ensemble des Premières Nations du Canada, leur donnant un certain privilège de pêcher au harpon uniquement pour leur subsistance.

Après quelques années d’essais, le gouvernement a mis un terme à ce privilège pour les obliger à pêcher au filet. Cette politique allait à l’encontre des premières revendications. Les Micmacs, s’ils voulaient pêcher, devaient se plier aux règlements du gouvernement. Ils étaient devenus, en quelque sorte, exclus des pêcheries du Canada », relate le chercheur.

Le XlXe siècle est donc une période charnière dans le processus de marginalisation des Autochtones, qui a comme point culminant l’adoption des premières lois sur les Indiens (1850-1876). « Les décisions prises par l’État il y a 150 ans ont encore un impact important aujourd’hui. La Loi sur les Indiens, qui tenait les Autochtones dans un état de tutelle de l’État, est encore aujourd’hui la principale loi canadienne qui touche plusieurs aspects de la vie des membres des Premières Nations, par exemple le statut autochtone, les conseils de bande et le système des réserves », indique M. Bigaouette. 

« Comme la documentation utilisée dans mon mémoire a été peu utilisée dans l’historiographie des Micmacs de la Gaspésie, cette étude aidera d’abord et avant tout les communautés concernées à mieux comprendre leur évolution et leur passé colonial. Pour jeter un regard éclairé sur les enjeux actuels, il est plus que pertinent de prendre un pas de recul et d’envisager nos sociétés contemporaines dans une perspective historique, afin de bien saisir les relations étroites qui existent entre le présent et le passé », conclut le chercheur. 

 

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