La réalité virtuelle va bouleverser la façon de former les professionnelles et les professionnels du domaine de la santé. Une équipe multidisciplinaire de l’UQAR a développé une unité virtuelle de soins intensifs (UVSI) permettant aux étudiantes et aux étudiants en sciences infirmières et en kinésiologie de se plonger dans un environnement numérique afin de mettre en application leurs connaissances théoriques. Bienvenue dans l’enseignement du futur.
C’est à l’automne 2017 que les professeurs en sciences infirmières Frédéric Banville et Daniel Milhommeont eu l’idée de concevoir l’UVSI. La professeure en kinésiologie Andrée-Anne Parent s’est jointe à ce projet technopédagogique au début de l’année 2019. « Notre plateforme immersive permet de reproduire avec exactitude les conditions réelles des différentes unités d’un hôpital. Les étudiantes et les étudiants sont ainsi exposés à un ensemble de situations qu’un stage traditionnel ne permet pas toujours de prévoir ni de répéter », indique le professeur Banville.
L’Unité virtuelle de soins intensifs reproduit dans un environnement immersif une unité d’hôpital constituée de 14 chambres, d’un poste de garde, d’un bureau de consultation et de différentes ressources matérielles du domaine médical. À l’aide d’un casque de réalité virtuelle, les étudiantes et les étudiants naviguent dans l’unité et interagissent avec les personnages et les objets selon le scénario choisi. Trois modules de formation ont été développés jusqu’à maintenant par l’équipe de l’UQAR et un autre module est en préparation.
Le premier module de formation comporte un scénario de surveillance clinique d’un patient en soins intensifs ayant un problème cardiaque. Le patient et des collègues cliniciens sont représentés par des personnages de l’UVSI avec lesquels l’étudiante ou l’étudiant a des interactions. « L’environnement virtuel permet aux étudiantes et aux étudiants de jouer un rôle actif et d’avoir des rétroactions immédiates, plutôt que d’observer une vidéo ou une intervention de leur superviseur de stage. L’Unité virtuelle de soins intensifs devient ainsi un milieu de stage numérique offrant la possibilité de développer de façon sécuritaire leurs habiletés dans le processus de surveillance clinique, en relation d’aide et en réadaptation avant de se retrouver en stage », explique le professeur Milhomme.
Plus d’une demi-douzaine d’étudiantes et d’étudiants au 2e cycle en sciences infirmières et d’infirmières cliniciennes ont participé à une phase de test de l’UVSI au printemps dernier. « C’est vraiment immersif », observe l’infirmier et finissant à la maîtrise en sciences infirmières Simon Ouellet. « On a l’impression d’être dans la chambre du patient et on peut même prendre des objets, comme un stéthoscope pour ausculter le patient. »
Le deuxième module permet aux étudiantes et aux étudiants d’exercer leurs habiletés en relation d’aide dans un contexte de soins hospitaliers. Le scénario consiste à offrir un soutien moral et relationnel à un personnage vivant un deuil. L’UVSI compile les réponses de l’étudiante ou de l’étudiant pour lui offrir une rétroaction sur ses actions et lui suggérer des pistes d’amélioration. « Les expressions faciales et les interactions sont très réalistes. C’est un outil qui peut aider les étudiantes et les étudiants à mieux intervenir dans leur pratique professionnelle », estime l’infirmière et psychothérapeute Geneviève Thériault.
Le troisième module se concentre sur l’anatomie fonctionnelle. Dans le scénario développé, les étudiantes et les étudiants font face à une pandémie dont le virus a incubé dans l’unité de soins. Ils doivent alors recueillir des informations à partir des structures anatomiques des personnages infectés afin d’arrêter la propagation du virus. « Ce module fera l’objet de tests cet automne pour maximiser la motivation et l’engagement des joueurs. La réalité virtuelle est de plus en plus reconnue en enseignement et l’UVSI est appelée à devenir un outil qui permet de bien préparer la relève du domaine de la santé avant qu’elle se retrouve en situation réelle », mentionne la professeure Andrée-Anne Parent.
Plusieurs autres scénarios peuvent être développés pour former la relève du domaine de la santé avec l’Unité virtuelle de soins intensifs, et ce, pour tous les ordres d’enseignement. « Nos seules limites sont notre imagination et le financement. L’UVSI offre beaucoup de souplesse pour recréer des situations multidisciplinaires que les futurs professionnels de la santé sont susceptibles de rencontrer dans leur pratique professionnelle », précise le professeur Milhomme.
Les concepteurs de l’UVSI estiment, enfin, que la plateforme va ouvrir un nouveau chapitre dans la formation à distance. « On souhaite développer la plateforme afin de permettre aux étudiantes et aux étudiants de partout sur le territoire de se brancher en ligne dans une classe virtuelle pour bénéficier de certains apprentissages cliniques et pratiques. C’est la prochaine étape du projet », conclut le professeur Banville. L’organisme FADIO a d’ailleurs accordé un appui financier de 7000 $ au développement de l’Unité.
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