Plus de 50 personnes mènent des travaux au sein de la Chaire de recherche en géoscience côtière de l’UQAR. Une masse critique sans équivalent au Canada. Regard sur une équipe multidisciplinaire dédiée à la compréhension et à la prévention de l’érosion côtière.
Le titulaire de la Chaire de recherche en géoscience côtière, le professeur Pascal Bernatchez, dirige cette équipe dont les membres ont été formés en géographie, en biologie, en développement régional et en océanographie. « Il est essentiel d’avoir des connaissances de pointe pour planifier le développement du territoire côtier et les activités qui s’y déroulent. Depuis sa création en 2007, la chaire réalise des recherches pour évaluer les impacts et les enjeux liés à l’érosion côtière ainsi qu’à la submersion. Comme il s’agit de phénomènes dont les répercussions sont complexes, il est important d’avoir une approche globale et de combiner l’expertise de chercheurs de différents domaines de recherche pour les étudier », indique M. Bernatchez.
Les changements climatiques augmentent la vulnérabilité des populations qui habitent les côtes de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent. L’une des grandes conséquences de ceux-ci est l’accélération de la hausse du niveau marin mondial. Dans l’Est-du-Québec, on observe depuis une dizaine d’années un taux moyen annuel d’érosion variant de 0,5 à 2 mètres. En outre, quelque 2100 kilomètres de côtes sont sensibles à l’érosion dans l’Est-du-Québec, qui englobe le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine et la Côte-Nord.
Par ailleurs, on observe, depuis la fin des années 1990, une réduction constante du couvert de glace, ce qui expose le littoral à davantage d’événements de tempête. « Les prévisions montrent une réduction encore plus marquée du nombre de jours avec de la glace côtière, ce qui va augmenter le risque d’exposition des infrastructures et des populations côtières aux tempêtes », souligne le professeur Bernatchez.
L’érosion côtière et la submersion affectent directement les populations habitant sur le littoral. Qu’il s’agisse des réseaux routier et ferroviaire, des résidences, des infrastructures de services et des commerces, les impacts peuvent se chiffrer en millions de dollars. En outre, ces événements ont des conséquences sur la santé des citoyennes et des citoyens, sur les activités traditionnelles et commerciales, comme le tourisme, et sur les habitats naturels.
Équipements de pointe
Le Laboratoire de dynamique et de gestion intégrée des zones côtières est doté d’équipements de pointe permettant aux chercheuses et aux chercheurs de la Chaire en géoscience côtière de suivre de près l’évolution de l’érosion côtière. Plus de 7200 stations de mesure et une cinquantaine de caméras sont réparties sur l’ensemble du Québec maritime. En outre, plus de 5600 infrastructures, plus de 200 km de routes et près de 90 km de voies ferrées réparties dans les régions de la Capitale-Nationale, de la Chaudière-Appalaches, du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine et de la Côte-Nord sont scrutés par un réseau de suivi des infrastructures vulnérables à l’érosion.
Avec ses partenaires de l’Université du Québec à Montréal et du Cégep de l’Outaouais, le professeur Bernatchez a constitué une flotte opérationnelle de recherche en sciences côtières et environnementales (FORSCE) unique au monde permettant de réaliser des études en toute saison. Ce projet de près de 8 M$ a bénéficié de l’appui financier de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) et du gouvernement du Québec. L’Université Laval, l’Institut Maurice-Lamontagne de Pêches et Océans Canada et l’entreprise CartoVista sont également partenaires du projet FORSCE.
La flotte opérationnelle est dotée d’une motomarine adaptée à la navigation dans les eaux glacées et peu profondes, d’un véhicule à chenilles pouvant se déplacer sur des banquises, de deux laboratoires mobiles, d’un laboratoire en technologie géospatiale et d’une plateforme Web permettant de diffuser les données et d’échanger sur les enjeux maritimes. « Ces équipements vont nous permettre d’acquérir des connaissances que nous n’avons pas encore sur les conditions hivernales du littoral et sur des zones peu profondes et des surfaces accidentées. Ils vont nous aider à mieux évaluer les bouleversements environnementaux afin de trouver des solutions d’adaptation efficaces », explique le professeur Bernatchez.
Programmation scientifique
L’équipe de la Chaire de recherche en géoscience côtière poursuit, jusqu’en 2021, un programme de recherche lancé en 2017. Intitulé « Projet Résilience côtière : vers le développement d’outils et de solutions d’adaptation durables pour les municipalités côtières de l’Est du Québec », le programme comporte deux axes. Il s’agit de la sécurité des populations et des infrastructures côtières et du renforcement des capacités d’adaptation ainsi que de la protection des écosystèmes côtiers et du maintien de leurs services écologiques.
« Notre programme de recherche allie la science fondamentale et la science appliquée. Les changements climatiques vont aller en s’accentuant et il est important de bien cerner les impacts et les enjeux liés à l’érosion côtière et à la submersion. Nos travaux servent, ultimement, à assurer une meilleure planification du développement du territoire côtier. Une centaine de municipalités et plusieurs ministères des gouvernements fédéral et provincial ont bénéficié de nos recherches pour élaborer des stratégies d’adaptation pour réduire les risques côtiers », conclut le professeur Bernatchez.
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