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Regard croisé sur l’enseignement des sciences humaines et sociales en Suisse et au Québec

Valérie Vincent termine un stage postdoctoral en sciences de l'éducation. (Photo : Stéphane Lizotte)

Spécialiste de l’analyse des pratiques pédagogiques et du rapport au savoir, la Suissesse Valérie Vincent termine un postdoctorat d’une année visant à comparer les pratiques d’enseignement des sciences humaines et sociales en Suisse et au Québec. Un stage effectué sous la supervision de la professeure en sciences de l’éducation Geneviève Therriault.

Valérie Vincent a travaillé pendant douze années comme formatrice auprès d’enseignantes et d’enseignants en Suisse et comme chercheuse dans le Laboratoire Innovation Formation Education (LIFE), à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Genève. Depuis 2013, elle collabore avec la professeure Therriault dans le cadre de l’organisation de symposiums internationaux en éducation sur le thème du rapport au(x) savoir(s) et de plusieurs publications.

« Mon domaine de formation et de recherche s’inscrit dans l’analyse anthropologique et sociologique des pratiques pédagogiques ordinaires et du sens des apprentissages pour les élèves », explique Mme Vincent. « Je m’intéresse particulièrement à l’influence des rapports au(x) savoir(s), mais aussi à l’école et à la vie en général de ces actrices et de ces acteurs, à leurs pratiques et au sens du travail scolaire. »

C’est en août 2019 que Mme Vincent a amorcé son postdoctorat à l’UQAR, et ce, grâce au soutien du Fonds national suisse pour la recherche scientifique (FNS). Elle a intitulé son projet de recherche « Du rapport au savoir de l’enseignant à celui des élèves : une comparaison Suisse-Québec des pratiques d’enseignement des sciences naturelles et humaines en vue de la construction de dispositifs de formation. »

L’idée de son projet de recherche lui est venue durant son doctorat où elle a montré comment, la façon des enseignantes et des enseignants d’expliquer des notions de la préhistoire en Suisse, est influencée par leur propre rapport à ce sujet, s’ils en sont passionnés ou non, intrigués ou non. En outre, les apprentissages réalisés par les élèves sont aussi teintés par ces manières d’enseigner et les rapports au(x) savoir(s) sur la préhistoire de leur enseignante et enseignant.

« Mon projet de recherche postdoctoral vise à affiner et à développer ces résultats suisses en les comparant avec une cueillette de données au Québec. Il poursuit l’objectif de développer la question de l’influence du rapport au savoir des enseignantes et des enseignants et des énigmes qui les animent sur leurs pratiques d’enseignement et les apprentissages de leurs élèves, lors d’enseignements des sciences humaines et des sciences naturelles principalement, disciplines aux savoirs souvent incertains et controversés, tels ceux de la préhistoire en Suisse », précise Mme Vincent.

Des mois de septembre 2019 à janvier 2020, la chercheuse s’est penchée sur la façon dont des enseignantes et des enseignants du Bas-Saint-Laurent abordent le thème des sociétés iroquoiennes présentes avant l’arrivée des colons français. Elle a cherché à comprendre le rapport au(x) savoir(s) reliés à ce thème de ces enseignantes et enseignants et à voir comment il influençait leurs pratiques pédagogiques par rapport aux enseignantes et enseignants en Suisse. Elle a aussi tenté de comprendre l’évolution de ce qu’apprenaient réellement leurs élèves et ce que ceux-ci ressentaient à l’égard de ce thème.

« J’ai eu la chance de filmer les enseignements de « la société iroquoienne vers 1500 » dans deux classes de niveau primaire de la région, d’interroger les enseignantes et les enseignants de ces classes sur leurs pratiques courantes et récurrentes pour enseigner ce thème ainsi que leur rapport à celui-ci. J’y ai cherché leurs savoirs, leurs énigmes et leur goût pour ce thème ainsi que pour les manières de le transmettre, puis je les ai comparés aux enseignantes et enseignants étudiés en Suisse. J’ai aussi récolté des informations sur le rapport au savoir de leurs élèves. »

Les premiers résultats de son projet postdoctoral ont été dévoilés lors du 7e colloque international en éducation, qui a été présenté en ligne les 30 avril et 1er mai derniers. Mme Vincent y a coordonné un symposium avec ses collègues Chantale Beaucher, Dorothée Baillet et la professeure Geneviève Therriault sur les zones d’ombre et de lumière du rapport au savoir.

Par le fait que Valérie Vincent étudie directement les pratiques pédagogiques et leurs liens avec le rapport au savoir, Mme Therriault l’a aussi engagée dans l’équipe de son projet de recherche qui s’intéresse au développement professionnel des enseignantes et des enseignants par une investigation de l’arrimage entre leurs croyances épistémologiques et pédagogiques et leurs pratiques. Les premiers résultats ont aussi été présentés au 7e colloque international en éducation.

Valérie Vincent aura passé près d’une année à l’UQAR, où elle a pu côtoyer plusieurs spécialistes en sciences de l’éducation. « J’ai aussi pu communiquer mes recherches, participer et intervenir en tant que formatrice dans des cours et suivis de stage de la formation initiale des enseignantes et des enseignants des niveaux primaire et secondaire, notamment ceux de la professeure Therriault en formation pratique au secondaire, ceux du professeur Frédéric Deschenaux en Éthique et profession enseignante et celui de Jessy Marin en didactique du français pour le niveau primaire. J’ai aussi pu donner un atelier Mididact sur le rapport au savoir des enseignant·e·s aux étudiantes et aux étudiants. J’ai eu le plaisir et la chance de vivre cette aventure postdoctorale en famille, avec mon compagnon et mon petit garçon, à la découverte de Rimouski, toujours près du Fleuve Saint-Laurent et de la nature qui nous ravissent », conclut Mme Vincent. Les résultats de ses recherches seront publiés sur le site du Fonds national suisse.

 

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