L’UQAR-Info a profité du 50e anniversaire de l’Université du Québec à Rimouski pour s’entretenir avec quatre anciens recteurs. En cinq questions, Guy Massicotte, Marc-André Dionne, Pierre Couture et Michel Ringuet partagent leurs souvenirs et les défis qui ont marqué leurs mandats respectifs à la tête de l’Université.
Guy Massicotte, recteur de 1982 à 1987
UQAR-Info : Quels souvenirs gardez-vous de vos années à la direction de l’UQAR?
Guy Massicotte : Ce furent des années assez difficiles. L’Université n’était pas bien établie comme maintenant. Il y avait alors de l’incertitude sur la manière dont elle allait se développer et il y avait passablement de problèmes quant au financement, aux relations de travail et aux possibilités de se développer au 2e et au 3e cycles. Après un afflux de clientèle à la création de l’UQAR, nous faisions face à une diminution. Malgré tout, nous avons réussi à établir une base assez solide et à offrir à l’UQAR une capacité d’autodéveloppement qui a donné de bons résultats par la suite. Quand je dis « nous », je fais référence à toute la communauté, dont les professeures et les professeurs, les employées et les employés ainsi que l’équipe de direction.
U-I : Quels ont été les principaux enjeux qui ont marqué votre mandat?
G.M. : Les principaux enjeux étaient ceux de la recherche et des études de 2e et de 3e cycles. On l’oublie de nos jours, mais ce n’était pas gagné de développer une université complète en région. Il y avait énormément de contestation de la part des universités établies qui voulaient qu’on se limite à offrir des formations de 1er cycle. Ce fut pratiquement une guerre de tranchées. Mais nous avons réussi à obtenir le doctorat en océanographie, d’abord pour trois ans, puis à le pérenniser. Nous avons également pu offrir la maîtrise en développement régional. Il y avait aussi des enjeux administratifs, comme la négociation de la première convention collective des personnes chargées de cours et le maintien de l’équilibre budgétaire malgré des compressions. Par ailleurs, la question du recrutement des étudiantes et des étudiants était aussi très importante. Nous n’avons pas idée aujourd’hui à quel point cela était fragile : nous n’avions qu’un petit nombre d’étudiantes et d’étudiants à temps complet.
U-I : Quelles réalisations vous rendent le plus fier?
G.M. : La création de l’Institut Maurice-Lamontagne (IML) a été très importante pour l’Université et la région. L’établissement d’un centre de recherche fédéral venait justifier notre axe en océanographie vis-à-vis des autres universités et notre axe en océanographie venait justifier l’Institut Maurice-Lamontagne. Nous avions donc un cercle vertueux. Je me suis impliqué dans le dossier à la suite de Pascal Parent et sans le ministre Pierre de Bané, le projet ne se serait pas concrétisé. Pour Pêches et Océans Canada, il s’agissait de déplacer l’équipe de recherche qui était à Québec vers Mont-Joli. Alors, il y avait des réticences du côté de Québec et même à Rimouski, où l’élite traditionnelle souhaitait que le centre soit aménagé ici. Mais le projet s’est fait et quelques années après, il n’y avait plus personne qui contestait l’IML. La collaboration avec l’UQAR a d’ailleurs été intense pendant plusieurs années. Une autre réalisation importante fut d’avoir notre propre navire de recherche, le Alcide C. Horth. C’était une percée déterminante pour garantir le développement des études aux 2e et 3e cycles en océanographie.
U-I : Selon vous, quelle place occupe maintenant l’UQAR dans le développement des régions qu’elle dessert?
G.M. : Pour moi, c’est clair que l’UQAR joue un rôle très important dans le développement de son milieu et de l’Est-du-Québec. Nous n’avons pas idée à quel point le Québec a changé au cours des 50 dernières années. Quand je suis arrivé à Rimouski, c’était un gros village. J’y vais à l’occasion parce que j’y ai de la famille et Rimouski est devenue une ville extraordinaire à tous points de vue. C’est une ville moderne et dynamique. Que serait Rimouski sans l’UQAR? Elle ne serait pas devenue ce qu’elle est aujourd’hui.
U-I : Comment voyez-vous l’avenir de l’UQAR?
G.M. : C’est une très grande question et je suis loin du quotidien des universités depuis que je suis à la retraite. Je crois que les universités vont continuer à jouer un rôle très important, ne serait-ce que pour la formation des professionnels, le développement de la recherche et comme foyer d’activités intellectuelles dans les régions. Par ailleurs, on sent que la science n’a pas la même crédibilité qu’elle a déjà eue et c’est inquiétant pour l’avenir. Cela n’est pas propre à l’UQAR, mais touche toutes les universités. Il faut trouver l’équilibre entre l’engagement dans des enjeux qui requièrent le savoir universitaire, comme les changements climatiques ou les vaccins, et le risque d’être traité comme un acteur politique. La question des rapports entre la science et la politique se pose de manière différente qu’il y a 50 ans et demande réflexion.
Marc-André Dionne, recteur de 1988 à 1995
UQAR-Info : Quels souvenirs gardez-vous de vos années à la direction de l’UQAR?
Marc-André Dionne : Les sept années de mon rectorat constituent la période la plus stimulante et la plus valorisante de mon parcours professionnel d’environ quatre décennies. La qualité exceptionnelle des nombreuses personnes avec qui j’ai eu l’opportunité de travailler, tant dans la communauté universitaire que dans le réseau universitaire québécois et la société civile et politique, m’a permis de mieux saisir la variété et la complexité de divers points de vue. Permettez-moi d’ailleurs de souligner la contribution essentielle de proches collaborateurs, dont Jean-Nil Thériault, Bertrand Maheux, Hélène Tremblay, Marie-France Maheu et Maurice Avery.
U-I : Quels ont été les principaux enjeux qui ont marqué votre mandat?
M.-A. D. : À mon arrivée, la communauté universitaire souhaitait vivement retrouver un équilibre après un intérim d’un peu plus d’une année au rectorat. Plusieurs titulaires de postes importants quittaient pour la retraite et des cadres sollicitaient un renouvellement de mandat. Je faisais donc face au double défi de revoir la structure organisationnelle et de procéder à l’évaluation de nombreux titulaires de postes. Nous avons constitué une équipe d’encadrement dont la qualité a été saluée par la communauté universitaire et à l’intérieur du réseau de l’UQ. En outre, je suis fier d’avoir recommandé au conseil d’administration la nomination de plusieurs femmes compétentes à des postes importants. Au cours de cette période, le réseau de l’UQ revoyait les règles de partage des subventions du ministère de l’Éducation. Pour obtenir notre juste part, il était primordial de reprendre ce combat récurrent avec un argumentaire axé sur les particularités de l’UQAR, notamment à l’égard de l’étendue du territoire desservi, de la faible densité de population dans plusieurs secteurs et des perspectives démographiques au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie. Une fois notre base de financement récurrent révisée, nous pouvions aspirer à un nouvel élan dans notre développement. Le déploiement des études universitaires vers l’ouest, jusqu’à Lévis, constituait une voie porteuse de développement, mais nous croyions également que cette avenue devait être pratiquée avec prudence pour éviter de compromettre notre argumentation et maintenir au cœur de l’Est-du-Québec le centre de gravité de l’UQAR. Considérant l’important bassin de population dans le secteur de Lévis, il devenait essentiel de trouver logis dans un immeuble pouvant mieux répondre aux besoins exprimés par la clientèle étudiante et le personnel. En 1991, le ministère de l’Éducation a consenti des ressources financières pour que le Collège de Lévis puisse procéder à des améliorations locatives pour y offrir des programmes dans des secteurs professionnels ne requérant pas de laboratoires humides. Le Ministère accepta de défrayer les frais de location des espaces utilisés. Il considérait que la proximité de l’Université Laval permettait de répondre aux besoins quant aux programmes requérant des ressources professorales plus diversifiées et des infrastructures adéquates. Au cours de l’année 1993, j’ai eu l’occasion de rencontrer, à diverses reprises, le député de Lévis, Jean Garon. M. Garon m’a fortement incité à prendre la parole devant la Chambre de commerce de Lévis et à annoncer que l’UQAR souhaitait assumer entièrement le développement universitaire sur la rive sud de Québec. J’ai répondu que je ne pouvais pas accepter pareille demande, et qu’il avait évidemment la liberté, comme député, de formuler cette requête. Comment le recteur de l’UQAR aurait-il pu intimer à l’Université Laval de rentrer dans ses terres? Le député Garon m’a dit : « vous allez vous en rappeler ». Lors d’une conférence devant la Chambre de commerce de Lévis, j’ai expliqué que l’UQAR était parfaitement disposée à poursuivre le développement des études universitaires sur la rive sud de Québec et qu’elle le ferait en concertation avec l’Université Laval. À la suite de l’élection du gouvernement Parizeau en septembre 1994, M. Garon a été nommé ministre de l’Éducation. Son discours public à l’endroit de l’UQAR est alors devenu intolérable. J’ai remis ma démission au printemps 1995.
U-I : Quelles réalisations vous rendent le plus fier?
M.-A. D. : L’offre de programmes a connu un bel essor au cours de mon rectorat. Les décanats, appuyés des responsables des modules et des comités de programmes, ont effectué un travail impressionnant. Je me limiterai à rappeler la levée du caractère expérimental du doctorat en océanographie. Celle-ci nous a permis de renforcer notre collaboration avec l’INRS-Océanologie, dont la construction d’une passerelle est un symbole fort et prémonitoire de la création de l’UQAR-ISMER. La notoriété croissante de l’UQAR a, par ailleurs, contribué à attirer des candidatures de professeures et de professeurs de haute qualité, notamment de l’étranger. De plus, l’Université pouvait compter sur un groupe de personnel de soutien d’une qualité remarquable. L’ouverture d’un programme de génie a été importante pour l’UQAR. Les acteurs socioéconomiques régionaux ont grandement appuyé notre initiative. Je salue d’ailleurs l’appui indéfectible du député Michel Tremblay et de la ministre Monique Vézina. L’approbation du programme de génie s’accompagnait d’un programme de construction ambitieux : l’agrandissement de la bibliothèque, la construction du pavillon de génie et la mise en place de nouvelles résidences étudiantes. Québec investissait 9 M$ en immobilisations et des sommes considérables en budget récurrent de fonctionnement. Pour sa part, le fédéral a contribué à la hauteur de 5 M$. Une autre réalisation importante quant au développement physique est l’achat d’un terrain à l’ouest du campus de Rimouski afin d’éviter que l’Université soit enclavée. Aujourd’hui, l’UQAR est à proximité d’un magnifique complexe sportif. En outre, l’Université a eu la sagesse d’inviter la Ville de Rimouski à réserver les terrains au sud du campus à des fins institutionnelles, où on retrouve le CRBM. La tenue d’un premier congrès de l’Acfas, en mai 1993, a enfin été un moment clé de mon rectorat. Cette réussite collective a permis d’accroître la fierté de la communauté universitaire et a donné un élan majeur à l’Université.
U-I : Selon vous, quelle place occupe maintenant l’UQAR dans le développement des régions qu’elle dessert?
M.-A. D. : Au lieu de m’exprimer sur la place qu’occupe l’UQAR, j’en profiterais plutôt pour rappeler la contribution des visionnaires qui nous ont précédés et sans lesquels l’UQAR ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Pascal Parent a joué un rôle déterminant comme secrétaire du Comité provisoire pour la création d’un Centre d’études universitaires à Rimouski (CEUR). Charles E. Beaulieu, fort de son expérience de professeur et de gestionnaire universitaire, en fut le premier directeur en 1969. En quelques mois, il a réussi à constituer une équipe et à recruter plusieurs professeures et professeurs pour lancer le CEUR. Alcide C. Horth lui a succédé et est devenu le premier recteur de l’UQAR en 1973, puis Pascal Parent est à son tour devenu recteur en 1977. Ces bâtisseurs ont permis à l’UQAR de se donner une base solide pour se développer, notamment avec les sciences de la mer et le développement régional, et ont donné une impulsion à l’accessibilité aux études supérieures dans la région.
U-I : Comment voyez-vous l’avenir de l’UQAR?
M.-A. D. : Mon souhait est que l’UQAR demeure fidèle à ses racines et continue d’exceller dans des champs d’expertise signifiants pour son milieu, tout en continuant d’intensifier ses collaborations nationales et internationales. Pour paraphraser la description de l’ADN de l’UQAR énoncée par le recteur Guy Massicotte, qu’elle soit non pas une université régionale, mais une université au sens plein du terme et bien enracinée dans son milieu.
Pierre Couture, recteur de 1996 à 2003
UQAR-Info : Quels souvenirs gardez-vous de vos années à la direction de l’UQAR?
Pierre Couture : Je garde le souvenir d’années de grande fébrilité et d’actions nourries par des communautés universitaires et régionales très dynamiques. J’ai vécu des moments autant exaltants que parfois très angoissants. Je vais l’illustrer avec un exemple : la Fondation canadienne pour l’innovation offrait un programme de financement d’infrastructures de recherche. À l’époque, l’UQAR était qualifiée comme petite université. Lorsque nous faisions une demande, nous étions très confiants de recevoir environ 1 M$. Or, nous avions le projet d’acheter un nouveau navire de recherche et avec 1 M$, on ne va nulle part. Donc, il fallait s’inscrire dans un autre programme pour les grandes universités. C’est ce que nous avons fait, avec le risque de perdre une subvention d’environ 1 M$. Mais notre audace a été récompensée : nous avons obtenu une subvention de 6 M$, qui s’ajoutait à un montant de 4 M$ du ministère de l’Éducation, et nous avons pu acquérir le Coriolis II. Au cours de ces années, il s’est établi une grande confiance, et même une complicité, entre notre équipe de direction, le conseil d’administration, la communauté universitaire, les communautés régionales desservies, l’Université du Québec et le ministère de l’Éducation. On sentait que l’UQAR devenait une grande université de petite taille.
U-I : Quels ont été les principaux enjeux qui ont marqué votre mandat?
P.C. : Nous avions des enjeux classiques liés à notre mission, comme de continuer à développer l’accessibilité aux études supérieures sur le vaste territoire desservi. Malgré des contraintes budgétaires et la diminution de la population étudiante dans la région, je tenais à participer activement au développement régional par la formation et la recherche. Heureusement, nous avions la confiance du conseil d’administration pour nous appuyer. Cela était important aux yeux de l’Assemblée des gouverneurs. Un autre enjeu important était de développer des formations au 2e et au 3e cycles. L’UQAR avait consacré énormément d’énergie pour avoir une structure solide de programmes de 1er cycle et il nous fallait nous appuyer sur ces programmes pour développer des formations aux cycles supérieurs.
U-I : Quelles réalisations vous rendent le plus fier?
P.C. : Il y a eu un développement intensif des formations au 2e et 3e cycles et du financement de la recherche. En plus d’acquérir le Coriolis II, le premier institut de recherche dans l’histoire de l’UQAR a été créé, soit l’Institut des sciences de la mer de Rimouski. L’ISMER est issu de la fusion du Département d’océanographie de l’UQAR et de l’INRS-Océanologie. La recherche a par ailleurs connu un bel essor. Les premières chaires de recherche ont été créées en océanographie et en développement régional. Nous avons renforcé notre rayonnement à l’international, notamment grâce à des programmes de l’ACDI. Cela a été très important pour le recrutement d’étudiantes et d’étudiants internationaux, particulièrement au Maroc et en Tunisie. Un autre point important est l’accélération du recrutement d’étudiantes et d’étudiants en Chaudière-Appalaches et le développement du campus de Lévis. Par ailleurs, après des années difficiles, nous avons réussi à rétablir l’équilibre budgétaire.
U-I : Selon vous, quelle place occupe maintenant l’UQAR dans le développement des régions qu’elle dessert?
P.C. : La perception que j’en ai maintenant, car j’ai quitté l’UQAR il y a dix-sept ans, c’est que l’Université demeure déterminante dans le développement régional. Essayer de développer les régions desservies sans l’UQAR serait une opération très risquée, à mon avis. Pensons seulement aux diplômées et aux diplômés de l’Université qu’on retrouve dans les entreprises et les organisations du territoire, c’est majeur.
U-I : Comment voyez-vous l’avenir de l’UQAR?
P.C. : Je crois que l’UQAR devra continuer à s’adapter aux changements et à persister dans l’expression de sa mission universitaire. C’est tout le débat entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée. Également, elle devra conserver cet équilibre entre les études de 1er, de 2e et de 3e cycles, qui fait que nous avons une université à part entière, mais qui reste à une échelle humaine. C’est ce qui fait toute la personnalité de l’UQAR. L’un des défis importants pour l’Université est de continuer à contribuer au développement régional tout en demeurant un lieu de haut savoir. Le recrutement des étudiantes et des étudiants est un enjeu préoccupant, car les projections du côté du secondaire et du cégep sont inquiétantes. Enfin, il est important pour l’UQAR de maintenir son autonomie universitaire.
Michel Ringuet, recteur de 2003 à 2012
UQAR-Info : Quels souvenirs gardez-vous de vos années à la direction de l’UQAR?
Michel Ringuet : Je garde le souvenir d’une communauté extrêmement chaleureuse. À l’UQAR, les différents groupes de personnel et les étudiantes et les étudiants se côtoient en toute simplicité. Les personnes qui ont érigé l’Université avant mon arrivée lui ont donné des assises très solides et il s’agissait pour moi de favoriser son essor. Il y avait beaucoup d’effervescence parce qu’on sentait que l’UQAR se développait bien. J’ai été privilégié d’avoir pu jouer un rôle permettant aux régions desservies de mieux former ses gens, d’accueillir des gens d’ailleurs et de développer les connaissances par la recherche. C’est aussi une grande gratification d’avoir pu faire carrière dans le monde universitaire et de la terminer à Rimouski, d’où je suis originaire.
U-I : Quels ont été les principaux enjeux qui ont marqué votre mandat?
M.R. : Comme toujours, il y avait des enjeux sur le plan financier et du côté du recrutement des étudiantes et des étudiants. Par ailleurs, l’Institut des sciences de la mer de Rimouski (ISMER) venait d’être créé, en 1999, et il fallait l’établir. Il fallait faire en sorte qu’il devienne le pôle d’excellence en sciences marines du Québec et sous le leadership de Serge Demers, l’ISMER s’est bel et bien créé une enviable renommée. Nous avons aussi établi le deuxième axe d’excellence qu’est le développement régional en allant chercher des subventions structurantes majeures et lancé un troisième axe, la nordicité. D’autres domaines comme ceux des lettres et des sciences infirmières se sont également bien développés. Un autre enjeu important était d’assurer aux régions desservies que l’UQAR est là pour elles. Nous avons entre autres participé au lancement du CERMIM aux Îles-de-la-Madeleine et offert le baccalauréat en sciences infirmières à temps complet en Gaspésie et à Rivière-du-Loup. Du côté de Lévis, nous avons implanté un campus moderne et cela nous a permis de transformer une menace en opportunité. Les communautés de Rimouski et de Lévis ont bien compris que le développement de l’UQAR serait plus porteur si on le faisait en symbiose. Enfin, il y avait beaucoup de départs à la retraite, des gens qui avaient été des piliers de l’établissement et le renouvellement du personnel était un enjeu important, et ce, dans toutes les sphères de l’Université. Nous avons su attirer des individus de grande compétence qui assureront notre avenir.
U-I : Quelles réalisations vous rendent le plus fier?
M.R. : Difficile de nommer une réalisation. J’étais fier de voir la communauté de l’UQAR se relever les manches pour faire en sorte de toujours maintenir la qualité de nos interventions. J’avais l’impression, au début de mon mandat, que l’UQAR était un jardin secret, inconnu. Alors je me suis donné comme défi de mieux faire connaître ce joyau en région et ailleurs. Nous avons, notamment, mis de l’avant nos étudiantes et nos étudiants qui ont par exemple gagné des prix à Forces Avenir, nous avons montré que nous pouvons réaliser avec nos partenaires des projets à l’international, comme le déploiement de bouées océanographiques conçues à Rimouski dans le golfe San Jorge en Argentine, nous avons mérité un prix des Mercuriades, remis pour la première fois à un organisme public ou parapublic, et de 1999 à 2009, l’UQAR a été l’université québécoise ayant la plus forte croissance en recherche. Donc, nous avons fait valoir nos réalisations et cela nous a permis de nous rapprocher de certains milieux et d’accroître notre effectif étudiant. Nous avons réussi à donner à la jeune UQAR une certaine maturité et à en faire une université qui offre des programmes aux trois cycles et qui se démarque de belle façon en recherche.
U-I : Selon vous, quelle place occupe maintenant l’UQAR dans le développement des régions qu’elle dessert?
M.R. : L’UQAR occupe une place fondamentale. Le fait que l’on ait siégé pendant des années à la Conférence régionale des éluEs du Bas-Saint-Laurent a redoré l’image de l’UQAR auprès de ces élus et plusieurs industriels ont alors réalisé qu’il était possible de collaborer avec l’Université pour avoir une formation mieux orientée dans leur domaine et développer de la recherche répondant à leurs besoins. La première grande campagne majeure de la Fondation de l’UQAR a aussi permis de mieux faire connaître l’Université, car nous avons cogné à plusieurs portes. La population régionale a vu qu’elle pouvait avoir confiance dans les formations que nous offrons et a développé le réflexe de penser à l’UQAR pour se former. L’UQAR joue aussi un rôle important pour la formation des travailleuses et des travailleurs grâce à la formation continue. Plusieurs employés des domaines hospitalier et bancaire plafonneraient s’il n’y avait pas des cours en formation continue pour leur permettre de progresser dans leur carrière. L’UQAR donne une couleur particulière aux régions desservies, ne serait-ce qu’avec les diplômées et les diplômés qui y travaillent.
U-I : Comment voyez-vous l’avenir de l’UQAR?
M.R. : Comme toujours, il faudra que l’UQAR ait le réflexe de transformer les menaces en opportunités. L’UQAR vient de vivre des années difficiles sur le plan financier. Compte tenu du contexte démographique, l’Université doit poursuivre ses efforts de recrutement. Il faut aussi continuer à bien appuyer les professeures et les professeurs pour que le développement se poursuive en recherche. C’est en se distinguant par son accessibilité, par l’encadrement offert aux étudiantes et aux étudiants, par le maintien d’une atmosphère où l’humain prime sur le matériel et par le dynamisme de ses équipes de recherche que l’UQAR demeurera l’université de référence en région.
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