La question des changements climatiques est omniprésente dans l’actualité. Chaque année, les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) réitèrent l’urgence d’agir rapidement pour limiter leurs impacts sur les générations futures. Dans sa recherche doctorale en éducation, Émilie Morin suggère une avenue novatrice pour répondre à cet appel pressant : développer, à l’école, le pouvoir agir des jeunes face aux changements climatiques.
Les jeunes devraient jouer un rôle prépondérant face à l’enjeu des changements climatiques parce qu’ils devront vivre longtemps avec les conséquences des décisions prises par les groupes plus âgés. Toutefois, comme le précise la chercheuse de l’UQAR, leur voix n’est que peu prise en compte. De plus, selon elle, l’éducation telle qu’elle se fait généralement dans les classes contribuerait à la diminution du sentiment de pouvoir agir des jeunes. Il apparaît également que le sentiment des jeunes face à un avenir incertain varie en fonction de dimensions du pouvoir agir qui ne sont pas clairement définies dans la littérature scientifique. Ce sont ces dimensions que l’étudiante au doctorat en éducation de l’UQAR décrit dans sa recherche financée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH).
« Les changements climatiques recèlent des défis immenses. Les causes humaines sont directement ancrées dans nos modes de vie. Malgré les avertissements de la communauté scientifique, les gouvernements tardent à s’y attaquer avec une détermination qui est à la hauteur du problème. De là l’importance de sensibiliser les jeunes du secondaire au pouvoir qu’ils ont de changer les choses », indique la chercheuse qui est dirigée par les professeures Geneviève Therriault, de l’UQAR, et Barbara Bader, de l’Université Laval.
Selon des chercheurs du domaine de l’éducation à l’environnement, une éducation au climat dite traditionnelle, qui serait uniquement basée sur des faits et qui ne prendrait pas en considération les aspects affectifs directement liés à la question environnementale, pourrait conduire au déni ou à un certain désespoir face aux enjeux environnementaux. Dans sa recherche doctorale, Émilie Morin tente de déterminer quelles seraient les conditions qui pourraient, au contraire, susciter l’engagement des jeunes à l’égard de l’environnement et des changements climatiques.
Ces pistes, qui seront définies dans la dernière année de sa thèse, s’appuient sur un cadre théorique qui s’inspire notamment de l’approche des capabilités. « Pour développer leur pouvoir d’agir, il faut valoriser la capacité d’agir des élèves en fonction de ce qu’ils valorisent – ce que l’on nomme leur agentivité – et que le cadre scolaire leur offre la possibilité de passer à l’action », précise Mme Morin.
La prise en compte des libertés d’agentivité et des libertés de bien-être des jeunes à l’école secondaire serait susceptible d’accroître leur sentiment de pouvoir agir. « Le fait d’intégrer des jeunes dans des projets environnementaux réels ou au sein de processus démocratiques peut contribuer à augmenter leur sentiment d’efficacité collective. Ils doivent sentir qu’ils peuvent changer les choses. Ce sentiment est important pour renforcer la notion d’agir ensemble », poursuit l’étudiante.
Pour la portion empirique de la thèse, des entretiens ont été réalisés auprès de 29 élèves de cinq écoles secondaires du Québec. Ces entretiens menés en triade ont permis de définir les conditions favorables au développement du pouvoir agir de ces jeunes à l’égard des changements climatiques, qui seront défendues à l’issue de la recherche.
Les résultats obtenus pourraient inspirer les formations initiale et continue des enseignantes et des enseignants ainsi que jeter des bases conceptuelles utiles pour le domaine de l’éducation au climat. Ils pourraient également suggérer des pistes d’action pertinentes à intégrer à d’éventuels programmes en éducation à l’environnement afin de préparer adéquatement les jeunes à faire face aux grands défis de demain. « L’école est un espace très propice pour préparer les jeunes citoyennes et citoyens à répondre adéquatement aux enjeux environnementaux. C’est en agissant tôt qu’il sera possible pour eux de développer les capacités nécessaires pour avoir un réel impact sur les changements climatiques », conclut Mme Morin.
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