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L’utilisation des microalgues marines comme probiotique naturel

L’augmentation de la résistance des bactéries pathogènes contre les antibiotiques n’est pas seulement une préoccupation en santé humaine, mais également en production animale incluant l’aquaculture. Le développement d’agents naturels ne favorisant pas le développement de la résistance des bactéries est de plus en plus nécessaire, et plusieurs travaux s’orientent vers le développement d’organismes ou molécules probiotiques.  En aquaculture, les stades de vie des organismes aquacoles les plus sensibles aux maladies bactériennes sont les stades larvaires. Ainsi, depuis quelques années de nombreux travaux s’orientent vers le potentiel des microalgues à agir comme probiotiques dans les systèmes de production larvaire appelé écloserie.

Diatomée bleueMon équipe du laboratoire d’aquaculture de l’ISMER travaille depuis quelques années sur une molécule particulière, le pigment des diatomées bleues. Ces espèces de diatomées ont la caractéristique d’accumuler ce pigment  sur les apex des cellules, puis de le relâcher. Ainsi, avec des procédés de concentration et purification, il est possible d’isoler facilement cette molécule. Dans le cadre de la thèse de maîtrise de François Turcotte à l’ISMER et du stage de l’étudiante au doctorat Ewa Gorecka (Université de Szczecin, Pologne), le pouvoir de protection du pigment contre une bactérie pathogène opportuniste causant des mortalités massives chez les larves d’huitres, de pétoncles, et de moules a pu être démontré. Cette protection n’est pas causée par le pouvoir antibactérien du pigment, car celui-ci ne tue pas les bactéries, mais agit sur les sites actifs des bactéries les rendant inoffensives.

Lors de la thèse de maîtrise de Jordan Latour sous la direction de Karine Lemarchand (microbiologiste à l’ISMER), l’impact de l’enrichissement de la diversité du microbiote des larves exposées au pigment a été démontré. De plus, la thèse de doctorat de Zeineb Bouhlel et la collaboration du laboratoire de résonnance magnétique nucléaire d’Isabelle Marcotte de l’UQAM ont permis de mettre en lumière le mécanisme d’action du pigment se liant à la membrane externe des bactéries. Cette interaction modifie la fluidité des membranes bactérienne, ce qui entraîne la perte de leur pathogénicité.

L’ensemble de ses travaux sur plus de 5 ans suggère que le pigment des diatomées bleues pourrait offrir un potentiel probiotique intéressant pour protéger les larves produites en écloseries contre les bactéries pathogènes.


Photo 1 : Production de microalgues à la station aquicole de Pointe-au-Père
Photo 2 : Diatomée bleue

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