En cette période de pandémie, la manière d’enseigner les notions sur les microorganismes et leur place dans les contenus d’apprentissages suscitent d’importantes réflexions éducatives, estime la professeure en didactique des sciences et technologie Catherine Simard. La chercheuse en sciences de l’éducation vient de publier un article dans le Journal of Biological Education où elle soulève cet enjeu qui touche particulièrement les niveaux d’enseignement primaire et secondaire.
Dans les classes, l’enseignement du vivant met surtout l’accent sur diverses espèces animales et végétales que nous côtoyons. De plus, dans le parcours scolaire des élèves, il est documenté que certaines de ces espèces seront intégrées à même la classe, comme un poisson, un insecte, un poussin ou une tortue rendant les apprentissages d’autant plus riches et concrets. Mais qu’en est-il de l’enseignement des microorganismes? Aborder ces notions est d’autant plus complexe, car ils sont microscopiques, invisibles à l’œil nu et donc, nous paraissent intangibles, voire inexistants.
Intitulé « Microorganism education: misconceptions and obstacles », l’article de la professeure Simard fait une recension des articles scientifique sur la conceptualisation des microorganismes chez les élèves. La chercheuse de l’UQAR y émet en outre des recommandations afin de repenser l’enseignement des microorganismes dans un contexte « post-COVID », et ce, de la fin du primaire jusqu’au secondaire.
« Dans le contexte pandémique que nous vivons tous, les élèves de tous âges sont exposés depuis des mois, tant dans la sphère personnelle et familiale que sociétale, notamment à l’école, aux conséquences du coronavirus. Qu’il s’agisse de l’aseptisation, du décompte des décès, de la (sur)information ou de l’arrivée des variants, leur vécu alimente de toutes sortes de façons leur compréhension des microorganismes. Depuis un an et dans les années à venir, cette expérience de vie personnelle et sociale est susceptible de développer une multitude de conceptions des microorganismes, erronée ou pas, ou encore, teintée de peur et de mythes », estime la professeure Simard.
Cette question interpelle la spécialiste en didactique des sciences et technologie de l’UQAR. Elle va d’ailleurs réaliser une recherche financée par le Fonds institutionnel de recherche (FIR) afin de répertorier et de caractériser les diverses conceptions des microorganismes chez les élèves de 6e année du primaire et de 3e et 5e du secondaire. La collecte de données s’amorcera prochainement dans diverses écoles de la région du Bas-Saint-Laurent.
« Après une année de pandémie, quelles sont ces multiples conceptions qui coexistent dans la pensée scientifique de nos jeunes? », lance la professeure Simard. « Cette étude sera l’occasion pour ces jeunes de s’exprimer sur leur compréhension scientifique de ce monde invisible qui, actuellement, a un lourd impact sur leur propre vie. »
La professeure en sciences de l’éducation souhaite, à moyen terme, développer des situations d’enseignement en science, sous l’univers du vivant, en fonction des conceptions répertoriées chez nos jeunes, et ce, tout en tenant compte de leur « vécu pandémique ». À long terme, la chercheuse souhaite être en mesure d’affiner l’instrument de mesure et de prolonger la collecte de données sur quelques années dites post-pandémiques afin d’évaluer les modifications ou la persistance de certaines conceptions des microorganismes chez les jeunes dans le temps.
La période post-COVID sera charnière pour la réhabilitation de la conceptualisation des microorganismes, croit la professeure Simard. « Il est important de nous intéresser dès maintenant et collectivement à un enseignement en science efficace et appuyé par la recherche, relatif aux microorganismes, de façon à soutenir une meilleure compréhension de ce groupe de vivants invisibles pour notre œil, mais pourtant si impliqués dans les enjeux actuels et associé à ceux à venir. Un enseignement éclairé sera fondamental afin d’éviter la cristallisation d’un modèle conceptuel unique, voire que négatif, chez les jeunes générations », conclut-elle.
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