Depuis le début des années 1980, on observe une décroissance de la motricité globale des enfants de niveau préscolaire. Un constat qui est à la base du projet de doctorat en éducation de Naomie Fournier Dubé. L’étudiante de l’UQAR entend élaborer un outil d’évaluation à l’attention du personnel enseignant afin de renverser la vapeur.
L’Organisation mondiale de la santé a observé, au cours des 40 dernières années, que la condition physique des enfants connaît une décroissance. Au Canada, on estimait en 2017 que 30 % des jeunes de 2 à 17 ans étaient en surpoids ou obèses. « Cette condition a des impacts considérables sur la santé physique, comme l’augmentation de l’obésité, mais aussi sur l’augmentation des coûts en santé. Or, il est possible de contrer les répercussions négatives si on agit tout au long de la petite enfance. En ce sens, la motricité globale constitue l’une des sept composantes du développement moteur qui est associée à la pratique d’activités physiques », explique Mme Fournier Dubé.
Dirigée par le professeur en sciences de l’éducation Sylvain Letscher et codirigée par la professeure en mesure et évaluation Marie-Hélène Hébert, à l’Université TÉLUQ, la chercheuse de l’UQAR estime que le milieu de l’éducation peut jouer un rôle accru pour améliorer la motricité globale des enfants. « Bien que les parents soient les premiers responsables, le milieu éducatif peut aussi limiter les risques que les citoyens de demain héritent d’une santé globale déficiente. La pédagogie ludique leur permet de développer la motricité globale des enfants, mais également de l’observer, puis ultimement de l’évaluer. Dès lors, le personnel enseignant dispose d’une autonomie pédagogique quant à l’interprétation, puis l’opérationnalisation des différentes balises ministérielles. Néanmoins, l’analyse des documents mis à sa disposition permet de constater qu’il n’est que peu étoffé afin de les accompagner dans cette tâche. »
C’est cette lacune que Mme Fournier Dubé souhaite corriger dans le cadre de son doctorat en éducation. « À ma connaissance, aucun outil d’évaluation de la motricité globale n’a été élaboré puis validé pour les enseignantes et les enseignants de l’éducation préscolaire 5 ans en contexte québécois. C’est précisément à ce manque, à la fois scientifique et pratique, que je m’intéresse. Mon objectif est d’élaborer un outil qui permettra de répondre à cette question : quelles sont les qualités métrologiques de l’outil d’évaluation de la motricité globale des enfants, élaboré pour les enseignantes de l’éducation préscolaire 5 ans, en contexte québécois? »
Originaire de Rimouski, Naomie Fournier Dubé a entrepris son doctorat en éducation en 2019. Auparavant, elle a obtenu un baccalauréat en enseignement de l’éducation physique et à la santé de l’Université du Québec à Trois-Rivières et une maîtrise en éducation à l’UQAR. Au fil de ses études universitaires, elle a développé un grand intérêt pour la recherche. « La contribution scientifique de mon projet de recherche doctoral permettra d’approfondir les connaissances sur les thèmes de l’évaluation, de la motricité globale et de l’éducation préscolaire, des thèmes qui sont très peu explorés conjointement. Le développement d’un nouvel outil d’évaluation favorisera le déploiement d’une programmation scientifique à plus long terme portant sur l’évaluation. Ce projet servira également de balises pour quiconque s’intéresse au développement et à la validation d’un outil. Dans le monde scolaire, cet outil d’évaluation participe, en tout, au jugement du développement de la motricité globale des enfants avec justesse, dans le but de cibler les forces et les défis, puis en partie, à l’évaluation de la compétence Accroître son développement physique et moteur. »
Le projet de recherche de Mme Fournier Dubé a retenu l’attention du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC). Elle a d’ailleurs mérité une bourse de 70 000 $ pour lui permettre de poursuivre ses travaux au cours des trois prochaines années et demie. « Il s’agit d’un coup de pouce vraiment apprécié et qui montre qu’il se fait de la recherche de qualité en région. Ultimement, l’outil que je développe permettra de dresser un portrait global quant aux forces et aux défis ciblés chez les enfants, mais aussi d’émettre des rétroactions et de poser des interventions spécifiques concrètes pour soutenir le développement des enfants et l’autorégulation de leurs apprentissages. »
Sur le plan professionnel, Naomie Fournier Dubé compte poursuivre sa carrière dans le monde universitaire. Elle est d’ailleurs chargée de cours en sciences de l’éducation à l’UQAR. « L’enseignement dans le contexte universitaire me passionne et me permet de partager les résultats de recherches. Ma thèse pourra être réinvestie dans ma carrière professorale. Je souhaite effectuer d’autres projets selon un devis quantitatif, mixte ou qualitatif auprès des enfants, d’élèves, d’étudiantes et d’étudiants ainsi que d’enseignantes et d’enseignants. Concrètement, je propose de m’appuyer sur l’expertise développée grâce à ma thèse, afin de conduire des projets liés à différents ordres d’enseignement », conclut-elle.
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