Nataly Viens Python a un parcours qui sort de l’ordinaire. Diplômée au baccalauréat en sciences infirmières, elle fait carrière en Suisse depuis bientôt 30 ans. Tour à tour infirmière, enseignante et chercheuse, elle est aujourd’hui la directrice de la Haute école de santé Fribourg. Portrait de la 20e lauréate du Prix d’excellence des diplômées et des diplômés de l’UQAR.
Elle se destinait à devenir médecin. Or, une colocataire du Cégep de La Pocatière qui étudiait en technique de soins infirmiers l’a fait changer d’avis. « En discutant avec elle, je me suis rendu compte que ce qu’elle apprenait dans ses cours était ce que j’aimais dans le domaine de la santé. Je me suis dit : ce n’est pas de poser un diagnostic qui m’intéresse, c’est d’accompagner le patient dans ses problèmes de santé, de comprendre la maladie et d’être là au quotidien avec les gens. Je n’avais jamais pensé à être infirmière avant cette découverte des contenus de cours en soins infirmiers », mentionne Mme Viens Python. Bifurquant des sciences pures vers une technique en soins infirmiers, l’étudiante collégiale a alors trouvé sa voie professionnelle.
C’est en 1987 que Mme Viens Python a posé ses valises en Suisse pour la première fois. Une collègue travaillant à l’Hôpital Monney, à Châtel Saint-Denis, lui avait alors proposé de la remplacer. Très vite, « la Québécoise » s’est fait remarquer par son intérêt pour le développement des soins et elle s’est engagée comme infirmière lors de l’ouverture de la première unité extrahospitalière de soins palliatifs, la Fondation Rive-Neuve, à Villeneuve. Son expérience sur le terrain l’a incitée à vouloir poursuivre ses études à l’université. « Il me manquait des bases. J’avais besoin d’étudier davantage, d’approfondir mes connaissances et de faire de la recherche. Je connaissais l’UQAR et c’était le style d’université où j’avais envie d’étudier. » En plus de ses études, elle retournait en Suisse l’été pour travailler à la Fondation Rive-Neuve.
Sa formation en sciences infirmières a marqué professionnellement la diplômée de l’UQAR. « J’ai développé le réflexe de me dire : est-ce que les décisions que je prends sont les meilleures? Sur quelles bases je les fonde ? Ai-je des données probantes qui appuient mes décisions ? À l’UQAR, j’ai appris à avoir un équilibre entre le doute qu’il faut avoir et la certitude de mes décisions », explique Mme Viens Python, qui souligne au passage la « taille humaine » de l’Université. « Il n’y a pas de grands groupes, on peut faire connaissance avec les professeures et les professeurs et ils sont là pour nous. On n’est pas un numéro, on est une personne qui s’intéresse à la profession et qui a envie de se développer. » Deux professeures l’ont particulièrement marquée, soit feu Ginette Pagé et Hélène Sylvain.
Ayant obtenu son baccalauréat en 1992, l’infirmière originaire d’Amqui est retournée en Suisse – où elle a toujours maintenu un lien d’emploi – pour poursuivre sa carrière. Une carrière qui l’a amenée à occuper plusieurs fonctions dans le domaine de la santé, notamment comme enseignante, responsable de programmes de formation, responsable de programmes de prévention de la maltraitance chez les personnes âgées et chez les adultes, chercheuse, doyenne de la recherche et professeure associée en sciences infirmières à l’UQAR. En parallèle, elle a suivi plusieurs formations de pointe, dont une maîtrise en ingénierie des systèmes humains de la Haute École d’Ingénierie et de Gestion du canton de Vaud.
Depuis 2017, Mme Viens Python est la directrice de la Haute école de santé Fribourg. Un établissement qui accueille plus de 800 étudiantes et étudiants en sciences de la santé (soins infirmiers et ostéopathie). « Mon parcours me permet d’avoir une vue macroscopique de l’ensemble des champs d’activité que peuvent avoir les soins infirmiers. Quand je suis arrivée ici comme directrice, j’ai dit à mes collègues : je veux être le chasse-neige qui fait avancer les projets de l’École et, en même temps, le parapluie qui protège son équipe pour qu’on avance ensemble avec cohérence. »
Lorsqu’elle pose un regard sur la place qu’occupent les infirmières et les infirmiers dans les réseaux de la santé, Mme Viens Python prône une meilleure reconnaissance de leurs compétences. « Nos compétences sont sous-utilisées. Notre formation nous permet de penser à ce qui est nécessaire, à penser comment l’expliquer et comment le mettre en œuvre. Nous avons une vision globale. Le système de santé est en souffrance et nécessite des changements de fond qui impliquent de mobiliser les compétences infirmières à bon escient, notamment avec le suivi des maladies chroniques. On voit encore trop l’infirmière dans les hôpitaux ou auprès des personnes âgées, alors que nous avons aussi une réelle capacité d’organisation du système de santé et un potentiel de prestation à déployer. »
Soulignant le parcours exceptionnel et l’implication de ses récipiendaires dans le développement de leur communauté, le Prix d’excellence des diplômées et des diplômés a été remis à Nataly Viens Python en décembre dernier. Elle en est la 20e lauréate et la première en sciences infirmières dans l’histoire de l’UQAR. « C’est un honneur et une fierté. Je ne m’y attendais pas du tout. C’est un énorme booster! Cela me donne envie de continuer, de faire encore mieux pour développer les sciences infirmières et d’avoir des liens plus actifs avec l’UQAR », conclut-elle.
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