La transition scolaire est une étape importante pour les enfants et leurs parents. Elle est souvent considérée comme le défi d’adaptation le plus important que vivent les enfants. Une recherche menée par la professeure Martine Poirier permettra d’identifier les facteurs qui expliquent le mieux l’adaptation des enfants vulnérables sur le plan émotionnel et comportemental pendant la transition et à établir le rôle des facteurs scolaires pour soutenir leur adaptation.
La transition au préscolaire représente un stress majeur pour les enfants et peut contribuer au développement simultané des difficultés émotionnelles et comportementales. La qualité du soutien offert par les parents et les enseignants dans ce contexte pourrait aussi contribuer au développement de cette cooccurrence ou la limiter, influençant ainsi le succès de la transition. Le projet de recherche dirigé par la professeure Poirier vise à mieux comprendre les mécanismes qui contribuent à l’augmentation ou à l’atténuation des difficultés lors de la transition. Les connaissances découlant de ce projet permettront de mieux outiller les intervenants qui œuvrent auprès des enfants pendant cette période cruciale. Près de 700 enfants de cinq régions du Québec (Bas-Saint-Laurent, Estrie, Laval, Montérégie, Montréal) recrutés avant leur entrée à la maternelle au cours des trois prochaines années pour ce projet.
« Nous savons que de 25 à 40 % des enfants entrent à l’école avec des vulnérabilités sociales et affectives qui peuvent mener aux difficultés émotionnelles et comportementales. Il est donc essentiel de débuter l’étude du développement de ces difficultés dès l’âge préscolaire. Si plusieurs travaux ont été menés sur cette question, ainsi que sur l’effet des vulnérabilités cognitives et langagières sur l’adaptation à l’école, les connaissances sont encore très parcellaires pour comprendre, chez les garçons et les filles, les mécanismes expliquant le développement des difficultés émotionnelles et comportementales avant l’entrée à l’école et l’adaptation scolaire et sociale des enfants qui présentent ces difficultés. », explique la professeure Martine Poirier.
L’étude, qui a reçu un financement de près de 300 000 $ du programme « Subventions Savoir » du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), sera menée avec une équipe formée de Martine Poirier, (Université du Québec à Rimouski), Caroline E. Temcheff (Université McGill), Marie-Josée Letarte (Université de Sherbrooke) et de Marie-Claude Geoffroy (Université McGill). Plusieurs centres de la petite enfance des cinq régions du Québec sont partenaires du projet et contribueront à identifier les enfants qui participeront à l’étude,
Les enfants qui présentent des vulnérabilités sociales et affectives entrent souvent à l’école avec un niveau de préparation scolaire inférieur à celui des autres enfants poursuit la professeure Poirier. « La préparation scolaire, définie par les caractéristiques cognitives, langagières, motrices et socio-affectives nécessaires aux enfants pour s’adapter à l’école, détermine, en interaction avec les facteurs de l’environnement, les chances qu’un enfant bénéficie pleinement des possibilités de développement et d’apprentissage qu’offre le milieu scolaire ». Les enfants qui présentent des vulnérabilités sociales et affectives sont ainsi à haut risque de difficultés scolaires et sociales qui persisteront tout au long de leur cheminement. « Afin de prévenir ces conséquences, il est important de comprendre les mécanismes sous-jacents au développement de la cooccurrence des difficultés émotionnelles et comportementales dès l’âge préscolaire en fonction du sexe. L’école étant le principal endroit où les enfants obtiennent de l’aide pour ces difficultés, identifier les facteurs scolaires susceptibles d’agir comme facteurs de risque ou de protection lorsqu’en interaction avec les vulnérabilités des élèves est important pour aider les milieux scolaires à définir et cibler les actions préventives. »
Les résultats de l’études seront particulièrement importants pour les acteurs des milieux préscolaires, scolaires et communautaires. « Le projet de recherche se démarque des études antérieures par l’intégration des variables scolaires aux mécanismes possibles de la cooccurrence des difficultés émotionnelles et comportementales en tant que facteurs précipitants ou de protection, ce qui augmente les possibilités de retombées pratiques pour les milieux scolaires. Le projet Transition fournira à nos partenaires des connaissances pour dépister rapidement les enfants vulnérables et mettre en place des interventions différenciées, adaptées aux besoins des filles et des garçons », précise la professeure en sciences de l’éducation.
Le projet de recherche se déroule entre l’hiver 2022 et l’hiver 2026. Il permettra d’identifier, chez les enfants vulnérables au développement des difficultés émotionnelles et comportementales, le(s) modèle(s) qui expliquent le mieux le développement de la cooccurrence de ces difficultés durant la transition à l’école. Il permettra aussi de déterminer le rôle modérateur des facteurs scolaires sur les relations observées dans les modèles en tenant compte des caractéristiques familiales des enfants.
Les différences associées au sexe des élèves seront évaluées dans le cadre du projet, conclut la professeure Poirier. « À terme, le projet Transition fournira une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents au développement de la cooccurrence des difficultés émotionnelles et comportementales dès l’âge préscolaire en fonction du sexe, ainsi que des facteurs pouvant influencer son évolution. Il fournira des informations sur les facteurs scolaires à cibler dans l’intervention pour favoriser l’adaptation des enfants vulnérables à cette cooccurrence en tenant compte des services éducatifs disponibles dans les régions du Québec qui participent au projet. »
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