Albert Einstein aurait dit un jour : « Dure époque que celle où il est plus simple de désagréger un atome qu’un préjugé. » Cette citation, qui illustre bien la puissance des préjugés, se retrouve dans le plus récent avis du Centre d’étude sur la pauvreté et l’exclusion (CÉPE) auquel le professeur en travail social au campus de Lévis de l’UQAR, Jean-Yves Desgagnés, également membre du comité de direction du Centre, a récemment contribué. On peut y lire que le changement est possible, lorsque les opinions se modifient et que des préjugés tombent.
Intitulé Les préjugés : un obstacle majeur à la lutte contre la pauvreté, « il s’agit d’une publication bien appuyée scientifiquement reconnaissant que les personnes en situation de pauvreté sont victimes de préjugés; que ceux-ci sont un obstacle à la lutte à la pauvreté, et que nous devons tous et toutes nous attaquer à déconstruire ceux-ci pour être plus efficace dans les solutions permettant de l’éliminer », explique le professeur Jean-Yves Desgagnés.
M. Desgagnés s’intéresse depuis plusieurs années à cet enjeu des préjugés qu’il a constaté pendant ses 25 ans d’engagement et de pratique dans la défense des droits des personnes assistées sociales. « Je suis très content du travail réalisé par le comité de direction et des professionnels avec qui on a travaillé ». Selon lui, cet avis a le mérite de bien définir de ce qu’on entend par préjugé, d’en documenter les sources et les conséquences pour celles qui en sont la cible. « C’est une grande avancée, une contribution scientifique importante pour faire reconnaître que c’est un problème social, que les préjugés envers les citoyens et les citoyennes en situation de pauvreté s’infiltrent un peu partout dans nos esprits, dans nos institutions, dans notre filet de protection sociale, dans nos interventions, dans nos rapports sociaux et qu’on doit collectivement en prendre conscience et s’y attaquer », indique-t-il.
Cet avis pose d’ailleurs des bases pour la construction éventuelle d’indicateurs, lesquels s’ajouteront aux autres indicateurs suivis par le CÉPE afin de mesurer la présence des préjugés, en suivre l’évolution ainsi que les progrès réalisés dans le cadre de la Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Des projets de recherche découleront également de cet avis afin d’analyser les politiques publiques québécoises en vigueur et d’y déceler ou non la présence éventuelle de représentations révélatrices de préjugés envers les personnes en situation de pauvreté.
Selon l’avis, « les attitudes des Québécoises et des Québécois à l’égard des problèmes de santé mentale, de la diversité sexuelle ou de genre ainsi qu’à l’égard des Premières Nations ont positivement évolué. Plus récemment, le mouvement Black Lives Matter a suscité des prises de conscience au sein de la collectivité ». Pour le professeur Desgagnés, ces exemples d’évolution des attitudes démontrent qu’il y est possible de faire évoluer nos mentalités. Il invite donc les chercheurs et les chercheuses, les intervenants et les intervenantes ainsi que les membres de la communauté étudiante préoccupées de faire avancer la lutte à la pauvreté à s’approprier et à faire connaitre cet avis.
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