Une équipe en développement régional a récemment publié les résultats d’un projet de recherche montrant les disparités en matière de transport et de distribution des aliments au Bas-Saint-Laurent. Une étude menée pour la Table intersectorielle régionale en saines habitudes de vie de COSMOSS (Communauté ouverte et solidaire pour un monde outillé, scolarisé et en santé).
En tout, 313 entreprises et organismes œuvrant dans le secteur de l’alimentation au Bas-Saint-Laurent ont participé à la recherche, notamment des producteurs, des transformateurs, des distributeurs, des détaillants, des marchés publics et des organismes spécialisés dans la récupération alimentaire. L’équipe de recherche a été dirigée par le professeur Mario Handfield et était formée du professeur en développement régional Nicolas Devaux et des étudiantes à la maîtrise en développement régional et territorial Dominique Laberge et Ariane Lebel.
Le quart des municipalités du Bas-Saint-Laurent, soit une trentaine, ne compte pas de détaillant alimentaire. « Il y a 22 municipalités qui sont en situation critique : aucun producteur, transformateur ou distributeur n’y effectuent de livraison. Par ailleurs, 55 municipalités sont considérées comme étant fragiles, puisque seulement un à cinq producteurs, transformateurs ou distributeurs y livrent ses aliments », indique le professeur Handfield. Ces municipalités sont toutes éloignées des centres urbains de la région.
Plus du quart des producteurs et des transformateurs ayant pris part à l’étude indiquent avoir des difficultés en lien avec l’entreposage, le transport ou encore la distribution de leurs produits. En outre, environ le quart des distributeurs sondés ont mentionné ne pas distribuer de produits provenant du Bas-Saint-Laurent.
L’équipe de recherche s’est intéressée aux organismes de récupération alimentaire et aux enjeux qui les préoccupent. « La grande majorité dispose d’un espace d’entreposage insuffisant et pour certains, c’est le manque d’espace réfrigéré et congelé qui est le plus criant ou encore le manque d’installation adaptée à certains types de denrées. Cela se traduit par des denrées qui doivent être refusées faute de place pour les entreposer », explique le professeur Handfield.
Pistes de solution
La recherche réalisée par l’équipe de développement régional a ciblé des pistes de solution pour améliorer l’accès à une saine alimentation des personnes vivant dans des communautés défavorisées ou isolées sur le plan géographique. Parmi celles-ci, mentionnons la mise sur pied d’entrepôts collectifs en différents points de convergence territoriale, la création d’une flotte régionale de véhicules dotés d’espaces de réfrigération et de congélation et la sensibilisation des entreprises de distribution à l’importance de livrer des produits alimentaires provenant du Bas-Saint-Laurent.
« Il y a un problème majeur auquel il faudrait s’attaquer, c’est le maillage entre les détaillants et les producteurs locaux. Environ le tiers des détaillants disent qu’ils ne connaissent pas suffisamment l’offre de produits locaux et régionaux. Or, il est important de multiplier les liens d’affaires entre les nombreuses entreprises alimentaires et les institutions et organismes de tous les milieux pour favoriser l’essor des entreprises rurales et rendre disponible les aliments locaux encore davantage », souligne le professeur Handfield.
La mise sur pied d’un système de récupération des denrées invendues figure aussi parmi les mesures identifiées par l’équipe de recherche de l’UQAR. « L’étude montre clairement que chacune des municipalités du territoire bas-laurentien est inégalement desservie en aliments, par le nombre de producteurs, transformateurs et distributeurs qui se déplacent pour y livrer des aliments et par la fréquence de leurs livraisons dans chacune », concluent les autrices et les auteurs de la recherche. « La disparition d’un nombre importants de commerces alimentaires dans plusieurs villages au cours des vingt dernières années, même si dans certains milieux on observe des reprises voire des démarrages d’entreprises de détail alimentaire, doit préoccuper les décideurs et les organismes de développement à les renforcer et à développer des modèles alternatifs ou des initiatives innovantes donnant l’envie aux uns de vendre leurs produits dans les milieux locaux et aux habitants d’acheter localement leurs aliments. » On peut prendre connaissance de l’étude complète en la téléchargeant ici.
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